Les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon en garde à vue
Le cinéaste Benoît Jacquot fait l’objet de plaintes pour viols sur mineure.
En février 2024, Judith Godrèche déposait deux plaintes pour viols sur mineure à l’encontre des réalisateurs français Benoît Jacquot, qui l’a révélée à 14 ans dans La Désenchantée, et Jacques Doillon, qui l’a dirigée dans La Fille de 15 ans. Les deux cinéastes réfutent ces accusations mais d’autres actrices ont, entre-temps, porté plainte à leur encontre. Là où Judith Godrèche dénonçait, entre autres, une relation « d’emprise et de perversion » dans le chef de Benoît Jacquot, Julia Roy, engagée dans quatre de ses films entre 2016 et 2021, ajoute des accusations d’agression sexuelle dans « un contexte de violences et de contrainte morale ».
Isild Le Besco a aussi témoigné de violences psychologiques ou physiques de la part de Benoît Jacquot. Les faits se seraient produits entre 1998 et 2007. Nommée au César du meilleur espoir féminin pour Sade, l’actrice a porté plainte pour viols sur mineure de plus de 15 ans. Quant à Vahina Giocante, elle se souvient avoir été contrainte sur le tournage de Pas de scandale d’avoir dû retirer sa culotte le temps d’une scène, « alors que cela n’avait aucun sens scénaristique ». Le réalisateur lui aurait demandé d’être « gentille », formulant la promesse d’un rôle dans un de ses films à venir si elle acceptait de coucher avec lui, ce qu’elle a refusé.
De son côté, Jacques Doillon est également visé par une plainte d’Anna Mouglalis. L’actrice d’Un enfant de toi l’accuse d’avoir voulu l’embrasser de force dans les coulisses du tournage : « C’était dans la cage d’escalier et je l’ai repoussé. C’est sidérant de tenter un truc pareil, dans ces conditions-là. Il y a un tel sentiment d’impunité, une telle réification. » L’actrice Isild Le Besco assure par ailleurs que lors de la préparation du film Carrément à l’ouest, Jacques Doillon l’a retirée du projet parce qu’elle a « refusé de coucher avec lui ».
« Je ne sais pas si j’ai la force, mais je l’aurai »
Selon l’Agence France Presse, les gardes à vue de Jacques Doillon et Benoît Jacquot devraient permettre de confronter les cinéastes à leurs accusatrices. A l’idée de revivre des moments douloureux face aux deux réalisateurs, Judith Godrèche a déclaré sur son compte Instagram : « Je pleure. Mes yeux ne sont plus des yeux. De tout ça. De tout ça. De tout ça. Je ne sais pas si j’ai la force, mais je l’aurai. Je l’aurai, je l’aurai la force. »
Les deux cinéastes nient en bloc l’ensemble des accusations. Marie Dosé, l’avocate de Jacques Doillon, estime que la mise en garde à vue de son client de 80 ans n’a pas de sens, 36 ans après les faits « dénoncés ». Elle a précisé dans un communiqué que le réalisateur « aurait dû être entendu dans le cadre d’une audition libre au vu de la prescription des faits acquise depuis plus de deux décennies et de l’inéluctable classement sans suite qui clôturera cette enquête ». De la même manière, Julia Minkowski, l’avocate de Benoît Jacquot, âgé lui de 77 ans, dénonce une garde à vue « critiquable » auprès de l’Agence France Presse. Elle déplore « les dysfonctionnements de la justice, à la faveur d’une ultramédiatisation qui emporte des dérives inadmissibles ».