Maxime Janvier, éliminé au premier tour à Wimbledon : « Aujourd'hui, je n'ai pas gagné d'argent »

Maxime Janvier lundi à Wimbledon. (P. Lahalle/L'Équipe)

Avec sa franchise habituelle, Maxime Janvier, issu des qualifications, est revenu sur son Wimbledon, achevé ce lundi au premier tour du tableau principal face à Zhizhen Zhang (7-6, 7-5, 6-2).

«Â Qu'est-ce qui ressort de votre match perdu contre Zhizhen Zhang (7-6, 6-3, 6-2), lundi au premier tour de Wimbledon ?

Pas grand-chose. Aujourd'hui (lundi), je n'ai pas gagné d'argent. Ça, c'est un peu la déception pour moi. J'ai fait mon maximum, il a été un tout petit peu meilleur que moi. On a un peu un jeu similaire. Je vois ce que je dois travailler pour essayer de gagner un peu plus d'argent que ça. Mais ça ne me fait plus grand-chose. On n'est pas traité de la même manière ici qu'en qualifs. Ça, je n'arriverai jamais à comprendre. Je ne peux pas changer le système. C'est toujours plus agréable d'être mieux traité, même si j'ai appris qu'on avait deux vestiaires différents, un pour les têtes de série, un pour les autres. Encore une fois, je ne sais pas pourquoi. Je découvre des choses. Ici, on joue dans une sorte de musée, avec de l'histoire.

Aucune émotion en franchissant ces grilles ? C'est très différent de Roehampton, le site des qualifications...

Oui, mais ça m'a dégoûté, il y a trop d'écart. Et moi je suis lucide. Là, je vais revenir dans les Challengers. Si je veux revenir ici, je dois gagner plein, plein de matches. On voit Mark Lajal qui accroche Alcaraz (l'Estonien a finalement perdu 7-6, 7-5, 6-2). Il y en a un qui a 15 millions sur son compte en banque, l'autre a gagné 20 000 euros cette année. Sauf qu'il n'y a pas 6-1, 6-0, 6-1. C'est ça que je ne comprends pas. Il y a énormément de différences. Est-ce que c'est moi qui suis différent ? Je ne sais pas, mais ce n'est pas normal. Donc pas trop d'émotion. J'ai fait mon match dans de bonnes conditions, voilà.

Des bonnes conditions, malgré les juges de ligne qui vous gênaient au retour, au point de faire appel au superviseur ?

Alors ça c'est énorme aussi ! J'aurais bien voulu voir Nadal jouer Isner ou Raonic sur ces courts-là où il ne peut pas se mettre à 15 mètres. Ou Medvedev qui est 45 mètres derrière sa ligne. Je n'y peux rien, c'est pour ne pas leur faire de mal. Je ne suis pas le méchant dans l'histoire, je ne voulais pas les frapper, mais ils me gênaient. Le mec sert à 220 km/h. Déjà que c'est dur de retourner la balle... Je voulais juste qu'ils se décalent, mais ils étaient têtus. À Roehampton, il n'y avait pas de souci. Pourtant, j'ai joué un mec (le Français Giovanni Mpetshi Perricard) qui servait encore plus fort. C'est à moi de m'adapter aussi à certaines choses, j'ai compris que je ne pouvais rien faire. J'essaie de dépenser moins d'énergie sur des choses négatives.

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Vous êtes franc du collier. Vous considérez-vous comme un rebelle ?

Je ne sais pas pourquoi je serais un rebelle. On m'a dit que j'étais "brut de décoffrage", je ne comprends pas trop ça. Je dis juste les choses. Je n'ai pas de timidité, je dis peut-être juste ce que tout le monde pense tout bas. Dans ce monde, il y a beaucoup d'hypocrisie en général. Je resterai toujours comme je suis.

Vous allez désormais reprendre votre quotidien sur le circuit secondaire...

Le quotidien, c'est la Roumanie pour moi. Le prize money sera un peu moindre, il faudra essayer de se motiver. Les Challengers, il n'y a pas d'argent. Mon objectif, c'est de faire ces tournois pour accéder aux qualifs des Grands Chelems, essayer de gagner des matches pour faire un peu d'argent. Quand je n'arriverai plus à faire ça, je dirai au revoir sans regret. Et je dirai aux jeunes : "bonne chance à vous".

Sur le court, vous ne dites pas "allez" ou "come on" pour vous encourager, mais "la thune", pourquoi ?

Oui, mais c'est vrai qu'en France on ne peut pas parler de ça. C'est ma motivation actuelle pour le tennis. Je ne sais pas comment on peut faire pour mieux nous respecter. Je le répète, Lajal est 270e mondial (262e exactement), il ne prend pas 6-0, 6-0. Les gens aimeraient nous regarder plus, je pense. Je ne sais pas pourquoi on nous traite comme ça. Pourquoi je suis sur l'argent ? Parce que c'est ce qui reste. Lajal, s'il bat Alcaraz, il n'aura pris que 45 points. Il va falloir qu'il regagne beaucoup. Il n'y a aucune stabilité. Le système est très dur. Je suis fataliste. Il y a des règles qu'il faut accepter malheureusement. Je les accepte, mais on ne me changera pas non plus. Avant, on essayait de me brider. Je ne veux plus ça. À la fin, on meurt tous, on finit tous sous terre, on n'a qu'une vie. »

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