Sous pression: comment les cousins des méduses se sont adaptés à la vie tout au fond de l'océan

Certains animaux se sont parfaitement adaptés à la pression des profondeurs, grâces à leurs lipides.

Dans une nouvelle étude, des scientifiques se sont concentrés sur un cousin de la méduse, afin de comprendre comment ces animaux pouvaient survivre à la forte pression des profondeurs.

On le sait, les profondeurs de l'océan ne sont pas les lieux les plus hospitaliers. Les animaux qui y vivent ont dû s'adapter à l'absence de lumière, à des températures glaciales, sans compter la pression écrasante de l'eau. C'est précisément sur ce dernier point que se sont concentrés des chercheurs américains, en étudiant le cas des cténophores, des cousins de la méduse, qui peuvent vivre à des milliers de mètres de profondeur.

Comme ils le révèlent dans une nouvelle étude parue dans la revue Science, ces animaux possèdent des structures lipidiques uniques, qui leur permettent de vivre sous une pression intense. Pour rappel, les lipides sont des molécules qui constituent la matière grasse des êtres vivants.

L'importance des lipides dans les cellules

Comme l'explique l'étude, les organismes vivants complexes possèdent différents types de lipides dans leurs membranes cellulaires, permettant aux cellules de fonctionner correctement. Les humains, par exemple, en possèdent des milliers - les lipides du cœur étant différents de ceux des poumons, de ceux de la peau etc. Ces lipides revêtent aussi des formes différentes, certains pouvant être cylindriques, et d'autres en forme de cônes.

"Il s'avère que les cténophores ont développé des structures lipidiques uniques pour compenser la pression intense, distinctes de celles qui compensent le froid intense, à tel point que la pression est en réalité ce qui maintient leurs membranes cellulaires ensemble", a déclaré Itay Budin, professeur adjoint de chimie et de biochimie à l'Université de Californie à San Diego, et co-auteur de l'étude.

Les chercheurs se sont rendu compte que la forme des lipides de ces animaux avait évolué vers des cônes exagérés, parfaitement adaptée à leur habitat dans les abysses. "La pression de l’océan neutralise cette exagération, de sorte que la forme des lipides est normale, mais uniquement à ces pressions extrêmes. Lorsque les cténophores des grands fonds remontent à la surface, la forme exagérée du cône revient, les membranes se brisent et les animaux se désintègrent", souligne l'étude.

Une avancée pour comprendre les maladies humaines ?

Autre point intéressant, ces lipides en forme de cône exagéré sont des phospholipides, appelés plasmalogènes. Or ceux-ci sont présents en grand nombre dans le cerveau humain, et leur diminution accompagne souvent un déclin des fonctions cérébrales, voire l'apparition de maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer. Leur étude est donc particulièrement intéressante pour les scientifiques et les chercheurs en médecine.

"L'une des raisons pour lesquelles nous avons choisi d'étudier les cténophores est que leur métabolisme lipidique est similaire à celui des humains. Et même si je n'ai pas été surpris de trouver des plasmalogènes, j'ai été choqué de constater qu'ils représentent jusqu'aux trois quarts du nombre de lipides d'un cténophore des grands fonds", a révélé Itay Budin.

Avant de conclure : "Je pense que la recherche montre que les plasmalogènes ont des propriétés biophysiques vraiment uniques. Alors maintenant, la question est de savoir dans quelle mesure ces propriétés sont importantes pour le fonctionnement de nos propres cellules. Je pense que c'est un message à retenir".