Bruno Le Maire «circonspect» face à la suspension de la réforme de l’assurance chômage
«Je ne vais pas changer de conviction en l’espace de 24 heures parce qu’il faudrait que j’arrive àconvaincre untel ou untel» a affirmé Bruno Le Maire, le 1er juillet 2024.
Il est «circonspect», Bruno Le Maire. Circonspect face à la décision du Premier ministre, Gabriel Attal, de suspendre la réforme de l’assurance chômage qui devait être entérinée par un décret ce lundi 1er juillet. Ce matin sur France Inter, le ministre de l’Economie a critiqué «les gages que l’on peut donner, les positions de circonstances, les accommodements, les calculs» qui ont conduit, comprend-on à travers son propos, Matignon à lâcher ce projet qui unit contre lui les deux grandes forces issues du premier tour des élections législatives, à savoir le RN et le Nouveau Front populaire (NFP). Et de répéter, comme il le fait depuis des mois, qu’«à modèle social constant, on ne peut pas arriver au plein-emploi», en ajoutant : «Je ne vais pas changer de conviction en l’espace de 24 heures parce qu’il faudrait que j’arrive à convaincre untel ou untel».
Pour l’heure, la décision de suspendre ce nouveau tour de vis – peut-être le plus dur en cinq ans de réformes du régime d’assurance chômage – est en tout cas saluée à la fois par le RN et le Parti socialiste. «J’en suis très heureux, c’est une victoire pour le peuple français», a réagi ce lundi matin sur franceinfo Jean-Philippe Tanguy, du bureau national du RN. Présent sur le plateau au même moment, Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, s’est quant à lui dit «sensible au fait qu’il [Gabriel Attal] ait entendu que les Français étaient violemment opposés à cette réforme». Mais il a souligné qu’une des premières motivations de ce projet était de «séduire l’électorat de Monsieur Tanguy», «après des années pendant lesquelles l’extrême droite a expliqué que toutes celles et ceux qui aujourd’hui vivent difficilement, avec des revenus de solidarité, étaient dans l’assistanat».
«J’espère surtout que c’est l’annonce d’un changement de pratiques», a observé sur France Bleu le député sortant des Landes Boris Vallaud (PS), pour qui il faut «reconsidérer la place des partenaires sociaux, des organisations syndicales, de la démocratie sociale dans le débat démocratique».
Du côté des syndicats, la CGT, par la voie de son secrétaire confédéral Denis Gravouil, déplore auprès de Libération que le gouvernement n’ait prolongé les règles actuelles que d’un mois, jusqu’au 31 juillet. Quelle que soit la future majorité issue des urnes, «un autre décret devra forcément être pris avant le 31 juillet», observe-t-il.