Yvelines : encore un maire qui démissionne
Garancières, mardi. Christian Lorinquer a quitté ses fonctions à l’hôtel de ville le 23 avril dernier. LP/Mehdi Gherdane
Il n’y a plus de maire à Garancières. Christian Lorinquer (DVD) vient de présenter sa démission. L’élu de cette commune des Yvelines de 2 400 habitants, proche de Thoiry et de La Queue-lez-Yvelines, a distribué un tract dans les boîtes aux lettres pour les en avertir.
« Cette décision n’a pas été facile mais les conditions de sérénité nécessaires au bon accomplissement de cette tâche n’étaient plus réunies. J’en ai donc tiré les conséquences », écrit-il. De nouvelles élections doivent avoir lieu avant le 7 juillet.
Ancien enseignant, Christian Lorinquer était élu depuis 1989. S’il n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien pour s’expliquer, l’ex-maire avait essuyé plusieurs démissions dans sa majorité. Il était également confronté aux critiques d’associations de défense de l’environnement. Ces dernières semaines, trois d’entre elles – Jade, Sauvons les Yvelines et Eparche – avaient même engagé une procédure auprès du tribunal administratif.
Des constructions illégales dénoncées par l’opposition
Elles souhaitaient pointer l’inaction de la municipalité face à la multiplication des constructions illégales. « Ces constructions se font sur des terrains agricoles et en zone naturelle et elles entraînent des travaux de terrassement, des coupes d’arbres. Elles ont atteint un niveau insupportable », explique le membre de l’une de ces associations. Un constat d’huissier avait récemment été effectué à l’entrée de ces parcelles.
Dubitative sur le lien entre les deux événements, l’opposition préfère rester prudente sur les raisons de son départ. « Nous avons tous été surpris par la nouvelle et nous aimerions aujourd’hui en connaître les raisons », confie Ghislaine Lesade-Liboutton, conseillère municipale d’opposition.
Christian Lorinquer n’est pas le premier à quitter ses fonctions en pleine mandature. Ces derniers mois, plusieurs de ses homologues l’ont précédé. À Bois-d’Arcy, Philippe Benassaya (LR) a ainsi retrouvé son écharpe le 21 avril, deux mois après la démission de Jean-Philippe Luce (UDI) pour « raisons professionnelles ». À Bonnelles, dans le sud des Yvelines, c’est une crise au sein de la majorité qui a précipité le changement de municipalité et l’élection de Nathalie Couëdor (sans étiquette) en mars.
Fatigue et soucis de santé pour d’autres
Mais pour les autres démissionnaires, notamment l’an passé, il s’agissait de partir « au bon moment », à mi-mandat, afin de laisser le temps à leur successeur désigné de préparer les municipales de 2026. Ce fut le cas à Épône, près de Mantes-la-Jolie, où Guy Muller (LR), « fatigué », avait transmis le flambeau à Ivica Jovic (LR), son premier adjoint à la suite d’un conseil municipal exceptionnel.
Même scénario à Buchelay, dans la région mantaise. Stéphane Tremblay, « poulain » de Paul Martinez (UDI), avait hérité du fauteuil de premier magistrat en février 2023, quasiment à mi-mandat. Quelques mois plus tôt, les 3 000 habitants de Porcheville avaient vu Didier Martinez (SE), victime de « soucis de santé », remplacé par son adjoint aux travaux Alec Jaltier.
Au niveau national, depuis les élections municipales de 2020, « le seuil des 1 000 maires démissionnaires est dépassé » selon les estimations de David Lisnard, le président de l’association des maires de France (AMF) et maire LR de Cannes. Dans une interview au Figaro, il y a un an, il avait déploré que « cette tendance est encore plus rapide que lors du précédent mandat, durant lequel les départs avaient déjà doublé ».