La télévision d’État iranienne a diffusé ce qu’elle dit être une image en direct de la ville d’Ispahan tôt le 19 avril 2024. AFP/Handout/IRIB
Rien ne confirme pour l’heure qu’il s’agit d’une attaque israélienne. Ce qui est sûr, c’est que l’Iran a fait état de trois explosions survenues très tôt ce vendredi matin dans la ville d’Ispahan, située dans le centre du pays, et dans ses alentours. Tsahal se refuse à tout commentaire, alors que cet incident intervient moins d’une semaine après l’attaque iranienne contre Israël, elle-même menée après des frappes imputées à Israël sur un bâtiment consulaire iranien à Damas (Syrie) le 1er avril.
D’après les médias d’États iraniens cités par l’agence de presse Reuters, ces explosions sont dues à l’action du système de défense aérienne iranien, qui aurait permis de détruire trois drones situés au-dessus de la ville d’Ispahan. Toujours selon Reuters, un analyste iranien a déclaré que ces mini-drones provenaient possiblement de l’intérieur même du pays, ce qu’aucun officiel n’a confirmé pour l’heure. De même, ni Téhéran ni Tel-Aviv n’ont désigné officiellement le responsable de l’envoi de ces drones.
Une « ville importante »
Pourtant, Ispahan ne semble pas avoir été choisie au hasard. Comme rapportés par le Guardian ou l’agence de presse américaine Associated Press (AP), cette ville abrite de nombreuses installations importantes parmi lesquelles des usines liées à la fabrication de drones. « Visiblement, c’est une base militaire d’où sont partis des drones ayant visé Israël qui a été ciblée par l’attaque de ce vendredi matin », observe prudemment Jonathan Piron, historien spécialiste de l’Iran au centre de recherche Etopia à Bruxelles (Belgique).
D’après ce spécialiste, Ispahan est une « ville importante » où se trouve notamment « un centre de recherche nucléaire ». « C’est une grande ville du pays, une cité historique où se trouvent aussi de nombreux sites sensibles, dans la ville même ou dans son environnement proche », résume-t-il en citant notamment le « site nucléaire sensible de Natanz » localisé dans la région, à une centaine de km au nord de la ville d’Ispahan.
Ce site a été ciblé à plusieurs reprises par des actes de sabotage, dans lesquels Israël était pointé du doigt. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a toutefois affirmé ce vendredi matin qu’« aucun dégât » n’avait été rapporté sur les sites nucléaires iraniens.
Une base militaire visée ?
Mais pour l’heure, les cibles précisément visées restent complexes à établir. D’après l’agence de presse iranienne Fars, la défense antiaérienne iranienne a été activée à proximité d’une base militaire de l’armée situe au nord-est d’Ispahan. D’après le Guardian, il s’agirait de celle de Shekari. Celle-ci, ajoute AP, abriterait une flotte d’avions F-14 Tomcats de conception américaine, achetés avant la révolution iranienne de 1979.
Deux autres explosions auraient été entendues ce vendredi à Qahjavarestan, au nord-est de la ville d’Ispahan, et à l’aéroport de la ville, qui se trouve à proximité immédiate.
Pour Elizabeth Sheppard-Sellam, maître de conférences à l’université de Tours et spécialiste des sujets de défense et de sécurité, cette attaque est « très clairement ciblée ». « C’est aussi peut-être pour dire : on (Israël) n’a pas touché aux bases nucléaires, mais on peut toucher à côté », ajoute-t-elle tout en rappelant que la portée potentielle d’un drone n’est « pas très longue ». « Donc soit le lancement s’est fait en interne depuis l’Iran, soit depuis les frontières alentour. »
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