Une manifestation “pour les droits du peuple corse” était organisée à Bastia ce samedi 2 mars. Elle a notamment été marquée par des jets de cocktails Molotov qui visaient les forces de l’ordre.
Des affrontements ont éclaté en Corse samedi après-midi entre une dizaine de personnes encagoulées et les forces de l’ordre, en marge d’une manifestation à Bastia à l’appel de mouvements indépendantistes, deux ans après l’agression mortelle d’Yvan Colonna dans sa cellule.
Des jeunes hommes, vêtus de tenue de peintre en bâtiment ou encagoulés, ont lancé plusieurs cocktails Molotov sur les forces de l’ordre, positionnées en nombre à proximité de la préfecture de Haute-Corse, dans le centre-ville de Bastia.
Les forces de l’ordre ont répliqué avec des grenades lacrymogènes, au cours d’incidents qui ont duré environ deux heures dans deux rues adjacentes à la préfecture.
Un manifestant hospitalisé pour des brûlures
L’un des manifestants a été pris en charge par les pompiers et transporté au centre hospitalier de Bastia, pour des brûlures au second degré, selon le service d’incendie et de secours de la Haute-Corse.
La manifestation, partie du palais de justice, a réuni 650 personnes, selon la préfecture de Haute-Corse. Elle était organisée à l’appel du collectif Patriotti et de l’Associu Sulidarità, militant pour les “prisonniers politiques corses”, ou encore du parti indépendantiste Nazione, qui compte une élue à l’assemblée de Corse.
“Basta à a ripressione” (NDLR: stop à la répression) et “Per i diritti di u populu corsu” (NDLR: pour les droits du peuple corse) étaient les deux mots d’ordre de la manifestation.
Ce rassemblement est intervenu au deuxième anniversaire de l’agression d’Yvan Colonna au sein du centre de détention d’Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait une peine pour son rôle dans l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio. Le militant indépendantiste était décédé 20 jours plus tard, un événement qui avait provoqué des violences en Corse.
Une banderole contre des élus corses
Lors d’une prise de parole, devant la préfecture, Jean-Philippe Antolini, porte-parole du mouvement Nazione, a demandé “la fin des arrestations arbitraires stigmatisant les militants indépendantistes”, mais aussi “la reconnaissance du peuple corse sur sa terre”: “Sur cette terre, il n’y a qu’un seul peuple, c’est le peuple corse.”
Le discours a également dénoncé “l’Etat français assassin, responsable de la mort d’Yvan Colonna.” Une banderole brandie par plusieurs jeunes manifestants a également visé les élus corses qui participent au processus de Beauvau, le ministère de l’Intérieur, sur une éventuelle autonomie pour l’île: “Nous avons mangé des lacrymos, pour vous voir vous gaver à Beauvau.”
Lors d’un dîner lundi, une délégation d’élus corse et Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, s’étaient mis d’accord sur cinq propositions pour avancer vers une autonomie de la Corse, dans le cadre de discussions entamées depuis deux ans. Le prochain point d’étape aura lieu mi-mars, dans un format similaire.
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