« Napoléon » de Ridley Scott : une œuvre cinématographique haute couture

«Ã‚ Napoléon » de Ridley Scott : une Å“uvre cinématographique haute couture

L’art de transformer un simple croquis en une création qui prend vie sur grand écran. Lauréate de l’oscar du meilleur costume en 2001 pour Gladiator, de Ridley Scott, Janty Yates a collaboré pour la quinzième fois avec ce réalisateur à l’occasion du film Napoléon, en salle depuis le 22 novembre.

La tâche était ardue : plus de 4 000 costumes ont dû être réalisés. Pour l’épauler, la cheffe costumière a fait appel à David Crossman. Pendant que la première s’est focalisée sur les tenues de ville et de cérémonie, le deuxième était chargé des uniformes militaires. Un choix stratégique compte tenu de l’expérience avérée de ce dernier notamment sur la confection du costume du justicier dans The Batman, de Matt Reeves, ou des stormtroopers dans Solo : A Star Wars Story, de Ron Howard.

Recherche des tissus

Avant toute chose, il a fallu apprendre à connaître Napoléon. « Nous sommes allés en Provence, au musée qui porte son nom, qui est une fantastique source d’information, mais aussi au musée de l’Armée à Paris », se remémore Janty Yates.

Ensuite, le duo a traversé la Manche pour se rendre au Jane Austen Centre, à Bath, dans le sud de l’Angleterre et au Chertsey Museum, dans la ville du même nom. « Ils nous ont permis de voir comment des costumes anciens étaient fabriqués. C’était une merveilleuse opportunité », détaille Janty Yates.

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Joaquin Phoenix dans le film Napoléon. © Sony Pictures/Apple Original Films

Les peintres ont servi de repères aux chefs costumiers, tels que Paul Delaroche, Jean-Luc Gérôme, sans oublier Jacques-Louis David qui a peint la scène de couronnement « comme une photographie » qualifie la costumière oscarisée. Une fois l’inspiration trouvée, la recherche des tissus a commencé.

« Devis exorbitants »

Les deux comparses se rendent à Prato, en Italie. Là-bas se trouve l’un des plus grands entrepôts de laine recyclée du monde : 148 000 tonnes de vêtements y sont emmagasinées. Mais pour 4 000 costumes, il faut plus, beaucoup plus de tissus. Leurs recherches les mènent alors jusqu’à Clignancourt en France. Malgré les 200 millions de dollars de budget global du film, le coût de production des costumes explose, alors que la robe la plus prestigieuse n’est pas encore créée.

«Ã‚ Les devis étaient exorbitants. À la fin, un contact nous a aidés : ?Essayez mon gars au Pakistan. Je vais voir s’il est d’accord.? Ils sont 13 membres d’une même famille à travailler. J’ai reçu des photos d’eux tous assis autour de l’énorme manteau de Joséphine pour la scène du sacre », explique Janty Yates.

Croquis de la robe de Joséphine. © Janty Yates/Sony Entertainment Pictures

Croquis de la robe de Joséphine. © Janty Yates/Sony Entertainment Pictures

Faite à la main, la réalisation des costumes « prend beaucoup de temps », détaille le chef costumier. Sa collègue ajoute : « Toutes les robes étaient brodées à la main avec de l’or véritable et des bijoux y étaient appliqués. »

Un travail acharné, qui se devine rien qu’en observant la robe de Joséphine. Elle sublime la scène du sacre dans le film. Elle se tient agenouillée sur un coussin en velours, vêtue de blanc et d’argent et drapée d’un manteau de velours cramoisi brodé d’or.

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Face aux critiques sur les inexactitudes historiques, Ridley Scott a répondu de manière succincte : « Get a life. » Après des efforts considérables et le temps dédié aux costumes, David Crossman partage son point de vue : « Je pense que c’est une représentation très fidèle des costumes de l’époque. J’ai vu beaucoup de productions napoléoniennes. Nous avons fait de notre mieux avec les formes, les silhouettes de l’époque, les couleurs. Je me réjouirais que tout le monde regarde un film sur Napoléon et se pose des questions dans un contexte historique. » Chacun est libre de se forger son propre jugement sur le film, mais il est indéniable que l’engagement exceptionnel des costumiers a donné vie à une esthétique visuellement époustouflante.