Nucléaire : EDF repousse les délais prévus pour concevoir son nouveau réacteur EPR2

Selon EDF, le nucléaire est la première source de production d’électricité en France.

Officiellement, les plans génériques du nouveau réacteur EPR2 sont terminés depuis l’automne dernier. Néanmoins, ce n’est pas le cas : EDF, qui considère qu’ils ne sont pas suffisamment aboutis, a décidé de se donner plus de temps, relatent “Les Échos” ce mardi.

La relance du nucléaire est l’un des chevaux de bataille du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Avant sa réélection en mai 2022, le président de la République en avait fait l’un de ses arguments de campagne. Quelques mois plus tôt, lors d’un déplacement à Belfort (Bourgogne-Franche-Comté), sur le site de fabrication des turbines Arabelle, il avait annoncé le développement d’un programme d’ampleur en la matière.

Les objectifs affichés par le locataire de l’Élysée avec cette “technologie d’avenir” : répondre à la neutralité carbone à l’horizon 2050, faire face à la hausse massive de la consommation d’électricité (imputée à l’électrification des usages) et assurer le maintien d’une électricité à des prix compétitifs, de façon que les entreprises françaises ne soient pas pénalisées.

Parmi les ambitions affichées par le gouvernement, on peut citer la construction de six réacteurs nucléaires avant la moitié de ce siècle et le triplement de la production de l’énergie.

Ce mardi 20 février, Les Échos nous informent qu’EDF a été forcé de reporter à l’été la finalisation des plans génériques de son nouveau réacteur EPR2. Des plans théoriquement achevés à l’automne dernier et qui visent à décrire chacun des systèmes de ce réacteur qui devrait être reproduit en six exemplaires (au minimum) dans l’Hexagone, afin de renouveler les centrales vieillissantes. La raison invoquée : un avancement insuffisant.

“Un grand projet s’engage sur des bases solides”

“Le ‘basic design’ doit encore être finalisé pour passer au design détaillé du réacteur, il y a encore du travail d’ingénierie à réaliser en particulier sur les bâtiments nucléaires, détaille Joël Barre, le délégué interministériel au nucléaire chargé de relancer la construction des centrales, dans les colonnes du quotidien économique et financier. Le passage au design détaillé est désormais prévu mi-2024.”

“Un grand projet de ce type s’engage sur des bases solides”, poursuit auprès du même journal celui dont la carrière a notamment été consacrée à la défense et à l’espace. Avant de préciser que cette volonté de décaler la conception des plans est un gage de “lucidité” : “Le volume des études augmente considérablement lorsqu’on passe au ‘design détaillé’ du réacteur, on risque de faire, de défaire et de mal faire.”

Un point de vue partagé par l’ancien patron de Naval Group, Hervé Guillou, dans son rapport remis au PDG d’EDF qui porte sur la maturité du programme de construction des six réacteurs.

Ce délai aura-t-il des conséquences sur le planning communiqué par le gouvernement sur le lancement du premier chantier nucléaire à Penly (Seine-Maritime) ? Pour l’heure, ni le fournisseur d’électricité ni l’État ne mentionnent un quelconque retard, observent les Echos.

Optimiser les coûts et les délais

En Normandie, les travaux préparatoires devraient commencer le 1er juillet. D’ici là, l’entreprise française escompte se voir remettre l’autorisation environnementale requise. Dans un second temps, le chantier nucléaire devrait réellement débuter en 2028.

Il est prévu que la question soit tranchée dans les prochains mois par la délégation interministérielle, après un examen chez EDF, qui s’est donné jusqu’à fin 2024 pour finaliser son plan de construction des réacteurs et l’actualisation des prix. “Nous sommes en train de réaliser un travail d’optimisation des délais et des coûts”, confirme Xavier Ursat, le directeur exécutif de la firme, cité par le site d’actualités. Début février, il a été auditionné au Sénat.

Selon EDF, le nucléaire est la première source de production d’électricité en France. Pour rappel, une centrale nucléaire, comme une centrale thermique classique, va produire de l’électricité à partir d’une combustion nucléaire : autrement dit, de la chaleur.

Dans d’autres types de centrales, celle-ci peut provenir du gaz naturel, du charbon ou encore de la combustion de la biomasse. Mais dans une centrale nucléaire, on se sert de la chaleur que la fission nucléaire dégage.