La SNCF se démène pour éviter que les chefs de bord (les contrôleurs) maintiennent leur préavis de grève les 16, 17 et 18 février, soit en plein week-end de départs en vacances pour les académies de Besançon, Dijon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Limoges et Poitiers. Ce week-end se situe également au beau milieu des vacances scolaires des académies de l’Ile-de-France ainsi que de Montpellier et Toulouse.
Face au malaise de ces salariés et à leurs revendications, la direction de la compagnie ferroviaire a pris le temps de recevoir les syndicats pendant plusieurs heures, mercredi puis jeudi. Le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, s’est lui-même impliqué dans les négociations. Et une série de mesures a été annoncée pour tenter de désamorcer la crise.
Dans un courrier adressé aux contrôleurs, Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités, souligne que “la situation sociale actuelle avec les préavis ‘chefs de bord’ risque d’avoir comme vous le savez, un impact lourd sur les Français et leurs vacances de février”.
Le responsable rappelle d’abord que “tous les engagements pris en décembre 2022 (après le massif mouvement de grève des contrôleurs, NDLR) sont tenus”, point que les chefs de bord contestent justement.
Exemple avec la présence de deux contrôleurs par TGV, une revendication forte. “La montée du taux d’équipement est conforme à ce que nous avons convenu”, écrit Alain Krakovitch.
“Le pacte est respecté”
Concernant la question sensible des mesures pour la cessation progressive d’activité et de la prime de travail, le responsable répète que le “calendrier social annoncé prévoit très clairement des échanges en mars et avril avec la DRH Groupe”.
“Ce sont de vraies avancées sociales: le pacte est respecté et des nouvelles mesures sont annoncées. Dès lors, il sera difficile de comprendre que le mouvement perdure”, souligne Alain Krakovitch.
“Je pense aux 4 millions de voyageurs qui ont pris leurs billets pour ces prochains jours, et qui doivent garder confiance en SNCF Voyageurs pour leur voyage”, poursuit-il.
Reste que pour le moment, les syndicats, en particulier Sud-Rail qui porte la voix du collectif des chefs de bord, ne sont pas convaincus.
“Nos collègues contrôleurs, qui n’ont pas un métier facile, sont sur une revalorisation de la prime de travail mensuelle de plusieurs centaines d’euros. Donc ils ne vont pas se satisfaire d’un “one shot” de 400 euros”, pointe ce vendredi sur BFMTV Fabien Villedieu, délégué du syndicat Sud Rail.
“La colère monte depuis 2007”
Dans son courrier, Alain Krakovitch rappelle qu’il ne s’agit pas d’un “one shot”, “les indemnités de résidence vont permettre à plus de 80% des ASCT (Agents du service commercial trains, NDLR) de gagner 50 euros de plus par mois et ce de manière pérenne”.
Sur la présence de deux contrôleurs par TGV, le délégué estime que les choses ne vont pas assez vite. “Nous devions être à 100% en 2023. On nous dit maintenant que ce sera peut-être fin 2024, voire en 2025”, déplore-t-il.
Mais au-delà de ces revendications, c’est le manque de considération qui est à nouveau dénoncé haut et fort.
“La colère monte depuis 2007 en réalité avec la dégradation de nos conditions de travail, la question de l’avancement, la hausse de la pénibilité du travail de contrôleur et toujours plus de responsabilités. En fait, la non reconnaissance des difficultés de notre métier. On considère qu’il y a une vraie maltraitance de la part de la direction et un vrai manque de dialogue social”, nous expliquait fin 2022 un des fondateurs du collectif CNA-ASCT qui compte à ce jour 3.700 membres sur Facebook.
Rappelons que si les contrôleurs se mettent effectivement en grève le weekend prochain, les vacanciers risquent d’être fortement pénalisés, car les TGV ne peuvent pas circuler sans chef de bord. Lors de leur dernier mouvement fin 2022, environ 200.000 voyageurs avaient été laissés sur le carreau.
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