La mystérieuse connexion de Stonehenge avec la Lune pourrait être révélée par un évènement rare en 2025

La pleine lune descend à l’aube derrière le monument préhistorique de Stonehenge dans le Wiltshire (Angleterre).

Le prochain “major lunar standstill” de janvier 2025 offrira une occasion unique d’étudier les liens entre Stonehenge et les mouvements lunaires. Et ainsi, de potentiellement révéler de nouvelles dimensions à l’importance astronomique des gigantesques pierres dressées du Wiltshire.

Le monument mégalithique de Stonehenge, dans le sud de l’Angleterre, lieu complexe vieux de 5 000 ans, témoigne de la compréhension avancée des anciens habitants en ce qui concerne les phénomènes astronomiques. Les alignements précis des pierres montrent que ses anciens constructeurs avaient une connaissance sophistiquée des mouvements du Soleil. Ils capturent notamment ses premières lueurs pendant le solstice d’été, ses dernières pendant celui d’hiver…

Les liens entre ses structures circulaires et les mouvements de la Lune, en revanche, ont été bien moins étudiés. Un événement rare devrait permettre d’y remédier : le “major lunar standstill” (“arrêt majeur de la Lune”), qui se produit tous les 18,6 ans et aura lieu pour la prochaine fois en janvier 2025.

Comme le relaie The Guardian le 15 avril 2024, cela donnera une chance aux scientifiques d’explorer la théorie selon laquelle les bâtisseurs de Stonehenge avaient conscience du phénomène, et auraient de ce fait enterré leurs morts dans une partie particulière du site.

Qu’est-ce que le “major lunar standstill” ?

Le “major lunar standstill” est un phénomène astronomique qui se produit lorsque la Lune semble “s’arrêter” sur sa trajectoire dans le ciel : c’est parce qu’elle a atteint sa déclinaison maximale – en termes simples, sa position la plus éloignée par rapport à l’équateur terrestre.

Or, l’orbite lunaire est légèrement inclinée ; l’astre monte et descend légèrement par rapport à l’équateur terrestre au cours de son cycle orbital. Cette inclinaison change légèrement au fil du temps en raison de diverses forces gravitationnelles, notamment celles de la Terre, du Soleil et d’autres corps célestes. La complexité des interactions dans ces systèmes explique ainsi que le “major lunar standstill” ne se produit qu’à des intervalles réguliers, d’environ 18,6 ans.

Durant cet évènement – et même, dans l’année qui le suit ou le précède – le satellite naturel de la Terre semble se lever et se coucher plus au nord ou plus au sud que d’habitude sur l’horizon, ce qui peut avoir des implications dans divers domaines tels que l’astronomie, la navigation… et même dans certaines croyances et traditions culturelles très anciennes.

Les phases de la Lune, connues depuis des milliers d’années

Au cours de la phase initiale de la construction de Stonehenge, entre environ 3000 et 2500 av. J.-C., les anciens habitants de la région enterraient les restes incinérés de leurs défunts ainsi que des offrandes dans des henges, structures préhistoriques circulaires souvent entourées d’un fossé et d’un talus. Mais aussi, dans les 56 “trous d’Aubrey”, une série de puits peu profonds creusés juste à l’intérieur du cercle de pierres, qui ont peut-être à l’origine contenu des poteaux de bois verticaux.

Beaucoup de ces crémations ont été concentrées dans le sud-est du monument, dont les pierres s’alignent globalement avec les endroits où la Lune se lève le plus au nord ou au sud de l’horizon. “Les chercheurs débattent depuis des années de savoir si c’était délibéré, et – si c’était le cas – comment cela a été réalisé et quel aurait pu être son but”, explique au Guardian Clive Ruggles, professeur émérite d’archéoastronomie à l’université de Leicester (Angleterre). Car si le lien du monument avec les solstices ne laisse guère de doute sur son importance passée, “ce sur quoi nous sommes beaucoup moins clairs, c’est s’il existe des connexions physiques entre la Lune [et lui]”.

Le “major lunar standstill” de janvier 2025 offre ainsi une fenêtre intéressante pour les archéologues, astronomes et archéoastronomes de mener leurs études. Cette année, l’astre gris pourra de temps en temps être vu en train de se lever ou se coucher de manière inhabituellement loin au nord ou au sud. Des manifestations difficiles à capter, nécessitant un timing et des conditions météorologiques spécifiques, que l’English Heritage, organisme public indépendant chargé de la gestion du patrimoine historique d’Angleterre, prévoit pourtant de diffuser en direct.

Pour Clive Ruggles, il ne serait pas surprenant que Stonehenge soit lié d’une quelconque façon à la Lune. “Les gens ont été conscients du cycle des phases de la Lune depuis des dizaines de milliers d’années”, développe-t-il. Il ne leur aurait pas été difficile d’observer ses extrêmes et d’y voir quelque chose de spécial, qu’ils seraient venus à vénérer et à finalement monumentaliser.

Les quatre “Station Stones”, pierres de grès sarsen situées à proximité des “trous d’Aubrey”, formant un rectangle et dont seules deux subsistent encore, pourraient ainsi avoir été positionnées pour marquer le phénomène dans la phase 3 du site (aux environs de 2600 av. J.-C.).

Vous pouvez imaginer les anciens se rappelant un moment où ils ont vu la Lune dans une direction sacrée et ensuite, une génération plus tard, l’émerveillement des gens qui ont vu cela à nouveau.

Se focaliser, outre les mouvements du soleil, sur ceux de la Lune

Plus qu’observer ces levers et couchers de Lune extrêmes et voir leurs effets visuels sur les pierres – et ainsi, d’approfondir les mystères du monument et sa relation avec les phénomènes célestes –, l’English Heritage prévoit d’organiser une série d’événements (conférences, planétarium éphémère, sessions d’observation des étoiles, expositions, etc.), tout au long de la saison du déclin. Jennifer Wexler, historienne de Stonehenge pour l’organisme, ajoute à nos confrères :

Je pense que cela va vraiment surprendre les gens. Nous sommes tellement focalisés sur le Soleil à Stonehenge. Nous ne mentionnons presque jamais la Lune.

L’English Heritage collabore aussi l’université du Colorado Boulder et le service forestier du Département américain de l’agriculture pour une série d’événements comparant les alignements lunaires de Stonehenge et ceux de Chimney Rock (sud-ouest des États-Unis) – site célèbre pour son grand pinacle de roche s’élevant au-dessus du paysage, occupé et utilisé pour des cérémonies religieuses et astronomiques par les peuples amérindiens ancestraux il y a plus de 1 000 ans.