« Le chemin va être long » : après sa terrible blessure, Margot Chevrier garde espoir pour les Jeux 2024

Margot Chevrier a quitté, grièvement blessée, les Mondiaux d’athlétisme en salle en Ecosse ce week-end. Reuters/Hannah Mckay

L’image de ce regard habité par la douleur et des photos de sa cheville en équerre ont hanté l’athlétisme français ce week-end. Alors lundi matin, Margot Chevrier a posté un cliché d’elle, tout sourire et la jambe gauche plâtrée pour évoquer son état sur Instagram. « Une photo dans l’axe, postopératoire, et tournée vers l’avenir », indique l’athlète de 24 ans, championne de France de saut à la perche et grièvement blessée lors de la finale des Mondiaux en salle samedi soir 2 mars en Écosse.

Victime d’une fracture du talus, un os entre le tibia et le talon, la jeune femme a été évacuée sur une civière et placée sous oxygène après sa blessure à Glasgow. « Elle m’a dit qu’elle avait très mal, et qu’ils n’arrivaient pas à calmer la douleur », souffle son entraîneur à Bordeaux, Damiel Dossevi.

Pas accrédité pour l’événement, le coach qu’elle a rejoint en Gironde l’été dernier a suivi le concours depuis le restaurant où il dînait en marge des Championnats de France espoirs à Saint-Brieuc. Avant de détourner le regard de l’écran de son téléphone, marqué par l’accident de son athlète.

Opérée dimanche, Margot Chevrier rêve toujours des Jeux olympiques 2024 à Paris, censés être les premiers de sa carrière après avoir manqué la qualification pour Tokyo il y a trois ans. « C’était hyper difficile à suivre à la télévision, nous expliquait-elle en décembre. Je regardais des filles qui, pour certaines, avaient un record 15 cm sous le mien. » Samedi soir, elle a sauté 4,55 mètres, avant de se blesser sur sa première tentative à 4,65 m.

« Paris 24, I’ll jump », a-t-elle écrit sur sa cuisse dans la soirée de samedi. Margot Chevrier, soutenue par ses parents au Queen Elizabeth University Hospital, a de nouveau évoqué cet objectif parisien dimanche et lundi, toujours via son compte Instagram. « Autant être honnête, la blessure est sévère, l’endroit du corps n’est pas le mieux choisi, et le chemin va être long. Mais on a cinq mois. Cinq mois pour me remettre sur pied, ressauter, et obtenir ma qualification pour Paris via un ranking tout aussi solide que mon talus dans quelques semaines », écrit-elle sur le réseau social.

En effet, Margot Chevrier est pour l’heure quinzième mondiale, et première Française, dans ce classement établi par World Athletics. Les 32 premières verront les Jeux, mais pour la perchiste, il va falloir que son corps soit prêt dans cinq mois.

« Il est trop tôt pour connaître l’évolution »

« La lésion initiale est sérieuse au niveau de la cheville, il est trop tôt pour connaître l’évolution, indique à L’Équipe le médecin de l’équipe de France d’athlétisme, Antoine Bruneau. Il peut y avoir des complications, comme dans toute opération, comme dans toute lésion importante de ce type. Elle a communiqué sur les Jeux parce que c’est son moteur depuis quelques années. Forcément, elle essaie de se projeter. Je pense qu’elle est très au fait de la situation et réaliste sur le pronostic (l’athlète est étudiante en médecine). »

« Pour l’instant, je suis plutôt dans son sens. Je suis dans l’humain, je l’accompagne, poursuit Damiel Dossevi. Je n’ai jamais vu une telle blessure à la réception d’un saut. Mentalement, ça a l’air d’aller en tout cas. » Margot Chevrier doit maintenant retourner en France dans les prochains jours. Et retrouver son compagnon, le spécialiste du 800 mètres Gabriel Tual, tourné comme elle vers le rendez-vous parisien. Lors de leur interview commune pour détailler la préparation en couple des JO, les deux athlètes avaient accepté d’évoquer le scénario noir où l’un des deux serait contraint de déclarer forfait pour Paris 2024.

« Si demain je devais rater les JO, je serais dégoûtée, nous avait expliquée Margot Chevrier. Ça serait dramatique pour celui qui ne les ferait pas, mais dans ces cas-là, tu peux essayer d’être juste content pour l’autre. » La perchiste va maintenant entamer son contre-la-montre pour vivre les Jeux depuis la piste. Et non depuis les tribunes.