Face à la pénurie de vétérinaires, une première école privée inaugurée près de Rouen

Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a échangé avec les étudiants de première année de l’école vétérinaire UniLaSalle de Mont-Saint-Aignan. #Presse30

Après 14 ans de démarches et un agrément obtenu le 4 mars 2022, l’institut polytechnique UniLaSalle, issu de la fusion de cinq écoles d’ingénieurs et implanté à Mont-Saint-Aignan, près de Rouen (Seine-Maritime) a ouvert en septembre 2022 sa première promotion d’étudiants vétérinaires. Vendredi 16 février, ce qui est désormais la cinquième école vétérinaire en France, mais la première privée et associative, a été officiellement inaugurée par Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire. Une consécration sur fond de pénurie de vétérinaires en France. Selon le 7e Atlas démographique de la profession et l’Observatoire national démographique de la profession il en manquait 2 700 en 2022.

C’est donc pour faire face au manque de formations, éviter que plus de la moitié des étudiants partent à l’étranger et « lutter contre la pénurie de vétérinaires, notamment en milieu rural et dans l’agroalimentaire », comme l’a rappelé Valérie Leroux, la directrice générale déléguée UniLasalle, que l’établissement a obtenu toutes les autorisations du ministère de l’Agriculture et de celui de l’Enseignement supérieur. « Nous recevons 120 étudiants par promotion, indique la directrice. Notre volonté est d’orienter ceux qui ont choisi la filière clinique en 6e année vers les animaux productifs. Mais, dès la première année, des stages sont obligatoires sur des exploitations et des élevages. C’est une spécificité de chez nous. Nos premiers diplômés sortiront en 2028. »

«Ã‚ D’ici-là, confirme Valérie Leroux, nous aurons ouvert un pôle d’anatomie et un CHEV (Centre hospitalier de l’école vétérinaire) sur 8 935 m2 pour recevoir 720 étudiants et 150 salariés. Le tout pour un investissement de 34 millions d’euros hors foncier, hors parking. » Alors que l’ENVA à Maisons-Alfort, l’ENVT à Toulouse, Oniris à Nantes et VetAgro Sup à Lyon sont des écoles publiques, « dont le coût par élève est de 40 000 euros par an, à UniLaSalle, la charge est de 25 000 euros », fait valoir la directrice déléguée. La scolarité a un coût pour les élèves, les frais de scolarité s’élevant à Mont-Saint-Aignan à 13 550 euros par an les trois premières années, puis 18 600 euros de la quatrième à la sixième.

«Ã‚ Nous faisons maintenant partie des écoles vétérinaires françaises, se réjouit Caroline Boulocher, directrice innovation et développement vétérinaire chez UniLaSalle. Notre but n’est pas d’être en concurrence avec les autres mais plutôt d’éviter que nos étudiants partent à l’étranger. C’est une question de souveraineté de santé animale. Tous nos étudiants sont issus d’une sélection post-bac, ils sont 1200 à poser leurs candidatures sur Parcoursup et 500 sont sélectionnés pour passer les entretiens devant un enseignant-chercheur et un vétérinaire praticien. Ils peuvent ainsi bénéficier de bourses et des accords que nous avons avec des banques. »

Cela ne freine nullement les vocations des candidats, à l’image d’Emma Banache. À 19 ans, la Picarde « veut devenir vétérinaire depuis toute petite, être proche des animaux et aider les propriétaires. J’ai eu la chance, explique-t-elle, de faire des stages très tôt grâce à ma famille. Après mon Bac SVT avec une spécialité en mathématiques expertes, je me suis inscrite sur Parcoursup qui choisit notre vie. J’ai eu la chance de faire partie de la première promotion et de participer ainsi au développement d’un nouveau cursus. Comme ici, il n’y a pas d’écrémage en fin d’année, nous nous soutenons. Après une spécialisation en nutrition et un focus sur les ruminants, je m’installerai en Seine-Maritime. »

« Tirer les leçons des erreurs faites pour les humains »

Avant de couper officiellement le ruban tricolore, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a visité toutes les installations et a rencontré des étudiants de première année. Puis, dans l’amphithéâtre, à l’occasion des discours, Sébastien Windsor, président d’UniLaSalle mais aussi de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture a salué « un phénomène exceptionnel que la naissance de cette belle école entièrement associative qui doit être un atout pour les vétérinaires locaux, nationaux et pour les éleveurs. Elle va créer, a-t-il, assuré, de nouvelles relations au-delà des relations client-fournisseur, car l’avenir de l’élevage est conditionné à la présence des vétérinaires et, inversement, surtout dans cette période où l’élevage est très décrié notamment sur la question du bien-être animal. »

Le ministre, quant à lui, rappelé que l’enseignement vétérinaire est né en France sous Louis XV à Lyon en 1761 et que nous allons fêter cette année les 100 ans de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) dont le siège est à Paris. « Vous êtes donc ici habilité à attribuer le diplôme de docteur vétérinaire, un professionnel de santé publique. Tout cela contribue à une politique globale, car nous avons aussi renforcé les effectifs des quatre autres écoles. En 2030, nous aurons formé 75 % de vétérinaires de plus. Peut-être avons-nous tiré les leçons de ce que nous n’avons pas fait en démographie médicale humaine. Nous ferons en sorte de bénéficier de 840 vétérinaires supplémentaires par an. Je suis très heureux qu’UniLaSalle puisse y contribuer. »