Un directeur d’école « pris pour cible » et « accusé d’être anti-musulman », Nicole Belloubet réagit
Nicole Belloubet, la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse photographiée ici dans son bureau de la rue de Grenelle en février 2024 par un journaliste de Ouest-France.
Après les menaces que dit avoir reçues un directeur d’école à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), Nicole Belloubet, la ministre de l’Éducation nationale, a annoncé ce lundi 29 avril 2024 qu’un « signalement au procureur » avait été fait. Quelques jours plus tôt, elle avait annoncé un plan pour la sécurité des enseignants et chefs d’établissement.
«Â Nous sommes lundi matin et pourtant, je n’irai pas travailler, je n’irai pas dans l’école que je dirige depuis quinze ans », annonce Nicolas Bourez, directeur d’une école de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). L’enseignant a posté cette vidéo, tournée face caméra, sur X, dans la matinée du 29 avril. Rapidement, la séquence a été relayée plusieurs milliers de fois sur le réseau social, notamment par de nombreux élus de droite et d’extrême droite.
Le Francilien explique être « pris pour cible » car il a « souhaité s’engager dans l’expérimentation de la tenue commune à l’école ». Le directeur accuse également qu’« un comité de défense de l’école publique », « farouchement opposé » à l’uniforme, le « cible », et l’ « insulte » en l’exposant « dangereusement en distribuant des tracts dans la cité, dans le quartier ».
«Â Des tracts qui me qualifient d’anti-musulman. On sait où ça a mené », commente Nicolas Bourez, avec une référence limpide à l’assassinat du professeur Samuel Paty, en octobre 2020.
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La ministre annonce un signalement au procureur
Interpellée par Marion Maréchal, candidate du parti d’extrême droite Reconquête aux élections européennes, sur X, la ministre de l’Éducation nationale a rapidement réagi. Lundi 29 avril, Nicole Belloubet, a précisé que l’institution avait effectué un « signalement au procureur dès connaissance des faits ».
Sur l’ex-réseau nommé Twitter, la ministre ajoute qu’une « protection fonctionnelle » a été accordée et que « la sécurité du directeur » a été « renforcée en lien avec les forces de l’ordre ».
Depuis quelques semaines, la sécurité des établissements scolaires et de ses personnels est un sujet brûlant. Un proviseur parisien a notamment quitté son poste en mars. Il avait été menacé de mort sur les réseaux sociaux.
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Un plan pour sécuriser le personnel
Après cette mise en retrait très médiatisée, le ministère de l’Éducation nationale avait annoncé qu’une « force de sécurité mobile scolaire nationale », composée d’une vingtaine d’agents, serait déployée à la rentrée 2024. Elle « pourra être projetée » sous 48 heures « dans les établissements qui connaîtraient des difficultés ». Le but : « rassurer les enseignants » et « assurer leur sécurité physique ». « L’État se portera systématiquement partie civile lorsqu’une plainte sera déposée », avait aussi déclaré Nicole Belloubet.
Dans un plan de sécurité interministériel communiqué en avril, l’Éducation nationale précise aussi que l’État « assurera la défense et le soutien de ces personnels », ainsi que « la réparation du préjudice subi », s’ils sont victimes « d’agressions, de menaces, d’injures ou de diffamations dans l’exercice de leurs fonctions ». Par ailleurs, un « réseau d’appui éducatif », composé d’assistants d’éducation (AED) qui aideront à la sécurisation des écoles, collèges et lycées, va aussi être expérimenté.