Un ancien palais milanais transformé en appartement contemporain
Un ancien palais milanais peuplé d’art et de design
Il suffit d’entrer dans la cour de ce palais milanais pour en saisir la splendeur. De majestueux camélias et des sculptures, vestiges d’un temps ancien, laissent présager l’intérieur du palais, récemment reconverti en appartements. L’un d’eux accueille la famille Canzoneri, franco- italienne, établie à Milan depuis quelques années. Aurélie est naturopathe, Jean est entrepreneur dans la Tech. Italien de naissance, Jean Canzoneri tenait à transmettre sa double culture à ses enfants. « Et l’Italie a une forte culture du beau », précise-t-il.
À l’extérieur, la famille retrouve la verdure dont elle a besoin au quotidien.
La cour intérieure annonce d’emblée la grandeur des lieux.
L’appartement qu’il a investi reflète ainsi tout autant la majesté italienne que sa passion pour la décoration, transmise très tôt par sa tante, antiquaire aux puces de Saint-Ouen. « Nous sommes tous deux férus de décoration, mais le curateur, c’est lui », s’amuse Aurélie Canzoneri en nous montrant l’étendue de leur collection d’art et de design, essentiellement chinée par Jean aux puces, chez les antiquaires et sur les sites spécialisés.
La dolce vita
Dans le salon, le canapé Sengu, dessiné par Patricia Urquiola (Cassina) et la dormeuse Twiggy signée Rodolfo Dordoni (Minotti) jouent les protagonistes. À côté de la bibliothèque, un pouf Apex de Sacha Lakic (Roche Bobois). Les œuvres d’art animent les rayonnages avec, de gauche à droite, un bougeoir des Artisans de Marolles, une lampe Oiseau de Roger Capron et une jarre de Gio Ponti. Au mur, des œuvres de Raymond Espinasse, de Jean Cocteau, d’Henri Matisse et d’Eduardo Chillida. Au premier plan, sur une table basse Plana 515 de Charlotte Perriand (Cassina), des verres de Lobmeyr, un bol en faïence d’Alev Ebüzziya Siesbye (Raawii) et un pichet de Pol Chambost.
«Quand on entre ici et que l’on voit émerger ce lieu chargé d’histoire, on est immédiatement impressionné. »
Les propriétaires Aurélie et Jean Canzoneri
L’art fait surface dès les premiers pas dans la cour intérieure, parsemée de sculptures. « Quand on entre ici et que l’on voit émerger ce lieu chargé d’histoire, on est immédiatement impressionné », partage Aurélie. La contemplation se prolonge à l’intérieur, lui aussi empreint d’un glorieux passé italien. « Cet endroit est grandiose », s’enthousiasme Jean, qui est tombé amoureux des plafonds peints, des moulures et des volumes. « C’est incroyable, de vivre avec cinq mètres de hauteur sous plafond à Milan », poursuit Aurélie. De cet espace, Aurélie et Jean ont voulu conserver l’histoire, chère à leurs yeux, tout en y apportant la sobriété nécessaire à leur bien-être. « Tous les murs étaient peints, précise Jean, mais ils ont été recouverts par les précédents propriétaires. » Un choix que le couple salue, et qui entre en résonance avec sa conception de « la dolce vita », comme il aime à le dire : c’est-à-dire un havre de paix, épuré et chaleureux, pour l’ensemble de la famille. « On a voulu conserver le côté historique des plafonds, donc on n’a pas dénaturé l’appartement, on y a juste ajouté des pièces qui mettent en valeur l’esprit des lieux et s’y fondent au maximum. » Ainsi, les tons neutres sont majoritaires, en contraste avec l’existant, cultivant une ambiance effectivement élégante et paisible où lire, écouter de la musique ou se réunir en famille.
Le petit salon exprime, lui aussi, toute la passion du couple pour les belles pièces, comme la lampe en aluminium Chiara de Mario Bellini (Flos) et le fauteuil Due Foglie de Gio Ponti (Molteni&C). Devant, sur une table basse en verre de Johanna Grawunder (Glas Italia) des verres (6:AM). De chaque côté, deux fauteuils Cosmos d’Augusto Bozzi. Au mur, un tableau de Richard Zinon.
Le salon exprime toute la charge historique du lieu, notamment sur la cheminée qui accueille un vase de Pol Chambost.
« Nous aimons les pièces simples, avec une touche de fantaisie. »
Les propriétaires Aurélie et Jean Canzoneri
« Cet appartement est zen », résume simplement Jean, qui a tout de même tenu à ajouter quelques notes de couleur, comme les fauteuils Cosmos jaunes d’Augusto Bozzi, dans le petit salon. Les volumes du palais ont contraint le couple à repenser entièrement son mobilier et sa décoration afin d’épouser la grandeur du lieu, notamment dans le salon, imposant, qui nécessitait de grands meubles pour embrasser pleinement l’espace. « Toutes les époques sont représentées, mais j’aime particulièrement les années 1930 et 1940 », explique Jean, amateur de pièces « simples, mais avec une touche de fantaisie ». Sa fantaisie s’exprime notamment par le choix de céramiques vintage et de sculptures animalières, sa « petite passion ». Ainsi, une lampe Oiseau de Roger Capron, une jarre de Gio Ponti ou un bougeoir des Artisans de Marolles peuplent la cheminée du séjour. « Jean est fan de Capron, confirme Aurélie, donc on a accumulé des céramiques au fil des années. » Tout aussi sensible à l’art, Aurélie dit s’émerveiller chaque jour du tableau de Richard Zinon accroché dans le petit salon : « Cette Å“uvre me met en extase, elle illumine l’espace. »
La cuisine est la pièce la plus importante aux yeux d’Aurélie Canzoneri, naturopathe. Elle aime préparer ses recettes dans une vaisselle choisie (Astier de Villatte). À côté de la table, une chaise de Charlotte Perriand (Cassina).
Dans la salle à manger, un ensemble de table et de chaises Pre Pop d’Arne Jacobsen accueille de la vaisselle Astier de Villatte. Au fond, on aperçoit, sur un guéridon des années 1930 chiné par le couple, une lampe à franges Model 597 de Gianfranco Frattini et, au mur, un tableau d’Alberto Burri et un autre de Jean Cocteau.
Un espace apaisant et chaleureux
Naturopathe et autrice en nutrition, Aurélie accorde une dimension toute particulière à la cuisine. Une pièce où elle produit ses recettes et puise son inspiration, mais avant tout un lieu de vie qu’elle aime partager avec sa famille. « Quand je cuisine sur l’îlot central, mes enfants s’installent autour et on goûte mes préparations ensemble », commente-t-elle. « C’est important pour moi que tout soit non seulement bon, mais beau, donc je sélectionne soigneusement mes contenants », ajoute Aurélie. Une impressionnante collection de vaisselle Astier de Villatte agrémente alors la cuisine, ainsi que la table à manger, « parfaite pour les enfants » avec sa forme ronde, conviviale et fonctionnelle, qui forme un bloc seventies avec ses chaises encastrables. Dans la salle à manger, où Aurélie passe également du temps à cuisiner, un imposant ficus décore la pièce. « J’ai voulu apporter du vert dans l’appartement parce que cela manque cruellement en ville. »
Dans la chambre d’invités, monochrome et sensuelle, un chevet Rivet de Frama jouxte le lit. Taie d’oreiller en lin orné de dentelles en macramé et couvre-lit Super Kingsize (Once Milano).
La salle de bains, baignée de lumière, est agrémentée d’une bonbonnière en faïence d’Alev Ebüzziya Siesbye (Raawii) et d’une table d’appoint Dama, signée R&D (Poliform).
Dans les chambres, le couple a dessiné une ambiance apaisante, à l’aide de végétaux, de tons chauds et de quelques pièces fortes, comme les tableaux d’Eduardo Chillida en tête de lit dans la chambre parentale. La chambre d’invités, elle, est tout en épure afin de demeurer accueillante pour chacun. Car Aurélie et Jean Canzoneri « adorent recevoir » et mettent un point d’honneur à rendre leurs espaces hospitaliers pour leurs proches. Jusqu’à la salle de bains, baignée de lumière, offrant une fenêtre sur la cour intérieure et bouclant la boucle de cette visite hors du commun.
La chambre parentale a été pensée comme un havre de paix. Deux tables basses Nara de Jean-Marie Massaud (Poliform) servent de guéridon et de chevet, une lampe de Jacques Blin posée sur ce dernier. Devant, d’élégantes chaises recouvertes de tissu Hermès. Au mur, des tableaux de Paul Jouve et d’Eduardo Chillida. Couvre-lits en lin et lin froissé Super Kingsize et taies d’oreiller en lin et dentelle (Once Milano).
La décoration, sobre, est relevée de pièces fortes. Sur une table basse D.552.2 de Gio Ponti (Molteni&C), un vase de Roger Capron. À côté, le fauteuil en bois Favela de Fernando et Humberto Campana (Edra).
Cet ancien palazzo abritait jusqu’à récemment une famille de notables milanais.
Dès l’entrée, l’appartement fait la part belle au design avec un fauteuil Lee signé Antonio Citterio (Flexform), une table basse en orme de Pierre Chapo et un miroir d’Ettore Sottsass pour Glas Italia.