Ukraine : l'arme secrète de Kiev pour faire cauchemarder l'aviation russe en mer Noire
Un drone naval ukrainien, surmonté d’un missile sol-air. La nouvelle terreur de l’aviation russe ?
Un engin ukrainien d’un type nouveau a été repéré par un drone russe patrouillant au-dessus de la mer Noire. Il pourrait rapidement devenir un enfer pour les avions russes – et l’a peut-être déjà été.
La mer Noire, chasse gardée de la Russie de Vladimir Poutine ? Lorsque le pays a envahi et placé sous son joug la Crimée, en 2014, c’était sans doute l’objectif : verrouiller cette vaste étendue maritime, faire du port de Sébastopol l’écrin de la flotte du Kremlin, et contrôler l’ensemble de la région.
C’était sans compter la résistance de l’Ukraine qui, depuis février 2022 et la tentative d’invasion à grande échelle de son agressif voisin, a petit à petit réussi à faire de la mer Noire un nouveau cauchemar pour la Russie. Kiev a inauguré cette reconquête en coulant le croiseur Moskva, comme l’ont raconté korii. ou Le Monde en avril 2022.
Ce n’était qu’un début. En frappant de nombreux navires du Kremlin, y compris et de manière étonnante un sous-marin, l’Ukraine n’a eu de cesse de transformer la mer Noire en un cimetière pour marins russes, qui ont fini par craindre de n’avoir que des “catamarans bananes gonflables” pour mener leur combat, et la nation sans grande marine a fini par repousser la grande flotte russe vers des eaux a priori moins dangereuses.
Les drones navals, également contre les avions
Pour cela, elle a pu compter sur ses drones navals développés à la maison, de plus en plus efficaces et rapides, à l’image du Magura V5 présenté par TF1 ou des plus récents Sea Baby et Cossack Mamai.
Relative nouveauté de cette guerre, ces navires autonomes ou téléguidés, bourrés d’explosifs, rebattent totalement les cartes de l’exercice de la guerre maritime en rendant de coûteux et rares gros bateaux vulnérables à des petites embarcations low cost, envoyées en meutes contre des cibles – et leurs équipages – plus ou moins impuissantes face à une telle masse d’agresseurs.
Mais l’Ukraine, dont il est impossible de ne pas louer le sens de la créativité et du système D, ne semble pas s’arrêter là. Outre un étonnant “sous-marin planant” aux capacités promises impressionnantes, en développement et que nous présentions récemment, Kiev semble aussi vouloir désormais faire de ses drones navals en mer Noire un vecteur utile et efficace de ses défenses antiaériennes.
C’est ainsi qu’une petite vidéo a été publiée par une source russe, puis diffusée sur les réseaux sociaux, montrant l’une des embarcations autonomes ukrainiennes sillonnant la mer Noire surmontée d’un engin (pas si) surprenant.
Une défense antiaérienne flottante et mobile (et déjà de gros succès ?)
Après analyse, il semblerait que ledit engin soit un missile, et pas n’importe quel missile. Il ne s’agirait ainsi pas d’un projectile conçu pour couler des navires, comme l’on pourrait l’attendre, mais d’un engin air-air, peut-être un Vympel R-73 (AA-11 “Archer” pour l’Otan) ou un Vympel R-60 (AA-8 “Aphid” pour l’Otan), adapté et monté sur une embarcation navale pour abattre des aéronefs ennemis.
Analysé par le grand spécialiste des choses navales H I Sutton dans un post de son site Covert Shores, ce nouveau “Frankensam” pourrait changer bien des choses pour l’Ukraine et le contrôle russe de plus en plus précaire, s’il existe encore dans les faits, de la mer Noire.
Il est d’ailleurs fort possible que cette défense antiaérienne flottante et mobile ait déjà fait parler d’elle, sans que nous ne le sachions alors. Souvenons-nous de la chasse aux aéronefs russes menée par Kiev dans la région, et notamment des destructions multiples de Beriev A-50, très précieux et très rares avions russes de détection et de commandement : la possibilité qu’une telle arme ait alors été utilisée, plutôt qu’une lointaine batterie Patriot, avait déjà été évoquée, sans preuve à l’époque.
De nombreux autres avions des VKS, les forces aérospatiales russes, sont également tombés au-dessus de la mer Noire. Ils ont parfois été victimes de “tirs amis” et de défenses antiaériennes russes un peu trop pressées, mais il est fort possible que certains d’entre eux aient été “descendus” par l’un des drones-missiles de Kiev.
Ce type de défense antiaérienne flottante présente un autre avantage évident. La Russie musclant ses défenses face aux embarcations explosives ukrainiennes visant ses fiers navires, notamment en mettant plus de moyens aériens pour les abattre avant qu’elles n’atteignent leur cible, de tels “missiles flottants” pourraient permettre à Kiev d’écarter cette menace des cieux, pour mieux se concentrer sur son “toucher-couler” d’un nouveau genre. Bref, les déboires russes en mer Noire semblent loin d’être terminés.