Ukraine : Kiev a frappé un dépôt de son arme russe la plus redoutée, les bombes planantes KAB
Un Su-34 armé jusqu’aux dents, prêt à décoller pour aller frapper des cibles ukrainiennes.
La bombe KAB-500 est devenue la terreur des troupes ukrainiennes. Planante et guidée grâce à un kit ajouté à de vieux projectiles disponibles en très grandes quantités, elle peut être lancé sans risque pour les avions russes. Mais Kiev en a visé un important dépôt, sur la base de Kushchyovskaya.
Nous en parlions il y a quelques semaines : la Russie a ces derniers temps fait grand usage face à une Ukraine épuisée au front et manquant de tout, armes comme soldats, d’une arme à la fois rudimentaire mais terriblement efficace, les bombes planantes.
Celles-ci, nommées KAB pour “Korrektiruyemaya Aviabomba” (“bombe aérienne à trajectoire corrigée”), sont une adaptation de vieilles bombes dont le Kremlin dispose en très grandes quantités, notamment la FAB-500 dont la charge explosive est de 500 kg.
Pour un coût somme toute modique, des kits leur sont ajoutés, leur offrant un guidage de précision et, surtout, la capacité de planer sur des distances suffisamment grandes pour que l’aviation russe puisse les lancer sans risque, loin des défenses antiaériennes ukrainiennes.
The Independent ou The War Zone ont fait un portrait détaillé de la chose, et en particulier pour le second site de sa version la plus gargantuesque, basée sur la FAB-1500 M54, qui porte dans son ventre effrayant une tonne et demie d’explosifs.
Les bombes planantes, une terreur pour l’Ukraine
Comme l’expliquait le Financial Times le 7 avril, ces KAB ou bombes planantes russes sont devenues la terreur de l’Ukraine. À la fois de ses troupes au sol, qui sont régulièrement la cible de ces monstres explosifs, mais aussi de ses civils et infrastructures énergétiques, sur lesquelles (notamment) Moscou a décidé de s’acharner.
Selon des chiffres cités par Forbes, il pleut environ 3 000 de ces bombes planantes, chaque mois, sur des cibles ukrainiennes. L’urgence pour Kiev est donc double : frapper si possible les avions qui les portent puis les lancent, et chercher puis détruire les éventuels dépôts de munitions qui pourraient les abriter.
Détruire les bombardiers arrosant le pays de ces KAB n’est à l’évidence pas chose facile : les aéronefs peuvent effectuer leur sale tâche loin des défenses antiaériennes ukrainiennes, qui ne peuvent agir. C’est donc au sol, avec des missiles à longue portée, que Kiev intervient.
La ravageuse frappe récente sur l’aérodrome de Djankoï (ou Dzhankoi), si elle a surtout visé des hélicoptères de combat ou systèmes antiaériens S-300 et S-400, est un exemple de cette défense proactive.
Mais Djankoï, qui a pu être touchée grâce aux missiles ATACMS à longue portée discrètement transférés par les États-Unis, n’est pas le seul aéroport militaire frappé par Kiev, qui les traque avec avidité.
En avril, et comme le rapportaient alors la BBC ou la Voix du Nord, le pays clamait par exemple avoir démoli au moins six avions russes, et en avoir endommagé bien plus, lors d’une attaque massive contre la base de Morozovsk.
Un important stock de KAB visé sur la base de Kushchyovskaya
L’autre pan du plan de Kiev est donc de chercher à détruire, partout où elle le peut, les dépôts de munitions contenant, entre autres, ces bombes planantes qui lui font si mal, si souvent. Et il semble qu’elle réussisse en la matière de jolis coups.
Toujours selon Forbes, et des images satellites publiées sur les réseaux sociaux, la base russe de Kushchyovskaya, située à près de 200 kilomètres des positions ukrainiennes les plus proche, aurait été frappé le dernier week-end d’avril par une nuée de projectiles à longue portée, sans doute des drones, avec grand succès.
Et de manière massive : lors de plusieurs raids distincts, notamment (et encore) contre des raffineries russes, il est expliqué par les autorités russes que 66 appareils ont été descendus, ce qui laisse imaginer la taille des essaims employés pour noyer les défenses locales sous le nombre.
Selon le ministère britannique de la Défense, Kushchyovskaya est l’une des bases dont décollent les bombardiers portant puis lançant des KAB sur des cibles ukrainiennes. Il affirme que des images montrent des restes de bombes planantes, détruites dans l’explosion de leur centre de stockage.
Ce n’est certes sans doute qu’une goutte d’eau dans un océan de feu, et il reste des milliers de ces KAB à détruire pour Kiev, ou à lancer pour Moscou. Cela prouve néanmoins, poursuit le renseignement de sa Majesté, la capacité de l’Ukraine à disrupter les opérations aériennes russes. On se souvient aussi de la manière dont Kiev a chassé et abattu de précieux Beriev A-50, compliquant nettement la tâche de la “Voïenno-vozdouchnye sily Rossiï”, la force aérienne du Kremlin.
Si le pays continue à souffrir sur le terrain, devant reculer face aux assauts russes renouvelés avant l’arrivée en masse des obus et des armes occidentales, et notamment américaines, la montée en puissance des drones à longue portée de Kiev, et la livraison de missiles à l’allonge importante par les États-Unis multipliera les possibilités de réaliser de tels “coups”.
Rapportée par Newsweek, une vidéo montre ainsi des dizaines de militaires russes fauchés en plein air par un missile ATACMS, a priori à sous-munitions. L’Ukraine plie, voire ploie, mais elle ne rompt pas. L’afflux d’armes et de munitions pourrait redresser le rapport de force actuel, et les coûteuses et mortelles tactiques de la Russie, qui aurait perdu près de 6 000 hommes en moins d’une semaine selon Kiev et Newsweek encore, ne peut être viable sur le long terme.