Trois plages sous Pavillon Bleu en Ille-et-Vilaine : que signifie vraiment ce label ?

À Saint-Briac, deux plages conservent le label Pavillon Bleu. La commune l’obtient, depuis quinze ans.

Le palmarès du label Pavillon Bleu 2023 a été dévoilé. Une nouvelle fois, en Ille-et-Vilaine, seules trois plages l’arboreront cet été : deux à Saint-Briac-sur-Mer, et une au bord du lac d’Iffendic. À quoi correspond, au juste, cette labellisation ?

Tous les ans, peu avant l’été, l’association Teragir – qui s’est donnée pour mission l’éducation au développement durable – dévoile son palmarès des plages et ports de plaisance français qui pourront arborer un Pavillon Bleu, cette année. Ce label se veut synonyme de qualité des eaux de baignade – mais pas uniquement : « Depuis le début, notre label est décerné sur la base de nombreux critères qui prennent en compte ce qui est fait dans la commune, par exemple, en matière d’assainissement, de gestion des déchets, de mobilités douces, etc., renseigne Thierry Lerévérend, directeur général de Teragir. Bien sûr, ces critères – il en existe une soixantaine pour les plages – ont évolué au fil des ans : cette année, par exemple, nous avons renforcé celui qui porte sur la préservation de la biodiversité. Pour être labellisées, les communes devaient avoir réalisé un état des lieux de leur biodiversité communale. »

En 2023, 511 plages et ports de plaisance sont labellisés Pavillon Bleu en France.

Lire aussi : CARTE. Mer, lacs, rivière… Toutes les plages où se baigner en Ille-et-Vilaine

«Ã‚ Un gage de qualité » historique, à Saint-Briac

Actuellement, l’association réfléchit à valoriser l’attention portée à la ressource en eau. Cette notion devrait donc logiquement figurer dans les critères de labellisation, en 2024. « Cette année, le label concerne un peu plus de 500 sites en France. C’est un nombre en baisse d’environ 5 % par rapport à l’an dernier, note Thierry Lerévérend. C’est peut-être lié, effectivement, au fait que nous ayons rendu impératif le critère lié à l’état des lieux de la biodiversité. »

À Iffendic, le domaine de Trémelin de nouveau sous Pavillon bleu.

En Ille-et-Vilaine, depuis plusieurs années, seules deux communes (et trois plages, en tout), figurent chaque année, dans le palmarès de l’association. À Saint-Briac, deux plages remplissent les critères. Et se passer aujourd’hui du Pavillon Bleu paraît inenvisageable : « Il y a un petit côté historique », estime le nouveau maire de la commune, Philippe Fourneyron. Voilà en effet quinze ans que le fameux pavillon flotte à l’entrée des plages de la Salinette et de Port-Hue. Leur disparition soulèverait immanquablement des questions.

Élus briacins et services de la mairie y voient en outre « un gage de qualité », assorti d’une visite annuelle de contrôle, au cours de laquelle leur sont prodigués des conseils.

Une démarche qui coûte entre 1 000 et 2 500 €

Thierry Lerévérend confirme : « Si la première étape de la démarche de labellisation consiste à candidater et à élaborer un dossier que nos équipes étudient scrupuleusement, nous auditons aussi chacun des sites, y compris dans le cadre d’un renouvellement du label. »

C’est d’ailleurs ce travail de vérification que paient les communes candidates : « Cela leur revient entre 1 000 € et 2 500 € en fonction de la taille de la commune, et ce, même si elles n’obtiennent pas le Pavillon Bleu, en définitive. On n’achète pas ce label, insiste le directeur de l’association. En général, nous rejetons environ 5 % des demandes. »

Selon lui, le label est en tout cas bien identifié des touristes : « Une étude menée par l’Union européenne cette année confirme un sondage que nous avions nous-mêmes lancé, il y a quelque temps, livre-t-il. 67 % des Français connaissent le Pavillon Bleu. Et, pour les collectivités, nous nous rendons compte que c’est un outil de politique générale et de communication sur ce qui est fait, en matière de développement durable. »

Des labels florissants

Autant d’arguments qui, pourtant, n’incitent pas beaucoup de communes du littoral bretillien à tenter leur chance. À Saint-Lunaire, la mairie y a même renoncé, elle qui l’avait longtemps obtenu haut-la-main. Seulement, en 2017, « un malheureux concours de circonstances a conduit à un problème dans l’envoi du dossier », soupire encore Michel Penhouët, le maire. Il ne cache pas combien l’incident – qui avait conduit à la perte du label – avait douché les relations entre la commune et l’association.

«Â L’année suivante, on l’a redemandé pour prouver la sincérité et la constance de nos démarches, rappelle l’édile. Nous l’avons obtenu mais après, ça a été fini, plus question de le demander. Nous nous sommes tournés vers d’autres labels. »

En 2019, la station balnéaire devenait même « Meilleure petite ville pour la Biodiversité. » Sans Pavillon Bleu : « Ce qui n’empêche pas les analyses de nos eaux de baignades d’être bonnes », fait valoir le maire de Saint-Lunaire.

À Iffendic, le Pavillon bleu hissé au bord du lac depuis 2017

Le domaine de Trémelin à Iffendic, c’est un lac, une plage, une aire de loisirs, le point de départ de randonnées… Les bords du lac sont plébiscités dès les beaux jours. L’endroit est classé « station verte » et hisse tous les ans depuis 2017 le Pavillon bleu.

Chaque année, la commune débourse 1 000 € pour soumettre son dossier de labellisation. « C’est un gros dossier avec beaucoup d’éléments qui ne concernent pas que la qualité de l’eau, explique le maire, Christophe Martins. Nous devons répondre à toute une série de critères environnementaux qui sont contrôlés au moins une fois par an ».

Un investissement gagnant pour Iffendic. « Ce label a un vrai intérêt pour nous, il nous ouvre des pistes d’évolution. Il nous permet de nous améliorer pour une démarche de promotion d’un tourisme encore plus raisonné et durable. » Combiné au label Station verte qu’a aussi obtenu la commune, le Pavillon bleu entre dans « une approche environnementale et comportementale globale ».

«Â Le label est aussi un gage de qualité, assure l’élu. Je pense qu’il est même plus important pour nous que pour une commune de bord de mer car les lacs intérieurs souffrent encore d’une image pas très reluisante, liée notamment à la qualité de l’eau. Le Pavillon bleu permet de rassurer et de montrer qu’on peut s’y baigner ».