Tout ce que votre utérus fait pour vous (sans que vous ne le soupçonniez)

utérus fonctions inconnues

C’est un organe qui a longtemps effrayé l’Homme et qui, aujourd’hui, sort peu à peu de l’ombre via les écrits et les timides recherches qui lui sont consacrées.

Relayé des siècles durant au fait de porter la vie, l’utérus est désormais un objet d’étude à part entière, qui tend à être observé (et compris) pour aider à une meilleure prise en charge de la santé des femmes, comme plaide la sage-femme et auteure Leah Hazard dans son livre Utérus, cet organe méconnu aux pouvoirs extraordinaires (Ed. Les Arènes).

“Plutôt que d’envisager les véritables formes et fonctions de l’utérus dans tout ce qu’il peut avoir d’imprévisible, de complexe et de parfois rebutant, la science à longtemps préféré imaginer l’utérus non gravide comme une sorte de boule de cristal, objet inerte, pur et immaculé, qui n’a de sens qu’en ce qu’il présage le futur d’un foetus”, écrit-elle dans les premières pages de l’ouvrage.

Pourtant, les rôles remplis par l’organe sont divers et variés. Voici donc cinq choses que ce dernier fait pour vous – si vous en possédez un – sans pour autant que vous ne le soupçonniez.

Il aide à l’évacuation des hormones de la grossesse, dès la naissance

Dès les premières heures de vie, l’organe se manifeste déjà, des années avant qu’il prenne ses fonctions connues de tous.tes – d’abord lors de la survenue des règles, puis au moment de la grossesse -.

Pourtant, quelques heures ou jours après la naissance de certaines petites filles, il n’est pas rare d’observer des traces rougeâtres dans leurs couches. Celles-ci sont dues aux “règles du nouveau-né” et à la chute des hormones de grossesse.

Dans le corps de la mère, ces dernières ont entraîné, chez le bébé, un épaississement temporaire de l’endomètre (comme ce sera le cas chaque mois ensuite, à partir du début des menstruations). À la naissance, l’imprégnation diminue et cette partie de la paroi utérine se détache et est évacuée sous forme de “règles”, comme l’explicite la sage-femme dans son ouvrage.

“Attention, ce n’est pas systématique. Et ce n’est pas parce que ces règles ne se produisent pas que cela signifierait que la petite fille n’a pas d’utérus !”, nuance toutefois Nicolas Dutriaux, sage-femme, auprès de Doctissimo.

Si très peu d’études ont été portées sur l’utérus en stade néonatal – Leah Hazard constate d’ailleurs un manque criant d’information, ayant rassuré des centaines de mères s’affolant quelques jours après la naissance de leur fille et comme en attestent doublement les dizaines d’articles anglophones qui répondent à la question “mon bébé saigne du vagin, est-ce que c’est normal ?” -, il est clair, par cette illustration, qu’il est loin d’être l’organe “silencieux”, comme on l’a longtemps laissé penser.

L’utérus “aspire” les spermatozoïdes pour faciliter la conception

Dans une étude de 2015, parue dans la revue Sexual Medicine Reviews, des chercheurs s’interrogeaient sur le rôle de l’utérus comme organe sexuel – en rapport avec des femmes ayant subi une hystérectomie -.

Leurs conclusions notaient que “la majorité des femmes ont démontré une fonction sexuelle inchangée ou améliorée après une hystérectomie réalisée par n’importe quelle voie à court terme”. Pour autant, on parle bien d’orgasme utérin (par stimulation du col de l’utérus), ce qui évoque un éventuel rôle de l’organe dans la sexualité. Mais celui-là bénéficierait finalement plus à la conception qu’au plaisir.

Leah Hazard cite des travaux de recherches publiés en 1998 dans la revue Human Reproduction Update. Via une “simulation minutieuse de coït humain” (avec injection d’hormones et de microsphères radiomarquées), les scientifiques sont parvenus à démontrer qu’après un orgasme provoqué, l’utérus “aspire” les spermatozoïdes, pour mieux les diriger vers l’ovule.

“Ces données soutiennent que l’utérus et les trompes de Fallope représentent une unité fonctionnelle qui agit comme une pompe péristaltique”, concluaient alors les chercheurs.

En clair : “le col est en fait un videur, retenant les spermatozoïdes dans des milliers de minuscules cryptes, ne laissant passer que les plus présentables. Les parois de l’utérus se contractent activement pendant l’orgasme pour aspirer ces gamètes mâles vers l’ovule”, schématise parfaitement The Guardian.

Le col de l’utérus “stocke” le sperme et décide du moment de la fécondation

En effet, la sage-femme revient sur les travaux du médecin Vaclav Insler, parus en 1980 dans la revue Fertility and Sterility.

Via une expérience d’insémination menée sur une échantillon humain, il aurait démontré que la partie inférieure du col de l’utérus “semble stocker le sperme dans plus de 20 000 minuscules ‘cryptes’”.

Mais plus surprenant encore, au-delà de cette fonction de “rangement”, l’organe semble également faire la différence entre les “qualités” de semence.

“Le pourcentage de cryptes colonisées et la densité des spermatozoïdes étaient fortement réduits chez les patientes inséminées avec des spermatozoïdes anormaux”, résume l’auteure dans son ouvrage.

Toujours selon l’étude mentionnée, on apprend que “les plus viables” sont ensuite libérés lentement dans le corps de l’utérus (dans certains cas, jusqu’à une semaine après l’insémination).

Un organe connecté au cerveau qui pourrait influencer nos émotions 

Si l’on parle du ventre comme de notre “deuxième cerveau”, il se pourrait que l’utérus se fasse également une place sur le podium de la connexion.

Longtemps délaissé, l’axe utéruscerveau est désormais l’objet d’études. En 2019, la première portée sur le sujet – et menée sur un échantillon animal -, publiée dans le journal Endocrinology, arguait qu’une interaction entre les deux organes était indéniable et que l’utérus semblait “jouer un rôle” dans le bon fonctionnement de la mémoire.

Dans son ouvrage, Leah Hazard souligne que l’utérus pourrait également “influencer nos pensées et nos sentiments”, comme le reprend The Guardian.

Cependant, les recherches se font encore rares. Surprenamment (ou pas), si la communauté scientifique a longtemps associé l’utérus à l’hystérie et à la “surcharge émotionnelle”, personne ne s’était réellement intéressé au (vrai) lien entre les émotions et l’organe jusqu’à peu…

Son microbiote pourrait être la clé de plusieurs pathologies 

Similairement à l’intestin, on apprend aussi au fil de l’ouvrage que l’utérus possède, lui aussi, son microbiote. Et ce microbiote utérin pourrait bien être la clé à la prise en charge de nombreuses pathologies – féminines ou non -.

“Ce que la plupart d’entre nous ont appris, c’est que l’utérus est cet environnement parfaitement vierge qui est le seul espace du corps humain entièrement exempt de bactéries. Même si nous savons que le vagin a sa propre flore, on croyait que l’utérus était complètement stérile et scellé. Ce qui est devenu évident au cours des trente dernières années, c’est que ce n’est pas vrai et que l’utérus a son propre microbiome composé de milliards de types de flore différents”, nous confie Leah Hazard.

Pour elle, la plupart de ces bactéries sont “probablement inoffensives”, mais certaines pourraient contribuer à l’état de santé ou à la maladie, dans la vie d’une femme. “Les scientifiques commencent à peine à comprendre cet environnement et la manière dont il peut être lié à des phénomènes tels que le cancer de l’endomètre, à l’obésité et à des maladies comme le diabète”, assure-t-elle.

Alors, s’il s’agit là d’un domaine de recherche très récent – comme tout ce qui tourne autour de l’organe et qui n’est pas en lien avec la grossesse, finalement – il se pourrait que, dans les prochaines années, d’autres pouvoirs insoupçonnés de l’utérus soient dévoilés.

Plus de “Santé” :