Toomaj, rappeur condamné à mort en Iran : un collectif appelle Macron à « agir par tous les moyens »
Le week-end dernier, des manifestations ont eu lieu dans le monde pour dénoncer la condamnation à mort en Iran de Toomaj Salehi. Le Parisien/Arnaud Journois
Ils en appellent à Emmanuel Macron. Un collectif appelle le chef de l’État français à « agir par tous les moyens pour faire lever la peine de mort du rappeur Toomaj Salehi prononcée par la République islamique d’Iran ».
«Ã‚ Monsieur le Président de la République, le 24 avril, les autorités judiciaires de la République islamique d’Iran annonçaient la condamnation àmort de Toomaj Salehi, rappeur contestataire et militant du mouvement Femme, vie, liberté. La vraie mort est celle de se résigner au désespoir, nous dit Toomaj Salehi dans ses textes. Aussi, nous demandons à la France de réagir et de porter sa voix », lance un collectif d’artistes, d’écrivains et de militants des droits humains. Parmi eux la comédienne Golshifteh Farahani, la philosophe Élisabeth Badinter, les comédiens François Cluzet et Agnès Jaoui ou encore la dessinatrice Marjane Satrapi, dans une tribune publiée mardi soir dans le Monde.
«Ã‚ Ce chanteur de rap a pris le risque de manifester, mais a surtout été catalyseur des idéaux de cette population iranienne avide de liberté et de démocratie », soulignent les signataires de cette tribune. Ils ajoutent que « le rap, que Toomaj manipule avec ardeur, s’est révélé être un formidable outil politique dénonçant le totalitarisme du régime et sa corruption, encourageant le peuple àne faire qu’un et àse soulever pour la liberté ».
À seulement 33 ans, le rappeur est connu pour son engagement contre le pouvoir répressif en place en Iran. Il a été condamné à mort le 24 avril 2024 pour « corruption sur Terre », l’un des chefs d’accusation le plus grave dans ce pays.
En 2022, il avait pris part aux manifestations qui avaient secoué l’Iran après la mort de Mahsa Amini, une jeune étudiante de 22 ans arrêtée par la police des mœurs. Un mois après, Toomaj Salehi sortait le titre Battlefield, dans le clip duquel il diffusait des images des manifestations. À l’époque, plus de 500 Iraniens avaient alors été tués en marge des manifestations, et près de 20 000 personnes, parmi lesquelles Toomaj Salehi, avaient été arrêtées.
Privé de communications téléphoniques
D’abord condamné à six ans de prison, il a finalement libéré sous caution et a témoigné dans une vidéo sur YouTube de la torture qu’il a subie, avant d’être à nouveau arrêté et condamné à mort par un tribunal révolutionnaire d’Ispahan (centre).
Mardi, les autorités iraniennes ont privé de communications téléphoniques le rappeur dont la condamnation à mort provoque de vives protestations à travers le monde. « La permission de téléphoner de Toomaj a été supprimée dans la prison Dastgerd d’Ispahan », selon le compte X officiel qui porte son nom et qui est contrôlé désormais par un administrateur. « Cela signifie qu’il n’a plus aucun contact avec sa famille et le monde extérieur », a-t-il ajouté. « De plus, dans le but d’exercer sur lui une pression psychologique maximum, tous les prisonniers de Dastgerd ont l’interdiction de lui parler et ont été menacés de punitions sévères s’ils le font ».
La députée allemande Ye-One Rhie, qui suit activement son dossier, a posté ce commentaire sur X : « Soyons clairs : c’est de la torture ». Cette condamnation à mort du rappeur a été dénoncée par la France, l’Italie, et les experts d’un groupe de travail de l’ONU. Des manifestations de soutien ont été organisées le week-end dernier dans plusieurs villes du monde, notamment Toronto, Paris et Sydney.
Le régime de Téhéran a déjà exécuté neuf personnes en lien avec ce soulèvement, selon des ONG. Six autres sont menacées d’exécution imminente, selon l’ONG Iran Human Rights.