L’actrice Sarah Grappin en 1999. AFP / Pascal Guyot
Elle souhaite dénoncer « l’impunité et ses dégâts ». L’actrice Sarah Grappin a dénoncé mardi dans L’Obs une relation d’emprise avec le réalisateur Alain Corneau, entamée dans les années 1990 alors qu’elle avait 16 ans et lui 52.
Ces révélations interviennent quelques jours après les plaintes déposées par l’actrice Judith Godrèche contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viol sur mineure de 15 ans, entre 1986 et 1992. Le témoignage de l’actrice l’a convaincue de dénoncer publiquement une relation similaire qu’elle a entretenue avec le réalisateur Alain Corneau, qui lui avait offert son premier rôle dans « Le Nouveau Monde », en 1994, alors qu’elle était âgée de 16 ans.
C’est pendant le tournage de ce film que le cinéaste, récompensé quelques années plus tôt par le César du meilleur réalisateur en 1992 pour « Tous les Matins du Monde », l’aurait embrassée pour la première fois. Le point de départ d’une relation d’emprise qui va durer un an et demi.
« Sortir du déni »
Âgé d’une cinquantaine d’années à l’époque, Alain Corneau l’emmène dans des cafés, au cinéma, ou l’invite au restaurant. Plusieurs fois, il lui donne aussi rendez-vous chez lui. « Une fois, il m’a accueillie en sari indien, il s’est assis en tailleur et m’a mise à califourchon sur lui. Il m’a pénétrée avec ses doigts devant, derrière, et il a dit qu’on n’irait pas plus loin », raconte à L’Obs l’actrice, qui évoque des pénétrations digitales à deux autres reprises dans la voiture du réalisateur.
«Ã‚ Pour survivre », la jeune femme se raconte « une grande histoire d’amour ». « Le travail des dernières années a été de sortir du déni », confie-t-elle. Les échanges avec le réalisateur se font de plus en plus rares jusqu’àsa mort, en 2010. Sarah Grappin prend conscience de la nature abusive de leur relation. Après avoir hésité àraconter son histoire au début du mouvement #MeToo en France, elle s’est aujourd’hui décidée àparler pour « dénoncer l’impunité et ses dégâts », indique L’Obs.
Sollicitée par l’hebdomadaire, Nadine Trintignant, l’ex-femme du réalisateur, a qualifié ces accusations de « ridicules ». Le producteur du « Nouveau Monde » Jean-Louis Livi a quant à lui déclaré « tomber des nues », et s’est dit « révolté » par le témoignage de Sarah Grappin.
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