Panneau de propagande russe.
Hemil Ashvinbhai Mangukiya, un ressortissant indien de 23 ans, est décédé le 21 février à la suite d’une attaque ukrainienne de missiles dans la région de Donetsk. Son histoire a été racontée par nos confrères de The Indian express. Il avait été recruté par internet, puis enrôlé comme « soutien de l’armée » russe mi-décembre. La nouvelle de sa mort a été un choc pour sa famille, qui savait qu’il travaillait en Russie, mais sans se douter qu’il avait été envoyé sur le front.
Selon des sources indiennes, des dizaines de citoyens de leur pays auraient suivi un parcours similaire à celui d’Hemil Ashvinbhai, rejoignant ainsi le front en Ukraine. Un traducteur originaire de l’Inde, qui travaille dans un centre de recrutement militaire à Moscou, a déclaré à l’AFP avoir supervisé l’enrôlement de « 70 à 100 » Indiens. Mais « chaque grande ville dispose d’un centre de recrutement où sont traités les ressortissants étrangers », a-t-il précisé. De son côté, le ministère russe de la Défense parle plutôt d’une centaine de cas, tout au plus.
Hemil Ashvinbhai était originaire de Gujarat, une région de l’ouest de l’Inde sans réelles perspectives d’emploi, si bien que les jeunes partent désormais chercher du travail dans d’autres pays. Lui est parti en Russie. « Nous (sa famille) l’avons autorisé à aller travailler à l’étranger pour ne pas avoir à faire face à des difficultés financières. Il voulait gagner plus d’argent pour pouvoir économiser pour son mariage et démarrer sa propre entreprise », a déclaré son père.
À l’instar du jeune indien, les hommes partis en Russie venaient de familles pauvres et ont été attirés par la promesse d’un salaire élevé. « BabaVlogs », de son vrai nom Faisal Khan, est un agent indien basé à Dubaï qui se consacre sur ses réseaux sociaux à mettre en avant les contrats de l’armée russe. Dans ses vidéos, il garantit 3600 dollars à ceux qui s’engagent comme « soutien » en Russie.
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«Je n’avais jamais touché de fusil»
Les recrues avaient toutefois été assurées qu’elles n’auraient pas à prendre les armes. « Vous n’êtes pas obligés de vous battre. Tout ce que vous aurez à faire sera de déblayer les bâtiments détruits [et] d’entretenir les armureries. », avait affirmé « BabaVlogs ». Mais les Indiens ont dû suivre un entraînement pour le maniement des armes, puis ont été envoyés sur le front en Ukraine. Le père d’Hemil Ashvinbhai raconte : « Nous avons appris qu’après avoir travaillé pendant quelques jours, on lui a dit de signer un document écrit en russe, et qu’il a ensuite été emmené dans la zone de guerre avec un fusil. »
Aucune expérience militaire préalable n’est requise pour ces Indiens qui rejoignent l’armée russe. Un homme du Kashmir blessé sur le front explique avoir été envoyé à Marioupol avec un compatriote indien et neuf autres étrangers venant de Cuba et du Népal. « Je n’avais jamais touché de fusil. Il faisait extrêmement froid, et avec le fusil dans ma main gauche, je me suis tiré dans le pied », a-t-il déclaré à la BBC. Un autre implore : « S’il vous plaît, sortez-nous de cet endroit. Sinon, ils nous enverront au front. Nous n’avons aucune expérience. Les agents [russes] nous ont mis dans cette situation. »
D’autres sources du journal indien The Hindu et de la BBC affirment que l’armée russe est transparente sur ce qu’elle demande dans ces contrats, et qu’il est possible de les retrouver en ligne. L’une d’elles ajoute toutefois que les personnes ne comprenant pas le russe ont été dupées par des agents de recrutement. Le contrat stipule un engagement pour un an minimum et ne prévoit aucun congé ou aucune sortie avant six mois de service.
Leur passeport leur ayant été confisqué, les recrues indiennes sont coincées en Russie. Des hommes ont contacté l’ambassade de l’Inde à Moscou pour demander un rapatriement mais n’ont pas eu de réponse, selon The Hindu. Le ministère indien des Affaires étrangères a par la suite affirmé que des Indiens ont été autorisés à des congés, après qu’il a contacté les autorités russes. L’Inde, proche allié de la Russie, n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine depuis le 24 février 2022.
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