Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko et son parti au centre de toutes les attentions

La ministre de la justice n’a pas exclu, mardi 20 février, une libération de l’opposant incarcéré depuis juillet 2023.

au sénégal, l’opposant ousmane sonko et son parti au centre de toutes les attentions

Un homme libéré de la prison de Rebeuss s’adresse à la presse, le 19 février à Dakar, après l’élargissement de près de 300 détenus, pour la plupart sympathisants d’Ousmane Sonko.

Après sept mois d’exil volontaire au Canada, Ababacar Sadikh Top a annoncé, lundi 19 février sur Facebook, son arrivée au Sénégal. Après Ngagne Demba Touré, coordonnateur de la jeunesse de l’ex-Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), apparu la veille à Dakar lors d’un meeting et arrêté depuis, c’est la deuxième grande figure du mouvement de l’opposant Ousmane Sonko à rendre public son retour au pays, dans un contexte de crise inédite provoquée par le report de l’élection présidentielle.

Autrefois considéré comme un paria par le pouvoir, le leader de l’ex-Pastef, incarcéré depuis juillet 2023 pour diverses accusations, dont « appel à l’insurrection », est à nouveau au centre du jeu politique. Le 9 février, il a reçu la visite de l’homme d’affaires Pierre Goudiaby Atepa à la prison du Cap Manuel. L’architecte, qui s’était entretenu la veille avec le président Macky Sall, s’est présenté par la suite comme l’un des médiateurs œuvrant, avec l’aval des autorités, pour tenter de trouver un compromis avec la principale force d’opposition.

Au Sénégal, l’opposition front contre front

Après une directive du chef de l’Etat adressée à son gouvernement « pour pacifier l’espace public », près de 350 détenus, pour la plupart sympathisants d’Ousmane Sonko arrêtés lors des manifestations de mars 2021 et juin 2023, ont été placés en liberté provisoire. « Nous sommes dans le sens de la décrispation, dans le sens de l’apaisement de la tension politico-sociale », a déclaré mardi 20 février la ministre de la justice Aïssata Tall Sall, lors d’une conférence de presse, n’excluant pas qu’Ousmane Sonko et son second, Bassirou Diomaye Faye – dont la candidature à la présidentielle a été validée malgré son incarcération – soient également élargis. « Les dossiers s’apprécient au cas par cas, tout est possible selon la loi, tout est possible selon la procédure », a-t-elle affirmé. D’après un collaborateur de la ministre, plus de 200 autres dossiers sont à l’examen.

Pour Pierre Goudiaby Atepa, interrogé par RFI, ces libérations étaient exigées Ousmane Sonko comme préalable à toute discussion. Mais, au Pastef, rares sont les cadres qui acceptent de s’avancer sur les enjeux de cette médiation. « Ce que M. Atepa dit n’engage que lui. Quand viendra le moment pour Sonko de se prononcer – s’il en a l’occasion bien sûr –, il le fera. Et à ce moment, on saura sa position », assène Ousseynou Ly, membre du cabinet de l’opposant.

Les piques de Khalifa Sall

Cette attention accordée au maire de Ziginchor n’est pas du goût de tout le monde. L’ancien marie de Dakar, Khalifa Sall, candidat à l’élection présidentielle, ne s’est pas privé de souligner l’opacité des négociations en cours. Cet ancien allié du Pastef avait été exclu en août de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi à cause de sa participation au dialogue national convoqué en mai par Macky Sall et accusé de « collusion » avec la majorité présidentielle. « Nous avions assumé et expliqué notre décision d’aller dialoguer, mais concernant cette libération des prisonniers, que nous saluons, le peuple doit savoir quelles négociations les sous-tendent et quel est leur objectif », a lancé le leader de Taxawu Sénégal, ce week-end, lors d’un point presse.

Ces dernières années, les concertations avec le pouvoir ont souvent été périlleuses pour les opposants, parce qu’elles pouvaient être perçues comme une preuve de compromission par une partie de l’opinion publique et de l’opposition. Pour l’heure, les responsables de l’ex-Pastef invoquent « l’absence d’information et d’accès à Sonko », ou encore un débat « pas à l’ordre du jour » au sein de la formation, mais tiennent à rappeler ne jamais avoir été opposés à un dialogue avec le pouvoir.

Au Sénégal, le crépuscule du président Macky Sall

«Ã‚ Sur le principe, le parti n’est pas contre le dialogue, mais le président Sonko a longtemps répété qu’il ne dialogue pas le couteau sous la gorge ou le pistolet sur la tempe, précise Ayib Daffé, député et secrétaire général par intérim du mouvement. Quoi qu’on dise, notre parti est dissous, notre président et notre secrétaire général et candidat à la présidentielle [Bassirou Diomaye Faye] sont en prison : ce sont des limites objectives à un dialogue. »

Une amnistie générale ?

«Ã‚ Macky Sall vise Sonko en parlant d’élection inclusive, mais par quelle voie compte-t-il l’intégrer ? Une amnistie générale qui effacerait les condamnations de Sonko et aussi les crimes de l’Etat ? Sonko dit niet ! Qu’on se limite aux 20 candidats validés ! [ils ne sont plus que 19 après le retrait, lundi, de Rose Wardini] », assène un cadre du parti.

Présidentielle au Sénégal : la nouvelle date de l’élection, point majeur en suspens dans la crise politique

Le 16 février, le chef de l’Etat a annoncé lancer « sans tarder les concertations nécessaires » pour l’organisation du scrutin, mais l’entourage d’Ousmane Sonko ainsi qu’une grande partie de la classe politique affirment ne pas encore avoir été conviés. Seize candidats ont d’ailleurs averti, lundi, que Macky Sall ne pourrait plus « rester au pouvoir ou faire autorité » au-delà du terme de son mandat le 2 avril, soulignant « l’urgence d’exécuter la décision du Conseil constitutionnel ».

«Ã‚ Mon intime conviction est que nous ne devons pas accepter qu’on viole la Constitution en dépassant la date du 2 avril, c’est une manière de prolonger le mandat de Macky Sall. Mais on peut réduire la durée de la campagne si les acteurs s’entendent, car il n’y a pas d’intangibilité sur ce point », affirme Dame Mbodj, membre de la coalition Diomaye Président.

Après une première marche autorisée samedi dernier, le collectif citoyen Aar Sunu Election (« protégeons notre élection ») a annoncé un nouveau rassemblement le 24 février. Quatre manifestants ont été tués depuis le début de la crise préélectorale. Le dernier, Prosper Senghor, étudiant en mathématiques de l’université de Saint-Louis âgé de 22 ans, est mort mercredi 21 février des suites de ses blessures. Il avait été touché par une grenade lacrymogène dix jours plus tôt alors qu’il protestait contre le décès d’un de ses camarades, Alpha Yoro Tounkara, en deuxième année de licence de géographie.

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