Sur fond de triche, le malaise Penske pèse sur l'Indycar à Indianapolis

Josef Newgarden et Tim Cindric, suspendu, lors des derniers 500 miles d’Indianapolis. (J. Skibinski/Indycar)

Alors que débute le mois avec trois week-ends de course jusqu’aux 500 miles d’Indianapolis le 26 mai, l’Indycar est en proie à un certain malaise, à la suite du scandale de triche ayant touché l’équipe Penske et notamment sa tête d’affiche Josef Newgarden.

Déjà victime de quelques problèmes récemment (l’arrivée repoussée de la motorisation hybride notamment), l’Indycar se serait bien passée de cette entame de saison agitée hors piste. Notamment à l’entame de ses trois week-ends de course à Indianapolis, avec les 500 miles en point d’orgue, le 26 mai (et le GP d’Indy samedi soir à 21h30). Au coeur de la tempête on retrouve l’écurie Penske, détenue par Roger Penske, qui est depuis 2019 également le propriétaire du Championnat lui-même et du circuit d’Indianapolis. L’équipe est éclaboussée par un scandale de triche dont le feuilleton n’en finit plus de se dérouler.

Si la faute remonte à la course d’ouverture de la saison, le GP de St Petersburg, remporté en piste par Josef Newgarden, accompagné sur le podium par son coéquipier Scott McLaughlin (3e), le problème n’a été découvert qu’un mois plus tard, juste avant la course de Long Beach. Pour faire simple, à « St Pete » fin mars, les trois voitures Penske avaient la possibilité d’utiliser le push-to-pass (un système qui ajoute 50 chevaux pendant une durée limitée) de manière illégale au moment des « restarts ». Après enquête, Newgarden (trois utilisations pour neuf secondes de boost de puissance au total) et McLaughlin (une utilisation pour 1”9) sont disqualifiés, alors que Will Power, qui n’a pas fait usage du système, écope de dix points de pénalité au Championnat. Le tout rehaussé de quelques amendes salées.

Le 24 avril, jour de l’annonce des sanctions, Power et McLaughlin ont immédiatement dégainé des communiqués à titre personnel sur leurs réseaux sociaux. Le premier pour dire qu’il n’avait pas fauté, et donc n’avait rien à se reprocher. Le second, arguant qu’il avait appuyé par réflexe et avait stoppé immédiatement quand il a senti l’effet de son geste, démontrant donc que sa probité ne saurait être mise en doute. En creux, ces déclarations ont mis la pression sur Newgarden. La tête d’affiche de l’équipe et tentant du titre aux 500 miles d’Indianapolis.

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Ce n’est que deux jours plus tard, en conférence de presse, avant la course de Barber (qui sera remportée par… McLaughlin), que Newgarden s’est enfin exprimé. Des trémolos dans la voix, le natif du Tennessee a dit et répété qu’il méritait sa sanction car il avait fauté. Mais que tout cela était arrivé de bonne foi car il n’était pas au courant du règlement…

Plus que la faute en elle-même, c’est la manière dont l’écurie a géré la chose qui a agacé dans les garages. La double casquette de Penske, pourtant célébré au moment du rachat de l’Indycar en 2019 puis pour la gestion de la crise du Covid-19, est devenue tout à coup plus problématique, les autres membres de la grille jugeant alors comme peu sincères les diverses explications et déclarations de Team Penske. « Leur communiqué est un mensonge éhonté et tout le monde le sait, a même tonné un patron d’écurie sous couvert d’anonymat dans l’IndyStar. Quand on lit ça dans les équipes, on se dit : ‘Mais c’est une plaisanterie ou quoi ?’ Répéter un gros mensonge ne le rend pas pour autant vrai. »

Sentant peut-être que les sanctions données par l’Indycar ne suffiraient pas à calmer les aigreurs, Team Penske a diligenté une enquête interne et de nouvelles punitions sont venues s’ajouter à celle du Championnat, avec notamment la suspension de quatre membres de l’équipe pour les deux épreuves à venir, dont les 500 miles d’Indianapolis, LA course de la saison. Principal puni, Tim Cindric, qui a la double casquette de stratégiste de Newgarden et de président de Team Penske, est accompagné sur la touche par les deux ingénieurs les plus proches de Newgarden.

Un silence pesant

L’autre point d’agacement concernait le long silence de l’homme au centre du jeu, Roger Penske, qui était en voyage en Europe au moment de la course à Long Beach. Il n’a finalement pris la parole que cette semaine, avec une interview au site racer.com, où il dévoile notamment que le logiciel mis en cause avait été installé voilà huit mois, alors que les monoplaces allaient être utilisées en test.

Quant aux apparences de conflit d’intérêt dans cette affaire, l’expérimenté patron (87 ans) les a écartées d’un revers de la main. « Notre juriste en chef a procédé à une enquête complète et montré qu’il n’y avait aucune intention malveillante, a-t-il expliqué toujours à racer.com. Ce n’était qu’une question de processus et de communication à l’intérieur de l’équipe. Nous avons bâti notre réputation sur le fait de faire ce qui est juste et je suis désolé que certains de vos lecteurs – vous-même peut-être – ressentent les choses différemment. Mais avoir une enquête externe dans ce cas, je ne pense pas que c’était nécessaire. » Les futures déclarations, anonymes ou pas, des patrons d’écurie, pendant les deux semaines à venir à Indianapolis, confirmeront si Penske a eu raison de procéder ainsi.

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