Steve Albini, producteur pour Nirvana, Pixies, PJ Harvey, est décédé à 61 ans
Le producteur et musicien américain Steve Albini.
Le producteur et musicien américain Steve Albini est décédé mardi 7 mai d’une crise cardiaque. Leader des groupes hardcore Shellac et Big Black, il était devenu une référence du rock indépendant en enregistrant, entre autres, des albums de Nirvana et des Pixies.
«Â Si un disque met plus d’une semaine à être enregistré, c’est que quelqu’un a merdé. » Cette phrase de Steve Albini résume bien la façon de travailler du producteur. Il est décédé d’une crise cardiaque au Electrical Audio, son studio d’enregistrement de Chicago, à 61 ans, mardi 7 mai, annonce le site américain Pitchfork.
De l’ingénieur du son devrait-on même plutôt dire tant Steve Albini se présentait lui-même comme un « antiproducteur ». Il cherchait à saisir le plus à l’os la musique des groupes qui l’enregistrait. C’est pour cela qu’après le carton de Nevermind, Kurt Cobain avait insisté pour travailler avec Albini sur In Utero.
Punk hardcore sans concession
Né en Californie, Steve Albini voit sa vie changer le jour où il découvre la musique des Ramones, une des premiers groupes de punk américain. Étudiant en journalisme, il décide alors qu’il habite Chicago de se lancer dans la musique.
Dès le début des années 1980, il fonde Big Black, groupe de punk hardcore sans concession qui se saborde en 1987 après Songs About Fucking, un album devenu culte. Il fonde ensuite Rapeman, groupe au nom douteux inspiré d’un manga japonais, un choix « désinvolte » qu’il dira regretter ensuite. .
Au début des années 1990, il joue au sein de Shellac, cinq albums au compteur, groupe avec lequel il devait repartir en tournée ces jours-ci. Ne cherchez pas leurs morceaux sur les sites de streaming. Albini a toujours refusé que sa musique soit diffusée ainsi.
Une légende du rock alternatif
Mais c’est surtout comme producteur et ingénieur du son que Steve Albini est devenu une légende du rock alternatif. À son actif, In Utero de Nirvana, Surfer Rosa de Pixies et Rid of Me de PJ Harvey pour les plus célèbres.
Mais le son Albini était aussi recherché par des musiciens aguerris comme Robert Plant et Jimmy Page ou Jarvis Cocker, pars de musiciens folk, de Jason Molina avec Songs Ohia à Joanna Newson et Elysian Fields en passant par Palace. Il avait aussi posé sa patte sur les disques de groupes français, comme les Thugs, Dionysos, H-Burns et Sloy.
Hostile à toute starification
Hostile à toute starification, Steve Albini assurait qu’il travaillerait avec n’importe quel musicien payant ses cachets. Il refusait par ailleurs de toucher les royalties sur les enregistrements qu’il produisait pour d’autres artistes. « J’essaie d’aider les petits groupes et de collaborer avec ceux qui ont le même état d’esprit que moi, expliquait-il dans les années 1990. Il faut que cela sonne comme si le groupe jouait live. »
Pour cela, Albini avait toujours préféré les techniques analogiques au numérique. Main de fer dans un gant de fer, Steve Albini avait une autre passion : le poker. Il y avait eu pour le coup la main heureuse, remportant récemment notamment des tournois des World Series of Poker. Il devait repartir sur scène avec Shellac pour défendre un nouvel album To All Trains, dont la sortie est prévue la semaine prochaine. Mauvaise donne, le cœur a lâché.