Alors que tous les patients avaient la même description de leurs symptômes, “les répondants ont estimé que davantage d’urgences vitales concernaient des hommes (62 %) que des femmes (49 %)”, relève l’étude.
Un camion de pompiers devant le service d’urgences du CHU de Nantes, en Loire-Atlantique, le 15 mars 2017 (illustration)
Les soignants qui travaillent dans des services d’urgences ont tendance, selon une étude publiée en décembre dans l’European Journal of Emergency Medicine et repérée par Midi Libre, à moins prendre au sérieux les femmes et les personnes noires présentant des symptômes de syndrome coronarien aigu.
Ce dernier se présente notamment par “une douleur très forte dans la poitrine, avec sensation d’oppression” et des symptômes comme des nausées, des vomissements, des sueurs ou de l’anxiété, selon le site de l’Assurance maladie. Il peut entraîner une crise cardiaque.
Des urgences vitales plus associées aux hommes
Pour cette étude, 1.563 médecins urgentistes, résidents ou infirmières travaillant dans des services d’urgence de France, Belgique, Suisse ou Monaco ont reçu un questionnaire.
Celui-ci comprenait une image de patient, avec une description de ses symptômes évoquant un syndrome coronarien aigu. Les participants devaient déterminer le niveau d’urgence de ce cas, comme ils le font dans leurs services habituellement. Mais ils n’ont pas tous reçu la même image: leur sexe et leur appartenance ethnique différaient selon les participants.
Alors que tous les patients avaient la même description de leurs symptômes, “les répondants ont estimé que davantage d’urgences vitales concernaient des hommes (62 %) que des femmes (49 %)”, relève l’étude. “Cela pourrait être dû à une présentation plus sévère des hommes consultant à l’urgence ou à des vignettes cliniques plus fréquentes présentant des hommes en formation médicale”, expliquent ses auteurs.
Les patients noirs “moins susceptibles de recevoir un traitement d’urgence”
“Comparés aux patients blancs, les patients noirs étaient moins susceptibles de recevoir un traitement d’urgence”, ajoute l’article. Les personnes interrogées ont plus souvent estimé que les patients à l’apparence nord-africaine avaient une urgence vitale (61 %) que l’apparence blanche (58 %), asiatique (55 %) et noire (47 %). Et pour les femmes noires, double peine: seules 42% des personnes interrogées les voient en urgence vitale.
Parmi les limites de cette étude, les auteurs relèvent que l’échantillon n’est pas représentatif de la population générale car “seuls les médecins, résidents et infirmiers motivés à répondre au questionnaire sont représentés”. Par ailleurs, les images utilisées ont été générées par intelligence artificielle, et même si la requête effectuée était la même, le résultat donnait une corpulence, une position, une grimace et un regard différent selon chaque profil généré, “ce qui pouvait influencer l’évaluation de la priorité et surtout le niveau de douleur”.
Un retard qui peut être dangereux
Ce n’est pas la première fois que des discriminations dans la prise en charge médicale sont soulignées. Une étude publiée en mai 2022 dans la revue médicale Jama constatait par exemple que les femmes étaient “plus susceptibles” de subir des retards dans le triage (qui consiste à déterminer quels cas sont les plus urgents) après un traumatisme grave que les hommes. Un cas a marqué la France en 2017: celui de Naomi Musenga, morte d’un accident vasculaire abdominal après avoir été traitée avec mépris par une opératrice du Samu.
Ce type de réaction n’est pas sans conséquences: “quand on évalue qu’un cas est moins grave, on diagnostique plus tardivement”, alerte auprès de Libération Xavier Bobbia, responsable des urgences du CHU de Montpellier et co-auteur de l’étude. “Il faut que les soignants se rendent compte qu’ils vivent dans une société qui fait qu’ils ont des préjugés. Il ne faut pas les nier”, estime-t-il.
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