Soutien aux Palestiniens à Sciences-Po Paris : contrairement à Valérie Pécresse, l’Etat «ne coupera pas» sa subvention à l’école
Devant Sciences-Po, à Paris, le 26 avril.
Sciences-Po Paris au centre d’une bataille (très) politique. L’Etat «ne coupera pas sa subvention» à l’établissement, a prévenu ce mardi 30 avril la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, au lendemain de l’annonce de la «suspension» des financements de la région Ile-de-France. «On a un contrat d’objectifs et de moyens de performance en cours de discussion, on a un levier pour discuter avec Sciences-Po», a réagi la ministre sur France 2, évaluant le financement de l’Etat pour Sciences-Po Paris à 75 millions d’euros.
Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, avait annoncé lundi soir la «suspension» des financements de la région (soit un million d’euros) à cet établissement après les blocages et mobilisations ces derniers jours, émaillés parfois de tensions, en soutien aux Palestiniens. Sur son site, Sciences-Po annonce des ressources évaluées à 200 millions d’euros en 2019, dont 65 % sont des ressources propres.
L’administrateur provisoire de Sciences-Po, Jean Bassères, dit «regretter» cette annonce de Valérie Pécresse dans un entretien au Monde publié ce mardi. «La région Ile-de-France est un partenaire essentiel de Sciences-Po, et je souhaite maintenir un dialogue sur la position exprimée par Mme Pécresse», ajoute-t-il.
Aucune ingérence des pouvoirs publics
Interrogée sur la suspension de procédures disciplinaires annoncées vendredi par la direction à l’encontre d’étudiants mobilisés dans ces actions, la ministre de l’Enseignement supérieur a répété de son côté qu’elle ne concernait qu’une seule sanction, «liée à l’envahissement de l’escalier menant [aux bureaux de] la direction». Il n’y a eu alors «aucun propos antisémite» et «aucune violence» n’a été commise, a-t-elle ajouté. «Il ne sera jamais question qu’une sanction liée à des propos antisémites soit levée», a précisé Sylvie Retailleau.
Par ailleurs, «il n’y aura aucune suspension de collaboration avec des universités en Israël», a-t-elle encore dit, évoquant une des demandes des militants. Jean Bassères indique également au Monde qu’il «n’envisage pas de renoncer» aux partenariats académiques de Sciences-Po avec les universités israéliennes, et se dit «prêt à expliquer [sa] position». «Je constate que quand j’échange avec nos universitaires, ils disent à quel point ces partenariats sont importants et qu’il serait dommageable de les arrêter», poursuit-il.
Revenant par ailleurs sur l’accord annoncé vendredi par la direction de Sciences-Po avec les étudiants mobilisés pour la cause palestinienne, Jean Bassères dit avoir choisi la «voie étroite» du «compromis». Interrogé sur l’ingérence du gouvernement dans la vie de Sciences-Po, l’administrateur provisoire assure n’avoir «senti aucune ingérence des pouvoirs publics à [son] égard ou à l’égard de l’institution». «J’ai des relations régulières et confiantes avec la ministre de l’Enseignement supérieur», dit-il.