Le président sénégalais Macky Sall participe à un dialogue national à Dakar, au Sénégal, le 31 mai 2023.
Le Conseil constitutionnel a jugé jeudi que le texte de loi adopté par le Parlement pour reporter l’élection présidentielle au Sénégal viole la Constitution et doit être annulé. Le report prévu du scrutin du 25 février au 15 décembre, voté par l’Assemblée nationale, a provoqué une onde de choc dans le pays et de violentes manifestations.
Au Sénégal, le Conseil constitutionnel a rendu son verdict. L’instance a jugé jeudi 15 février que le texte de loi adopté par le Parlement pour reporter l’élection présidentielle, qui devait initialement se tenir le 25 février, viole la Constitution et doit être annulé.
Le Conseil constitutionnelle a par ailleurs annulé le décret du président Sall qui, trois semaines seulement avant l’échéance, modifiait de facto le calendrier électoral.
L’annulation du processus électoral par le président Macky Sall, puis son report au 15 décembre par l’Assemblée nationale, a suscité une onde de choc dans le pays. Cette annonce a provoqué la colère de nombreux Sénégalais, qui ont dénoncé une violation de la constitution permettant au président de se maintenir au pouvoir.
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Vendredi, le pays a connu sa plus intense journée de manifestations contre le report de la présidentielle. Des violences ont éclaté dans plusieurs régions du pays, faisant trois morts. Des nouveaux appels à manifester ont été lancés pour vendredi. Une marche organisée par un collectif de la société civile est aussi prévue samedi.
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Le report de l’élection était intervenu après l’ouverture d’une enquête parlementaire pour faire la lumière sur les conditions d’élimination de certains candidats. À l’origine de cette démarche, les soutiens de Karim Wade – dont la candidature a été invalidée car il possédait la nationalité française –, disaient suspecter deux juges du Conseil constitutionnel de corruption.
En parallèle, une autre candidate, Rose Wardini, dont la candidature a été validée par le Conseil constitutionnel, avait été placé en garde à vue pour “faux et usage de faux et escroquerie au jugement”, suspectée d’avoir elle aussi la double nationalité franco-sénégalaise.
Le président Macky Sall avait jugé ces éléments suffisamment graves pour interrompre la tenue de l’élection. “Ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en instaurant les germes d’un contentieux pré et post-électoral”.
En réaction, l’opposition avait fustigé une manœuvre destinée à torpiller la présidentielle et éviter la défaite du candidat de la majorité, Amadou Ba, contesté dans son propre camp.
Libération d’opposants
Jeudi, plusieurs opposants détenus ont été libérés, alors que le président fait face à la pression d’importants partenaires internationaux, de l’opposition et de la société civile, critiques du report de l’élection.
“La plupart de mes clients dans les dossiers montés pour des considérations politiques sont libérés”, a indiqué à l’AFP Me Cheikh Koureissy Bâ, assurant que cette situation concernait plusieurs dizaines de détenus.
Sur une liste de plusieurs d’entre eux donnée à l’AFP par Me Moussa Sarr figurent notamment Aliou Sané, coordinateur du mouvement citoyen “Y’en a marre”, Djamil Sané, maire d’une commune de Dakar, et plusieurs membres de l’ex-parti d’opposition Pastef de la figure de l’opposition, Ousmane Sonko.
“La pression internationale fait que le président Macky Sall ordonne des libérations”, a commenté pour l’AFP Souleymane Djim, membre du Collectif des familles de détenus politiques, qui confirme également que des libérations sont en cours.
L’un des principaux candidats annoncés à la présidentielle de 2024, Ousmane Sonko, mais aussi son second à la tête du parti Pastef dissous, Bassirou Diomaye Faye, sont détenus depuis 2023. Aucune information ne fait état pour l’heure de leur éventuelle libération.
Depuis le début de la semaine, le monde politique bruissait de la possibilité d’une amnistie susceptible d’être discutée en conseil des ministres, mais aucune annonce allant en ce sens n’a été faite.
L’annonce par le président Macky Sall du report de la présidentielle à trois semaines de l’échéance a provoqué une levée de boucliers dans ce pays réputé pour sa stabilité dans une région touchée par la multiplication des coups d’État.
Plusieurs centaines de membres de l’opposition, plus d’un millier selon certaines organisations de défense des droits humains, ont été arrêtés depuis 2021 et la lutte de pouvoir qui oppose Ousmane Sonko, mis en cause dans plusieurs procédures judiciaires, et le président Macky Sall.
Avec AFP
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