"Soit ils sont incultes, soit ils sont antisémites": la situation à Sciences Po attriste Aurore Bergé
Alors que les cours ont été suspendus dans de nombreux établissements Sciences Po à travers la France, le blocage s’est amplifié à Paris. Ancienne élève, Aurore Bergé, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations se dit “très triste” de cette situation “ahurissante”.
Saint-Étienne, Le Havre, Poitiers, Paris… Les cours ont été suspendus ce vendredi dans de nombreux établissement Sciences Po, en raison des blocages organisés par les étudiants pro-palestiniens ces derniers jours.
Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, le 12 janvier 2024
L’occupation s’amplifie à Paris
Dans les locaux parisiens, le mouvement s’est amplifié et c’est une petite victoire pour ces étudiants qui ne comptent pas arrêter l’occupation de l’école, selon Jack, élève en Master: “Comme il y a peu de cours, on ne dérange pas grand-chose. Mais en vérité, on a surtout eu des messages de soutien”.
Jeudi soir, l’occupation du campus a été votée par une centaine d’étudiants réunis en Assemblée générale. Jack fait partie des dizaines d’étudiants qui occupent encore les locaux. “Il y en a qui dessinent des pancartes, il y en a qui font des groupes de discussion. Il y en a beaucoup qui révisent pour leurs partiels aussi”, raconte-il.
Le débat organisé jeudi matin par la direction n’a pas convaincu les manifestants. Ces derniers l’ont jugé “décevant mais sans surprise”. “Il y a eu moultes discussions, moultes conférences”, détaille Jack qui exige de “réelles avancées”. “C’est la question du positionnement de Sciences Po qui a réagi très promptement sur la question de la guerre en Ukraine. Mais elle n’a toujours pas réagi sur ce qui se passe aujourd’hui à Gaza.”
“Ça durera aussi longtemps qu’il faudra pour faire plier Sciences Po et ce gouvernement”, prévient l’étudiant.
“Ce n’est pas l’école que j’ai connue”
Ce blocage rend “très triste” Aurore Bergé. Invitée du “Face à face” d’Apolline de Malherbre, ce vendredi sur RMC et BFMTV, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations n’a pas mâché ses mots.
“J’étais tellement fière d’en être l’élève. Je suis une ancienne élève de Sciences Po. Quand je vois ce qui s’y passe, ce n’est pas l’école que j’ai connue. C’est une école où il y avait du débat, parfois très frontal, il y avait du combat politique, du combat de syndicalisme étudiant. Il n’y avait pas de haine, pas d’antisémitisme.”
Une image a particulièrement choqué Aurore Bergé. Celle où l’on voit des étudiants de Sciences Po brandir leur main peinte en rouge pour “demander un cessez-le-feu”. Pour la ministre, c’est une référence directe au massacre de Ramallah en octobre 2000. Deux soldats israéliens avaient été lynchés à mort dans un commissariat et l’un des auteurs de ce crime avait brandi ses mains ensanglantées.
“Il y a deux solutions: soit ils sont incultes, soit ils sont antisémites. Dans les deux cas, c’est un problème car ils sont à Sciences Po. Quand j’entends des étudiants dire ‘écoutez, moi je n’étais pas né en 2004’, c’est ahurissant”, commente Aurore Bergé.
“On est en train en vérité de tout mélanger. On peut évidemment être en soutien des Palestiniens. On peut évidemment trouver insupportables les images de ce qui se passe à Gaza”, ajoute-elle.
Après le débat de jeudi matin, la direction de Sciences Po a annoncé lancer une réflexion pour savoir si l’école devait ou non prendre des positions sur les grands sujets politiques.