SNCF : un TGV du futur à 3,5 milliards d’euros
SNCF : un TGV du futur à 3,5 milliards d’euros
«Â Il a vraiment une gueule. » C’est ce que s’est exclamé Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, à  la vue du TGV M sortant du hangar Alstom à Belfort. Commandé en 115 exemplaires, il va sillonner ? fin 2025 au mieux ? les lignes à grande vitesse hexagonales puis européennes. Un budget de 3,5 milliards d’euros que la SNCF finance à 100 % sur fonds propres ? contrairement aux TER et autre Transilien, aidés par les régions.
Blanc avec un soupçon de gris et des touches de rouge : telles sont les couleurs de cette nouvelle livrée imaginée par le cabinet franco-japonais Arep-Nendo. La présence d’un designer nippon n’est pas anodine. La grande vitesse appartient à la culture du Japon, pays où est né ce type de train, avec le Shinkansen, mis en service lors des Jeux olympiques de Tokyo en 1964.
Le blanc dominant qui succède à l’orange, au bleu, au rouge et noir des générations précédentes de TGV, répond à un critère physique et économique. Cette couleur réfléchit le soleil et absorbe moins la chaleur. Conséquence, la climatisation peut être baissée de 1 °C et à l’avenant la consommation électrique. Le gris sur les voitures est censé rappeler des vaguelettes, la rame TGV évoquant une rivière s’écoulant dans la campagne pour mettre en harmonie train et paysage.
À LIRE AUSSI La SNCF se métamorphose à l’ère du numériqueLes touches de carmillon ? dit « frenchberry » ? sont concentrées sur les portes d’embarquement. C’est un clin d’?il de la SNCF au voyageur. Ce dernier pourra imaginer qu’on lui déroule un tapis rouge pour monter à bord. Notons que toute la déco et les logos désormais sont peints, les adhésifs des précédents TGV inOui vieillissant mal. Point d’orgue de la personnalité particulière de ce train : le nez marqué d’une longue ellipse noire, qui met en exergue cette partie de la motrice qui porte sa puissance lorsqu’elle pénètre l’air.
Coûts de maintenance diminués
À ce jour, les essais se poursuivent avec quatre rames et une rame commerciale. La vitesse de 320 km/h a été atteinte sur le réseau SNCF. C’est celle qui sera pratiquée. Le débogage du système innovant de batteries de secours prenant le relais en cas de défaillance de l’alimentation électrique semble acquis.
Le chiffre de 20 % donne la mesure de l’enjeu du TGV M. C’est d’abord sa capacité supplémentaire, offrant jusqu’à 740 places contre 634 pour une rame Duplex d’aujourd’hui. 20 %, c’est aussi l’énergie consommée en moins grâce à un profil aérodynamique adapté et à des moteurs moins gourmands et mieux gérés. 20 %, ce sont enfin les coûts de maintenance diminués grâce à une surveillance en temps réel de l’usure des composants, changés avant la panne.
À LIRE AUSSI Pour les JO, la SNCF déploie son traducteur en plus de 130 languesCette longue séquence d’essais d’admission permettra d’obtenir l’Autorisation de mise sur le marché délivrée par l’ERA (European Railways Agency), attendue au deuxième semestre 2025. La formation des conducteurs SNCF a commencé qui devront se familiariser avec le nouveau poste de conduite numérique. L’axe Paris-Lyon-Marseille, où se déploie la concurrence de Trenitalia, a été retenu pour le démarrage du TGV M, livré au rythme d’une rame par mois à partir de fin 2025.