SNCF: le sort de Jean-Pierre Farandou en suspens après sa convocation par Bruno Le Maire
Après l’accord sur les retraites anticipées à la SNCF, Bruno Le Maire a annoncé ce jeudi sur RMC-BFMTV qu’il allait “convoquer” le président Jean-Pierre Farandou pour avoir des “explications convaincantes”. Mais que souhaite obtenir le ministre de l’Économie?
La SNCF n’est jamais en retard d’une polémique. Et la dernière en date a été lancée sur RMC-BFMTV ce jeudi: Bruno Le Maire a vertement critiqué l’accord sur les fins de carrière trouvé à la SNCF, le jugeant “pas satisfaisant”, résultat d’un “dysfonctionnement”. Le ministre de l’Économie va ainsi convoquer le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, dans les prochains jours pour qu’il lui “rende des comptes”. Mais sur quoi cela peut-il aboutir?
Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou invité vendredi 29 mars 2024 sur BFMTV et RMC
En théorie, l’accord sur les fins de carrière visé par Bruno Le Maire peut être révisé ou dénoncé, c’est prévu à l’article 27. Sauf qu’en pratique, personne n’imagine la direction de la SNCF revenir sur sa signature moins d’un mois après. “Ce serait la guerre”, résume un responsable syndical, et “du jamais vu dans l’histoire récente”, observe un avocat spécialiste en droit du travail.
D’autant que la compagnie ferroviaire est aujourd’hui une entreprise de droit privé. Et tout ce que l’État peut faire, en tant qu’actionnaire unique, c’est de montrer la porte de sortie à Jean-Pierre Farandou. Le sort du patron de la SNCF est toujours en suspens et la question du renouvellement de son mandat doit être tranché très prochainement, sans doute avant le prochain conseil d’administration de la compagnie prévu dans dix jours.
“Coup de com”
Pourquoi cet accord contrarie-t-il Bruno Le Maire? Il améliore le dispositif existant de cessation anticipée d’activité, une C2A dans le jargon, une sorte de pré-retraite, payée à 75%, d’une durée qui peut désormais aller jusqu’à 15 mois pour les contrôleurs.
Ces montants ne sont pas exceptionnellement généreux, en tout cas par rapport à ce qui se fait aujourd’hui dans les grandes entreprises privés. “C’est dans les standards”, confirme un spécialiste du secteur, Yves Menetrier, directeur Retraites et investissement du cabinet Mercer, qui conseille les entreprises sur les fins de carrière, qui cite des dispositifs similaires Air France, Exxonmobil ou Orana.
“Ce qui choque l’opinion, c’est que la SNCF est en partie financée par des fonds publics, et que cet accord intervient peu de temps après la réforme des retraites”, poursuit-il.
Et ça, le ministre l’a bien compris. “C’est un pur coup de com’ de Bruno Le Maire”, glisse une source au sein de l’exécutif, à quelques semaines des élections européennes.