Union européenne : feu vert à l’opération militaire « risquée » en mer Rouge

Les attaques qui se poursuivent depuis des semaines en mer Rouge par les rebelles houthis ont déjà provoqué une chute spectaculaire de la navigation marchande par le canal de Suez.

Il y avait le feu au lac : les attaques qui se poursuivent depuis des semaines livrées en mer Rouge par les rebelles houthis, puissamment soutenus par Téhéran, ont déjà provoqué une chute spectaculaire de la navigation marchande par le canal de Suez. Conformément au calendrier promis (Le Soir du 1er février), les ministres européens des Affaires étrangères ont dès lors donné leur feu vert, lundi, au lancement d’une opération militaire navale de l’UE dans la zone. Baptisée Aspidès (bouclier, en grec ancien), cette mission d’escorte et d’interception patrouillera « de la mer Rouge au golfe d’Aden, en passant par de grandes parties de l’océan Indien ».

Envisagée en janvier, la mise à flot d’Aspidès n’a donc pas traîné, même s’il faudra encore quelques jours avant qu’elle soit pleinement opérationnelle. Une « conférence de génération de forces » s’est tenue la semaine passé. Le QG opérationnel de la mission est localisé à Larissa, en Grèce, et son commandement confié à un contre-amiral Grec, avec un adjoint français. L’Italie aura le commandement tactique, sur un navire d’Aspidès. Six pays sont déjà présents dans la zone avec des moyens militaires. La Belgique participera avec sa frégate Louise Marie, et du personnel.

Les Houthis disent mener leurs attaques en solidarité avec les Palestiniens, bombardés à Gaza par Israël. « C’est totalement faux ! », s’insurge un haut responsable de l’UE : « Le pays qui est le moins affecté par ces attaques, c’est Israël, tandis que l’Egypte a déjà perdu 40 % de ses revenus liés au canal de Suez. »

Les « règles d’engagement » agréées par les Vingt-Sept pour la mission assureront son caractère « strictement défensif », insiste-t-on : la force ne sera engagée qu’en cas de menace directe contre un navire marchand croisant dans la zone, mais jamais sur le sol du Yémen, ni dans les eaux territoriales des pays de la région. « Il s’agit de montrer que l’UE ne veut absolument pas contribuer à l’escalade », dans une région sous très haute tension, dit un diplomate européen. L’opération, poursuit-il, vise précisément à éviter cette « escalade » : en dissuadant les Houthis à poursuivre leurs attaques. Ceux-ci, comme les pays de la région (Arabie saoudite, Emirats, Oman…), ont été « longuement » briefés sur le but de la mission européenne, initialement prévue pour un an. Les semaines à venir diront si la force navale déployée par les Européens sera suffisamment crédible pour assurer cette mission « plutôt risquée », reconnaît le haut responsable de l’UE.