« Femmes de la terre », sur France 2 : le réalisateur Edouard Bergeon rend hommage aux agricultrices

A travers plusieurs témoignages, le cinéaste évoque le combat de Jeannette, Christiane ou Claire pour obtenir un statut et leur passion pour le métier.

FRANCE 2 – MARDI 27 FÉVRIER À 21 H 10 – DOCUMENTAIRE

Non, ce n’était pas mieux avant. En tout cas, pas pour les agricultrices, comme la mère du réalisateur Edouard Bergeon. « Ça me blesse de lire ou d’entendre tous ces néoruraux qui veulent revenir en arrière », lui écrit-elle en 2023. Cette lettre va l’inciter à relater en images l’incroyable combat mené depuis soixante ans par les femmes d’agriculteurs pour pouvoir exister socialement. Et leur lutte dépasse largement le cadre de la ruralité.

« Au nom de la terre », l’hommage poignant d’Edouard Bergeon au monde paysan

Pour son premier long-métrage, Au nom de la terre (plus de 2 millions d’entrées en 2019), Edouard Bergeon s’était inspiré de l’histoire de son père, qui s’est suicidé après l’incendie de leur ferme. Il s’intéresse cette fois à celles qui, aux côtés des paysans, s’occupent de la traite, du foin, des poules, tout en « tenant » la maison et en élevant les enfants, et ce, longtemps sans salaire ni statut, ni congé de maternité, ni retraite.

C’est pourquoi Jeannette Gros, 82 ans, a quitté la ferme parentale à l’adolescence pour étudier la littérature, la philosophie et devenir professeure. Avant d’être contrainte d’y retourner. C’est là qu’elle a décidé de s’engager, à la Mutualité sociale agricole du Doubs, avant d’en devenir présidente nationale.

Elle est l’une des pionnières filmées ici, dans son cadre de vie, avec Christiane Lambert, ex-présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, Marie-Paule Méchineau, des Paysans travailleurs, et Anne-Marie Crolais, 72 ans, ancienne syndicaliste agricole.

Rappels historiques

Cette dernière était déjà présente dans Moi, agricultrice, de Delphine Prunault (2022). Les archives de son passage à « Apostrophes », en février 1982, pour la sortie de son autobiographie L’Agricultrice (Ramsay, 1982) heurtent toujours autant, montrant un Bernard Pivot condescendant.

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Edouard Bergeon donne aussi largement la parole à la famille Piquard, dans la Meuse, des grands-parents, Marie-Claude et Claude, couple d’agriculteurs retraités de 80 ans, jusqu’à leur petite-fille, Angélique, 12 ans, qui entend bien prendre la relève. Marie-Claude et Claude se remémorent, l’œil malin, leur première rencontre ou leur première manifestation.

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Certains rappels historiques font sourire, comme celui du rôle émancipateur, pour l’agricultrice, de l’arrivée de la TVA. Que de chemin parcouru ! Si aujourd’hui le métier reste difficile, sous-payé et en crise, le film s’attache à montrer qu’il est aussi source de plaisir et qu’il s’exerce avec passion.

Trois jeunes éleveuses incarnent cet avenir. Parmi elles, Claire Gervais, 29 ans, et ses 300 vaches laitières dans la Manche. A quelques jours d’accoucher, elle sait qu’elle va bénéficier de huit semaines de congé de maternité. En attendant, faute de pouvoir s’occuper de ses vaches, elle nourrit… son compte Instagram, « Claire_maman_agricultrice », suivi par 15 700 abonnés.

Femmes de la terre, d’Edouard Bergeon (Fr., 2024, 90 min), suivi d’un débat animé par Julian Bugier, avec Edouard Bergeon et plusieurs éleveuses.