Un soldat de Wagner à côté d’un drapeau du groupe paramilitaire (Image d’illustration).
L’armée malienne et ses supplétifs du groupe russe Wagner sont à nouveau accusés de graves exactions. Cette fois dans le centre du Mali : plusieurs dizaines de personnes ont été exécutées la semaine dernière, au cours de plusieurs opérations qui se sont étalées sur trois jours, dans le cercle de Niono, région de Ségou.
Winde Tireje, Nambo, Toladje, Belel… La liste n’est pas exhaustive de ces campements et hameaux, majoritairement peuls ou bellas – une caste issue du peuple touareg –, qui longent la route reliant Goma Koura et Nampala et qui sont aujourd’hui en deuil.
Les nombreuses sources locales jointes par RFI – représentants communautaires, élus locaux, simples habitants ou observateurs faisant de la veille sécuritaire – rapportent de quarante à une soixantaine de personnes tuées, entre mercredi 22 et vendredi 24 novembre 2023. Des bergers menant paître leurs bêtes, des paysans revenant des champs, ainsi que des femmes, des enfants et des vieillards. Les témoignages font état d’exécutions sommaires sans interrogatoires, de cadavres criblés de balles ou brûlés.
Wagner particulièrement visé
Tous accusent principalement les hommes du groupe Wagner. Certaines sources pointent également la présence des forces armées maliennes (Fama) dans ces descentes, d’autres assurent que des soldats maliens tentent de contenir, un tant soit peu, leurs supplétifs russes. Sollicitée par RFI, l’armée malienne n’a pas donné suite. Dans ses communiqués officiels, pour ce qui concerne ce secteur, l’armée n’a indiqué qu’une frappe aérienne sur une forêt au sud de la localité de Sokolo.
Dans un message audio de propagande, diffusé lundi et consulté par RFI, le Jnim (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, a quant à lui fait état de cette série d’exécutions de « civils » attribuées à « l’armée malienne et Wagner ».
Des exactions depuis mars 2022
Le cercle de Niono est depuis des années un lieu de présence active des jihadistes de la Katiba Macina du Jnim, qui forcent par les armes des villages entiers à suivre leurs règles, mènent des attaques et posent des mines souvent fatales aux patrouilles de l’armée malienne.
Les sources jointes par RFI ne contestent pas la nécessité d’une présence militaire, mais dénoncent la multiplication des exactions, notamment du fait de Wagner et principalement contre la communauté peule. Depuis mars 2022, plusieurs charniers ont été découverts dans le cercle de Niono et des témoignages de victimes, accablants pour l’armée malienne et leurs supplétifs de Wagner, ont été publiés par RFI, d’autres médias, et par plusieurs organisations de défense des droits humains.
À écouter aussiGrand Reportage – Mali: quand il ne reste que la fuite
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