L’auteur sait manier le suspense, le thriller, mais il a du grain à moudre avec les religieux qui tirent d’un côté, les politiques de l’autre et les racistes au milieu.
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Depuis son premier roman, les Routes oubliées, suivi de la Colère (tous deux réédités chez Pocket), domine chez S.A. Cosby le désir de peindre une Amérique rurale contemporaine qui lui est familière et ne fait pas rêver. En choisissant un héros noir, Titus Crown, shérif d’une petite ville du Sud et ancien agent du FBI, obsédé par le droit et la loi, il y ajoute une dimension sociale pour mieux bâtir des enquêtes sauvages qui flirtent avec le thriller.
Dans la cité de Charon, traditionnellement raciste et peu encline à changer, l’élection de Titus Crown, enfant du pays devenu le premier shérif noir, fait s’étrangler une partie de la population. Il suffit d’une étincelle pour que les hommes – les bas du front – sortent les armes et les préjugés. En général, il ne se passe pas grand-chose dans cette ville de Virginie, jusqu’au jour où Latrell, un jeune noir nourri aux opioïdes, tire sur le professeur blanc le plus aimé du lycée, M. Spearman, avant d’être abattu par la police. Tout devient alors prétexte à mensonges et transformations des faits. Ni bavure policière, ni fanatisme religieux, cette histoire en cache une autre, plus effrayante, sur fond de pédophilie, de crimes sexuels et de folie meurtrière.
Cosby sait manier le suspense, le thriller, mais il a du grain à moudre avec les religieux qui tirent d’un côté, les politiques de l’autre et les racistes au milieu. Peu à peu, l’intrigue s’épaissit en cherchant dans le passé les sacrifices, les crimes de sang. Titus Crown est un formidable héros avec ses convictions et ses colères mais, autour de lui, le romancier construit une communauté déchainée qui marche vers le chaos comme des morts vivants dans un cimetière.
Jouant avec différents niveaux de langage, Cosby ajoute une pointe d’humour, casse tout avec une mise en scène brutale, des dialogues cinématographiques. Il n’oublie jamais qu’il vient de là-bas, connaît tous les défauts de ce pays peuplé de fantômes. Alors, certes, il y a des ficelles et des moments bien gore dans le Sang des innocents, mais pas question de lâcher les 400 pages de ce roman époustouflant.
S.A. Cosby, le Sang des innocents, (traduit de l’américain par Pierre Szczeciner), éditions Sonatine, 400p., 23€
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