Geert Wilders répond aux journalistes, le 7 février 2024 à La Haye aux Pays-Bas
Le dirigeant d’extrême droite néerlandais Geert Wilders, qui s’efforce de former un gouvernement aux Pays-Bas, fait face à une journée cruciale lundi, avec la remise au Parlement d’un rapport très attendu sur la voie à suivre pour forger une coalition.
Depuis sa victoire électorale surprise en novembre, qui a provoqué une onde de choc dans toute l’Europe, M. Wilders tente de rallier à sa cause d’autres partis, avec un manifeste climatosceptique, islamophobe et anti-européen.
Il espère pouvoir former une coalition à quatre avec le parti libéral VVD, le parti agricole BBB et le parti centriste Nouveau contrat social (NSC) dirigé par Pieter Omtzigt, champion de la lutte contre la corruption.
Mais l’atmosphère des négociations s’est avérée délétère dès le début, les chefs de partis s’envoyant régulièrement des piques sur les réseaux sociaux et affichant des divergences fondamentales sur des politiques considérées comme anticonstitutionnelles, prônées par le Parti de la liberté (PVV) de M. Wilders.
La situation a atteint son paroxysme mardi lorsque le NSC s’est brusquement retiré des négociations sans prévenir les autres chefs de parti, selon ces derniers. La raison officielle invoquée pour justifier son départ est l’état lamentable des finances publiques néerlandaises, qui aurait “choqué” M. Omtzigt, réputé prudent sur ces questions.
Ce retrait soudain a été mal accueilli par Ronald Plasterk, ancien ministre chargé de superviser les pourparlers: affirmant en avoir pris connaissance via WhatsApp, il s’est indigné d’un manque de respect.
Tous les regards sont désormais tournés vers M. Plasterk, qui doit remettre lundi au Parlement son rapport très attendu sur l’avancée des discussions et sur la voie à suivre vers la formation d’une coalition.
“C’est un très grand casse-tête”, a déclaré à l’AFP René Cuperus, chercheur à l’Institut Clingendael.
– “Sans issue” –
Selon M. Cuperus, le rapport pourrait permettre d’aplanir les principales divergences politiques afin d’ouvrir la voie à un retour de M. Omtzigt à la table des négociations, ce que le chef du NSC lui-même n’a pas exclu.
Une autre option consiste à déclarer clos ce cycle de négociations, laissant à M. Wilders le choix de tenter de former un gouvernement minoritaire ou encore de jeter l’éponge.
Le travailliste Frans Timmermans patiente dans les coulisses. L’alliance de son parti et des Verts est arrivée deuxième lors des élections, mais pour l’ancien vice-président de la Commission européenne, obtenir suffisamment de soutien pour former un gouvernement s’annonce difficile.
(De gauche à droite) Le chef de file du PVV Geert Wilders, le superviseur des pourparlers Ronald Plasterk, Dilan Yesilgoz du VVD et Caroline van der Plas du BBB s’entretiennent lors de négociations, le 7 février 2024 à La Haye aux Pays-Bas
Le dernier recours serait de retourner aux urnes, mais un tel scénario rebute les partis politiques, qui seront accaparés au printemps par une autre échéance importante, celle des élections du mois de juin au Parlement européen.
Et si l’on en croit les sondages, seul le PVV pourrait tirer profit de nouvelles législatives.
Dans ce chaos, quelles sont les chances pour M. Wilders de devenir Premier ministre? “Je ne pense pas que ce soit vraiment une option réalisable car ce serait un tel scandale pour les Pays-Bas au niveau international”, observe René Cuperus, ajoutant toutefois qu’il ne semble pas y avoir actuellement beaucoup de bonnes alternatives.
L’ancien ministre chargé des pourparlers, Ronald Plasterk, le 7 février 2024 à La Haye aux Pays-Bas
“Ce sera un désastre avec Wilders et un désastre sans Wilders. Nous sommes dans une situation sans issue”, estime-t-il.
Quoi qu’il arrive, le processus ne sera pas rapide. Mark Rutte, Premier ministre libéral démissionnaire, a mis 271 jours à forger son gouvernement.
Entretemps, la situation politique actuelle nuit à l’image des Pays-Bas réputés être “l’un des pays les mieux organisés au monde”, note M. Cuperus.
“De l’extérieur, cela ressemble à une pagaille. Mais, en fin de compte, il y a toujours un gouvernement. Et nous avons une bureaucratie très stable sur laquelle repose le pays”, nuance-t-il.
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