Qu’est-ce que la Maison carrée de Nîmes, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco ?

La Maison carrée de Nîmes est classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

La Maison carrée de Nîmes devient, ce lundi, le 50e monument français à obtenir son classement au patrimoine mondial de l’Unesco. Explications.

Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, était littéralement en pleurs, sous le coup de l’émotion, ce lundi, à Riyad, en Arabie saoudite, à l’annonce de la décision du comité du patrimoine mondial de l’Unesco. C’est gagné ! Réuni en session élargie, le comité vient de classer la Maison carrée de Nîmes (Gard) à l’inventaire des monuments inscrits au Patrimoine mondial. Le prestigieux monument romain devient le 50e monument français, avec le Mont Saint-Michel, la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris ou l’Abbaye de Vézelay, à obtenir ce prestigieux label. Comme plus d’un millier de monuments dans le monde.

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À quoi sert ce label ?

Adoptée par l’Unesco en 1972, la Convention internationale concernant la protection de l’héritage culturel et naturel mondial, plus couramment appelée Convention du Patrimoine mondial, a pour but de protéger les biens culturels et naturels de l’humanité qui ont « une valeur universelle exceptionnelle ». Obtenir ce label, c’est l’assurance, pour une ville, d’attirer encore plus de visiteurs. « Après avoir obtenu le label en 2010, le nombre de visiteurs annuels a doublé », témoigne la maire d’Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil. La ville est passée de 700 000 à 1,3 million de visiteurs. La Maison carrée a, pour sa part, accueilli 65 000 visiteurs à l’été 2022. La Ville de Nîmes espère que ce classement apportera des « retombées économiques, directes et indirectes, importantes dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme », et « rejaillira plus largement sur l’ensemble des commerces du cœur de ville ».

Le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier et le délégué permanent de la France auprès de l’Unesco Philippe Franc.

C’est quoi, la Maison carrée ?

Construite au tout début de notre ère, sous le règne de l’empereur Auguste, la Maison carrée est un « temple romain caractéristique », d’ordre corinthien. Elle a été élevée par la cité romaine de Nemausus, qui deviendra Nîmes, à la gloire des deux petits-fils et fils adoptifs d’Auguste, les « princes de la jeunesse » Lucius et Caius Caesar, comme l’indique la dédicace sur son fronton. « Des châteaux il y en a beaucoup, mais il n’y a qu’une Maison carrée », résume le délégué permanent de la France à l’Unesco, Philippe Franc, qui était présent ce lundi à Ryiad, pour justifier le caractère exceptionnel du monument. Car si de nombreux temples semblables ont été élevés dans l’empire romain – celui de Narbonne était même deux fois plus grand -, bien peu nous sont parvenus dans un tel état de conservation. Le temple a traversé les siècles, et échappé aux destructions, en étant voué à divers usages au fil des époques. La Maison carrée a été successivement maison consulaire, maison d’habitation, église, musée, et faillit même servir de tombeau. Louis XIV aurait projeté de la démonter, pierre par pierre, pour la reconstruire à Versailles. Mais elle est restée à Nîmes, quasi semblable depuis 2000 ans.

Pourquoi Nîmes l’a obtenu ?

Si le maire de Nîmes était aussi ému, lors de cette annonce, c’est parce que la Ville avait déjà tenté sa chance, en vain. Intitulé « L’Antiquité au présent », le précédent dossier souffrait, selon ses détracteurs, d’un manque de lisibilité : plutôt que les monuments romains eux-mêmes, c’était l’influence stylistique et urbanistique de ces monuments sur la ville depuis le XVIIIe siècle qui était mise en avant. Autres atouts de la nouvelle candidature nîmoise : des ambassadeurs très motivés, alors que « la dernière fois, ils n’avaient pas été à la hauteur », tacle le maire de Nîmes. Mais aussi des élus et des habitants très impliqués dans le dossier. Et surtout, un avis positif de l’Icomos, le conseil international des monuments et des sites, dont l’avis pèse lourd sur la décision finale du comité. En 2018, il avait conseillé de « différer » le dossier nîmois. Cette fois, il avait recommandé son adoption. « Cette inscription vient récompenser des années de travail pour protéger, transmettre et partager l’exceptionnel héritage légué par les générations qui nous ont précédé », réagit l’adjointe nîmoise déléguée à l’inscription Unesco, Mary Bourgade.

Henri FRASQUE.