#MeToo dans le cinéma : Judith Godrèche va prendre la parole aux César ce vendredi

Judith Godreche, ici en 2019, montera sur la scène des César pour prononcer un discours sur les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma. AFP/Loic Venance

Impossible de faire comme si de rien n’était. Alors que, depuis plusieurs semaines, le cinéma français a été successivement secoué par le scandale Depardieu, puis par les accusations visant les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, la cérémonie des César donnera la parole à Judith Godrèche ce vendredi 23 février. Lors de la soirée qui se déroulera à l’Olympia à partir de 20h45 (et sera retransmise en direct et en clair sur Canal +), la comédienne de 51 ans montera sur scène pour prononcer un discours sur les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma.

Dans la série autobiographique « Icon of French Cinema », diffusée depuis fin décembre sur Arte.tv, puis sur Arte, Judith Godrèche évoque, sans le nommer, sa relation avec Benoît Jacquot quand elle avait 14 ans et lui 40. Le 6 janvier dernier, l’actrice a écrit sur Instagram : « La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom. Il s’appelle Benoît Jacquot. » Depuis, elle a raconté dans Le Monde avoir été victime de coups de poing, de coups de ceinture et de sévices sexuels de la part du réalisateur aujourd’hui âgé de 77 ans, contre lequel elle a porté plainte pour « viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans ».

Dans le quotidien, d’autres comédiennes ont témoigné contre le cinéaste qui a signé des films d’auteur comme « Tosca », « Villa Amalia » ou « Les Adieux à la Reine ». Parmi elles, Julia Roy, qui a été la compagne de Benoît Jacquot entre 2013 et 2019, assure avoir subi des violences verbales et physiques. Isild Le Besco, qui a rencontré Jacquot en 1999, quand elle avait 16 ans (et lui 52), reconnaît avoir subi « des violences psychologiques ou physiques ». Quant à Vahina Giocante, elle raconte comment le cinéaste l’a harcelée sexuellement et lui a fait un chantage, promettant de lui donner un prochain rôle si elle couchait avec lui. Benoît Jacquot, lui, nie toute violence et évoque des relations amoureuses consenties.

Le 8 février, Judith Godrèche a par ailleurs accusé un autre metteur en scène, Jacques Doillon, d’avoir abusé d’elle quand elle avait 15 ans. Les faits se seraient déroulés pendant le tournage du film « la Fille de 15 ans ». Au micro de France Inter, elle a raconté que le réalisateur avait « viré l’acteur qui jouait (son) petit ami pour prendre sa place et, tout à coup, décidé qu’il y avait une scène d’amour, une scène de sexe (entre elle et lui) ». Avant d’indiquer que « 45 prises » avaient été nécessaires. La comédienne a aussi porté plainte contre le cinéaste de 79 ans pour « viol sur mineur ». Dans Le Monde, les comédiennes Isild Le Besco et Anna Mouglalis ont, elles, accusé Doillon d’agression et de harcèlement sexuels. Le réalisateur a dénoncé des « mensonges ».

Ce mardi, on a par ailleurs appris que Judith Godrèche serait reçue au Sénat le jeudi 29 février. L’actrice doit être entendue à partir de 9 heures par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, selon l’institution.