Déclaré inapte à la conduite, Jacques estime pouvoir récupérer son permis: pourquoi les tests l'en empêchent?

“C’est difficile car ça me limite”. Jacques ne cache pas son désarroi. Depuis septembre 2021, l’habitant de Burdinne (en province de Liège) n’a pas été épargné par les soucis de santé. Après deux AVC, un cancer et un infarctus, il a vu son permis de conduire être suspendu.

Déclaré “inapte” à la conduite en 2022 par le Centre d’Aptitude à la Conduite et d’Adaptation des Véhicules (le Cara, à l’Institut Vias), Jacques n’a depuis lors pas pu prouver qu’il a les capacités de reprendre la route. C’est pourquoi il nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.

 

J’ai bientôt 73 ans et j’espère pouvoir un jour reprendre la route

Le Burdinnois a testé ses réflexes lors de trois examens ces dernières années, et les examinateurs du Cara en sont arrivés à la même conclusion. “J’ai dit au médecin que je souhaitais récupérer mon permis en repassant un examen 6 mois après mon premier AVC, en septembre 2021. Quand j’ai découvert les résultats, j’estimais que c’était justifié et que je ne pouvais pas conduire. Je n’ai écrasé personne, je n’ai embouti aucune voiture, mais ils ont dit que dans les réflexes, il y avait des lacunes. Je pouvais bien le croire. Je sais le danger que ça peut représenter”, raconte Jacques.

Six mois après les premiers tests, il décide de repasser l’examen de conduite auprès du Cara. Mais ce sera une déception de plus pour Jacques: “J’ai repassé le test et là, de la même façon que la première fois, je n’ai fait aucune fausse manœuvre ou d’excès de vitesse. C’était en ville autour des cliniques Saint-Luc. Et, ils m’ont dit non…”, poursuit l’homme âgé de 72 ans.

On ne justifie pas pourquoi je suis recalé aux tests

Ce que déplore Jacques, c’est de n’avoir aucune explication de la part du Cara, explique-t-il: “La première fois, la seule argumentation donnée, c’était que j’avais eu trop d’incidents médicaux. La deuxième fois, on m’a dit, vous n’êtes pas encore prêt, sans d’autres commentaires. J’ai reçu la lettre disant, vous pouvez repasser l’examen, on oublie le délai des 6 mois entre chaque test, mais vous pouvez le repasser après 10 heures d’auto-école”.

Jacques dit avoir suivi les heures d’auto-école, mais là encore, ça n’a pas semblé suffisant pour les examinateurs du Cara: “On m’a déclaré inapte à la conduite, mais il n’y a aucun détail, si ce n’est qu’ils garderont les avis médicaux pendant une période de six ans. Cela ne me dit pas grand-chose sur ce qui n’a pas été ou ce que je pourrais améliorer”, regrette-t-il.

Mais alors, comment se passent ces tests et en quoi consistent-ils ?

Pour comprendre comment se déroulent ces tests, nous avons rencontré Benoît Godart, porte-parole de l’institut Vias qui gère le centre Cara de Bruxelles. De manière générale, les tests se font en deux parties: “Il y a systématiquement un test de la vue, car c’est très important pour la conduite: 90% des infos dont vous avez besoin sont liées au visuel”, explique-t-il.

Ce test des fonctions visuelles est donc essentiel car pour être déclaré apte à la conduite, les critères médicaux requièrent d’avoir un minimum de 5/10 pour les permis de conduire de groupe 1.

“La deuxième étape, qui est tout autant essentielle, consiste en un test sur la voie publique pendant une vingtaine de minutes”, ajoute Benoît Godart. Pendant ce test, l’examinateur peut vraiment observer le comportement du conducteur sur la route, et déceler les éventuels problèmes. Dans certains cas, une visite chez le médecin du Cara est aussi organisée.

La grande majorité des conducteurs sont jugés aptes, mais certaines adaptations peuvent être faites

Dans 85% des cas, les personnes sont déclarées aptes à la conduite, explique Benoît Godart. Mais des adaptations peuvent être faites dans certains cas: “Par exemple, “oui mais juste dans un rayon de 8km autour de chez vous” ou “pas sur autoroute”, ou encore “obligation de porter des lunettes”, précise le porte-parole. Ces adaptations sont obligatoires et sont même inscrites sur le permis de conduire.

Une boule de volant peut également être ajoutée afin d’avoir accès à toutes les commandes de la voiture à un seul endroit, et donc simplfier la conduite, nous explique un examinateur.

Dans 15% des cas donc, la personne est déclarée inapte à la conduite, d’après les chiffres de l’institut Vias. “Ça reste une minorité, il faut qu’il y ait vraiment un très gros problème pour que la personne soit considérée inapte”.

“La loi dit clairement que pour pouvoir prendre le volant, vous devez être apte à la conduite, il y a donc un certain nombre de critère à respecter”, précise Benoît Godart.

Quels profils se rendent généralement au Cara? Et comment ça se passe?

Les personnes qui se rendent au Cara ont donc des profils différents. Certains viennent de manière volontaire, d’autres sur recommandations des proches, du médecin ou encore des assurances. “Certains médecins préfèrent envoyer leur patient dans un Cara plutôt que de prendre une décision lourde de conséquences”, explique le porte-parole.

De manière générale, 40% des gens qui se rendent au Cara sont des séniors. Sur la route, 1 personne sur 3 tuées est un sénior. Il en va donc de leur sécurité de passer ces tests et suivre les recommandations du Cara.

Une décision difficile tant pour les examinateurs que pour les personnes concernées

Si une personne est jugée inapte à la conduite, et même si c’est pour sa sécurité et celle d’autrui, les décisions peuvent être incomprises, mais surtout difficiles à prendre, et aussi à accepter pour les personnes concernées.

“On est parfaitement conscient que ce sont des décisions qui ont un impact énormissime sur la vie de ces personnes mais il faut trouver un juste équilibre entre protéger le reste de la société et le besoin de mobilité qui est accru pour les séniors par exemple. C’est une décision prise de manière collégiale, par plusieurs personnes, jamais à la légère et en concertation avec le patient”, assure Benoît Godart.

Pour notre témoin, ne plus pouvoir conduire est un “coup de massue”. Il explique: “Surtout, cela me limite dans mes activités car je dois toujours faire appel à quelqu’un. J’ai des avis non-expliqués. La décision, je ne la comprends pas car on ne justifie pas pourquoi je suis recalé aux tests. Le minimum est d’expliquer pourquoi. Il y a de la frustration car c’est une sorte d’acharnement. C’est difficile. J’estime avoir encore des réflexes, mais dans les rapports, on me dit simplement que je suis inapte.”

Que faire si la décision ne vous convient pas?

Jacques ajoute, dépité: “Je me sens capable de conduire pour des petits trajets locaux, aller acheter du matériel pour peindre. J’ai bientôt 73 ans et j’espère pouvoir un jour reprendre la route. Le manque d’informations me laisse un peu dans le désarroi.”

Mais alors si, comme Jacques vous n’êtes pas d’accord avec la décision prise, que faire? Existe-t-il des recours? En principe, il n’existe aucune procédure de recours, mais il est toujours possible d’être réévalué. “Vous devez donc prouver que votre situation a évolué favorablement ou que la décision a peut-être été prise sur la base d’informations erronées ou incomplètes. Discutez-en avec le responsable de votre dossier auprès du Cara, et demandez-lui quelles possibilités s’offrent à vous”, précise le site du Cara.

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