Un combattant houthi sur le cargo « Galaxy Leader » en mer Rouge, ici le 20 novembre 2023.
Les attaques de drones et de missiles de la part des Houthis, contre les navires marchands empruntant la mer Rouge, se multiplient depuis deux mois. Ces rebelles yéménites jouent la tension dans une région enflammée par la guerre Hamas-Israël. Au risque d’un choc sur le commerce mondial.
C’est l’un des points sensibles du commerce maritime international. Le bras de mer qui sépare la mer Rouge de l’océan Indien voit chaque année transiter 12 % du commerce mondial. 40 % du commerce Asie-Europe. Depuis le 19 novembre et la première attaque d’un navire marchand par les rebelles houthis du Yémen, une trentaine d’attaques de drones et de missiles ont été recensées par les services de renseignement américain.
En quelques semaines, les effets sur le trafic maritime ont été immédiats. Les principaux armateurs ont décidé d’éviter désormais le détroit de Bab al-Mandab, à l’entrée de la mer Rouge, et de dérouter leurs porte-conteneurs par le cap de Bonne-Espérance, au sud du continent africain. 13 000 km de trajet supplémentaires. Des coûts et des retards augmentés. Des recettes en berne pour l’Égypte qui contrôle le canal de Suez. C’est l’une des jugulaires du commerce mondial qui est sous la pression des actes militaires des Houthis.
C’est un nouveau choc pour les chaînes mondiales d’approvisionnement. Son ampleur n’est pas encore comparable à celui provoqué par la pandémie lorsque le prix d’un conteneur standard, de Chine à l’Europe, avait atteint il y a deux ans 15 000 dollars. Mais son prix vient en quelques semaines de bondir de 1 000 à 4 700 dollars.
Les premiers effets industriels se font sentir également. En quelques jours, les constructeurs Tesla et Volvo ont annoncé la suspension temporaire de leurs activités dans leurs usines en Allemagne et en Belgique. Au moment où l’inflation semblait en passe d’être maîtrisée, voilà qui relance les craintes sur la tenue de l’économie.
Prudence chinoise
Il y a une semaine, Américains et Britanniques ont riposté à ces attaques en décidant de cibler, sur le territoire yéménite, les bases logistiques des rebelles houthis. Efficace ? On peut en douter. Le risque d’élargissement du conflit Hamas-Israël est à prendre au sérieux.
Car cette fois, l’offensive des Houthis s’inscrit dans un cadre nouveau. Officiellement, ces rebelles yéménites, soutenus par l’Iran, motivent leur action en affirmant agir contre la guerre brutale menée par Israël à Gaza. On ne se lasse pas de voir quelles voies infinies la prétendue solidarité avec la cause palestinienne peut emprunter sans apporter d’aide concrète aux Palestiniens eux-mêmes.
On aurait tort, cependant, de minimiser ce levier. Pour toutes les forces de la région liées à l’Iran – ce qu’ils appellent l’axe de résistance
qui regroupe Hezbollah, milices chiites irakiennes, djihad islamique à Gaza, Hamas, Houthis – la cause palestinienne est un étendard fondamental. Il cimente leur coopération au nom d’un ennemi commun (Israël et l’Amérique). Il leur sert en outre, en interne, à mater toute contestation.
On comprend dès lors que le défi lancé par les Houthis, et derrière eux par l’Iran, n’a rien à voir avec les actes de piraterie. C’est un objectif stratégique. Au moment où la puissance américaine doit, simultanément, faire face à la guerre de Poutine et aux menaces chinoises sur Taïwan, au moment où la perspective d’un retour de Trump fait déjà sentir ses effets, voilà sa posture de garant militaire du commerce mondial qui est affaiblie.
D’où l’importance d’une action multilatérale. Les Européens travaillent à une mission navale en mer Rouge qu’ils devraient préciser lundi à Bruxelles. La Chine, première puissance commerciale, est étrangement discrète. Comme si elle espérait, pour l’heure, contenir l’impact commercial tout en bénéficiant de l’affaiblissement stratégique des Occidentaux.
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