« Il y a du boulot ! » : ce passionné rénove tout seul un cinéma fermé depuis plus de 20 ans

Jérémie Wagner a racheté le cinéma de Bitche (Moselle), fermé depuis vingt ans, pour le rénover et le rouvrir au public en décembre 2025.

Fermé depuis 2003, le cinéma de Bitche (Moselle) va connaître une nouvelle vie. Il a été racheté par Jérémie Wagner qui s’est lancé le défi de le rénover tout seul. Le trentenaire passe tout son temps libre sur le chantier dans l’espoir de rouvrir l’établissement au public en décembre 2025. Mais les travaux sont colossaux.

Passionné de cinéma, Jérémie Wagner ne pouvait pas se résoudre à voir celui de la commune de Bitche (Moselle) dépérir. Au grand dam des milliers de cinéphiles qu’il accueillait, l’établissement a fermé ses portes en 2003. Il a été racheté en 2019 par un homme qui avait pour projet de le restaurer. « Puis le Covid-19 est arrivé donc il a abandonné l’idée et l’a revendu », nous explique le père de famille de 36 ans, qui l’a ainsi racheté pour 60 000 €.

Il souhaite le rénover pour pouvoir à nouveau l’ouvrir au public. « Ce cinéma, c’est un très beau monument et un véritable lieu de mémoire. On a tous des souvenirs ici », poursuit celui qui vit à Enchenberg avec sa femme et leurs deux enfants. Plus jeune, Jérémie Wagner s’y est lui-même rendu à de nombreuses reprises. « J’y ai vu Casper, Titanic,  Jurassic Park… J’ai toujours été fan de films ! À l’époque, je pouvais arriver à 11 h pour la première projection et repartir à 23 h après la dernière », raconte-t-il en rigolant.

«Ã‚ Tout le monde me prend pour un fou »

Lorsqu’il était encore en activité, le cinéma Vauban proposait une seule salle de 340 places. Le trentenaire, lui, a pour projet d’en créer deux : une de 88 places et une autre de 134 places. Et le défi est colossal puisque Jérémie Wagner a décidé de réaliser les travaux… tout seul. Ayant déjà construit plusieurs maisons, le challenge ne lui fait pas peur. « Mais tout le monde me prend pour un fou », rigole-t-il.

Hormis les gradins et le chauffage, il s’occupera donc de tout. « À l’origine, je voulais faire appel à des entreprises mais cela aurait coûté entre 2,6 et 2,8 millions d’euros. C’était beaucoup trop cher. » Le coût du chantier avoisine désormais le million d’euros. « L’ancien propriétaire n’avait pas eu le temps de faire grand-chose, uniquement quelques coups de peinture. Donc il faut tout refaire, et il y a du boulot ! » Heureusement, il a pu bénéficier du soutien financier de la commune, de la Région et de la Communauté de Communes du Pays de Bitche.

Un rêve d’enfant

Directeur de la régie de Bitche, le trentenaire a commencé les travaux en mars. Première étape : tout vider et tout nettoyer. « J’ai déjà sorti plus de 400 tonnes de gravats. » Il va bientôt entamer la plus grosse partie du chantier : la toiture, la façade, les murs, les faux plafonds… Il devra également créer une nouvelle dalle et un mur de séparation entre les deux salles. « Vu de l’extérieur, cela peut paraître surréaliste voire infaisable. Mais en réalité, ce n’est pas si dur que ça », glisse-t-il en souriant.

Jérémie Wagner travaille très dur pour redonner vie au cinéma Vauban. Tous les soirs lorsqu’il quitte le bureau, il ne rentre pas chez lui pour retrouver sa famille. Il se rend sur le chantier et y reste « jusqu’à 23 h ». Tous ses week-ends et ses vacances sont également consacrés à cet incroyable projet repéré par France 3 Grand Est . « Ce ne sont pas des sacrifices puisque je vis mon rêve d’enfant, je m’éclate », nous confie-t-il.

Les habitants lui apportent des gâteaux

Si tout se passe bien, le cinéma de Bitche devrait rouvrir ses portes en décembre 2025. « Le timing est un peu serré mais je suis confiant. J’espère pouvoir l’inaugurer avec la sortie d’Avatar 3 », annonce le propriétaire. Il ambitionne d’attirer chaque année jusqu’à 40 000 cinéphiles dans cet établissement qui sera géré par son épouse. « Il sera accessible à tous, assure-t-il. Le prix des billets sera compris entre 8 et 8,50 €. »

Tous les habitants de la commune sont impatients de pouvoir s’installer à nouveau dans les fauteuils rouges avec du pop-corn. « Certains ont été très touchés par le projet. Une dame de 80 ans avait même les larmes aux yeux car elle y a passé toute son enfance. Elle était très émue à l’idée de pouvoir y retourner. » S’ils ne participent pas au chantier, les riverains contribuent à leur façon. « Ils passent parfois pour me déposer à boire ou des gâteaux. Cela fait chaud au cœur d’être aussi soutenu », reconnaît-il.