Niveau inquiétant au Capes de maths: "Les conditions de ce métier deviennent dramatiques"
Le niveau des épreuves du Capes de mathématiques, de mars 2024, a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux de la part de professeurs pointant du doigt la facilité du concours. En cause, l’attractivité du métier selon “Les Grandes Gueules”.
Des épreuves “de niveau lycée”, “faciles”, “basiques”… Les réactions d’enseignants ont été nombreuses, sur les réseaux sociaux, après la publication des sujets du Capes de mathématiques 2024, qui avait lieu en mars.
Sur le plateau des Grandes Gueules, ce jeudi sur RMC et RMC Story, Barbara Lefebvre, professeure d’histoire-géographie, a pointé du doigt les conditions de travail des enseignants. “Il y a des gens qui nous ont accusés de parler trop en mal de l’école et de ne pas rendre le métier attractif. C’est ce que nous reproche l’institution. Sauf qu’il ne faut pas mentir aux gens, aux parents, aux élèves. Il ne faut pas non plus mentir aux futurs profs, leur dire ‘venez vers le plus beau métier du monde’. C’est un métier absolument fabuleux mais avec les conditions dans lesquelles on travaille, le mépris à la fois de la société et de notre institution, ne nous étonnons pas que le niveau des concours soit obligé de baisser pour recruter.”
Des étudiants (photo d’illustration)
Barbara Lefebvre a également rappelé que “dans les académies les plus gourmandes en enseignants, c’est-à-dire Créteil ou Versailles, on peut, certaines années, être sur du 4/20 de niveau d’admission”.
L’intérêt de devenir prof de maths “se dissipe”
À ses côtés, Frédéric Farah, professeur d’économie, s’interroge sur l’intérêt de devenir professeur de mathématiques: “C’est évident qu’aujourd’hui, cet intérêt se dissipe de plus en plus”.
“Les conditions de ce métier deviennent dramatiques. La politique, même du gouvernement, pour revaloriser, ça ne marche pas. Donc aujourd’hui, beaucoup de gens se posent la question”, ajoute-il.
Le chroniqueur des Grandes Gueules cible également la méfiance dont sont victimes les enseignants: “La société regarde les professeurs avec un angle critique. On a les parents sur le dos qui sont absolument trop présents et étouffants par certains côtés”.
D’autres filières également concernées
Étudiante en lettres dans le Var, Mélissa observe “la même chose”. “J’ai passé mon bac en 2012, j’ai repris mes études cette année et j’ai vu le niveau”, explique-t-elle.
“Moi qui étais une étudiante moyenne-plus il y a dix ans, là, je me retrouve avec 18 de moyenne avec des copains, en master de lettres, qui ne font pas la différence entre un dialogue et un monologue. Ce n’est pas possible quoi”, se désole l’étudiante.
Cette dernière pointe la responsabilité du Covid avec des diplômes du bac donnés “plus facilement” et “la complaisance des professeurs”. “Quand je vois des copains qui ne font pas cette différence, et que le prof leur met 11/20 à l’oral… Mon prof, en 2012, m’aurait mis 2”, raconte Mélissa qui conclut, d’un air désespéré, que “tout le monde a baissé les bras, les étudiants et les enseignants”.