Nicolas Dupont-Aignan lance une pétition pour un référendum sur l’immigration

Deux jours après l’attaque d’Annecy, alors que l’émotion est encore partout, l’ex-candidat à la présidentielle lance une pétition en ligne pour réclamer un référendum d’initiative partagée (RIP) sur l’immigration. Nicolas Dupont-Aignan assume de rompre le temps du recueillement. Interview.

“Hier matin (vendredi 9 juin), j’ai approuvé la venue du président à Annecy, mais à aucun moment, il n’a dit ‘’Plus jamais’’ !” déplore Nicolas Dupont-Aignan.

L’ancien candidat à la présidentielle (2,1 % en 2022) propose un référendum d’initiative partagée (RIP) « pour exiger un référendum d’initiative partagée sur l’immigration » et fait quatre propositions, dont certaines sont aussi avancées par Les Républicains, comme la primauté du droit français sur le droit européen. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) propose également le rétablissement des frontières nationales et la sortie de l’espace Schengen ;  la révision complète du droit d’asile, la suppression de l’aide au développement et l’octroi de visas aux pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants expulsés de France.

Paris Match. « Sous prétexte de recueillement, tout est fait pour nous endormir et éviter de poser les questions fondamentales » dites-vous dans la pétition. Le gouvernement se servirait de l’émotion pour mettre la poussière sous le tapis ?Nicolas Dupont-Aignan. Oui, complètement. Ce temps de l’émotion est nécessaire, mais pendant, on n’a pas le droit de poser des questions, et après c’est trop tard. Depuis dix ans, rien n’est remis en cause, il n’y a que les Français qui peuvent changer les choses. Jeudi, j’étais abasourdi, comme tous les Français, mais hier (vendredi 9 juin), ce qui m’a frappé, c’est cette manière de nous endormir, qui fait que si l’on pose des questions on est soit fasciste, soit d’extrême droite. On ne traite pas de la question des frontières nationales. J’aimerais que le temps de l’émotion soit suivi par un temps de l’explication. Je suis un être humain, comme les autres, je n’ai pas envie de parler de ça tout de suite. Hier soir, j’ai écrit ce texte, c’est sorti tout seul, j’assume à 100 %…

Vous parlez d’un « assassin étranger », mais l’assaillant présumé, un Syrien de 32 ans, n’avait jamais commis de crime et était sur le territoire légalement… Vous voulez enfermer tous les demandeurs d’asile ? Oui… Enfin non, ça dépend lesquels. Il n’aurait pas dû être là ! Il était là légalement, oui et non, Le Figaro nous apprend que la dérogation dont il bénéficiait pour l’étude de son droit d’asile devait durer trois mois, or ça faisait huit mois qu’il était là. La plupart des attaques de ce type sont commises par des étrangers sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), je vous enverrai les chiffres…

Il faut sortir de l’espace Schengen. Ça ne réduira pas tous les problèmes mais réduira les risques.

Nicolas Dupont-Aignan

Mais pour Annecy, il n’était pas sous le coup d’une OQTF non réalisée…

Non, mais c’était un étranger demandeur d’asile dans un pays qui n’avait pas à être là. Moi je ne dis pas ‘’Faut revoir Schengen’’, comme les autres, je propose des solutions. Il faut dire la vérité aux Français et rétablir les frontières nationales ; gérer les demandes d’asiles au niveau national, et tout demandeur d’asile doit se trouver dans un centre de rétention le temps d’étudier sa demande.

Ce qui revient à les enfermer tous…

À les mettre dans un centre de rétention le temps qu’on traite la demande mais pour ça il faut sortir de l’espace Schengen. Ça ne réduira pas tous les problèmes mais réduira les risques.

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Vous faites ces propositions et lancez une pétition deux jours après ce drame. N’est-ce pas une forme de récupération politique ?

Ce procès-là est insupportable. Ce serait la première fois que ce type de fait arrive, ou la deuxième, mais là ça n’est pas le cas ! Le pouvoir décisionnaire refuse de changer un système qu’il a lui-même créé. Hier matin (vendredi 9 juin), j’ai approuvé la visite du président à Annecy, mais à aucun moment, il n’a dit ‘Plus jamais’ !

Pourquoi une pétition ?

Car comme je l’écris dans le texte, le poisson pourrit par la tête… Si les Français ne se réveillent pas, il ne se passera rien. Mes chers concitoyens que j’aime, si vous ne réagissez pas, vous êtes cuits !

Je n’agis pas sous le coup de l’émotion, mais on nous refait le coup de l’édredon pour cacher les choses.

Nicolas Dupont-Aignan

Les Républicains ont fait des propositions sur l’immigration, avant le drame d’Annecy, qui pour deux d’entre elles, sont les mêmes que les vôtres. Pourquoi ne les soutenez-vous pas ?

Ce sont les mêmes oui et non. Car eux n’iront pas jusqu’au bout sur les traités européens, ils garderont le même système. Ils le disent mais ne le feront pas au pouvoir.

Si tôt après un drame qui a ému tout le monde, peut-on réfléchir et proposer des solutions de manière sereine et cohérente ?

Je n’agis pas sous le coup de l’émotion, mais on nous refait le coup de l’édredon pour cacher les choses. Si des gens raisonnables comme moi ne s’emparent pas du problème, les gens déraisonnables le feront. Les Français se feront justice eux-mêmes, on le voit avec les manifs musclées de gens peu recommandables en ce moment (les rassemblements de l’ultradroite, NDLR), ça, ça m’inquiète.

L’assaillant semble être un chrétien d’Orient, communauté que vous avez toujours soutenue. N’y a-t-il pas un décalage entre ce que vous réclamez dans la pétition et la réalité de cette attaque atroce ?

Apparemment, il était Chrétien. J’attends d’en savoir plus. Mais qu’il soit de n’importe quelle religion, ça n’altère en rien l’abomination de l’acte. Je n’ai jamais dit que tous les musulmans étaient des terroristes par exemple, je n’ai jamais fait d’amalgame.

Vous en faites un entre ces attaques liées selon vous systématiquement à des étrangers.

Quand on regarde les attaques depuis dix ans, la plupart des auteurs étaient des étrangers, je n’ai plus les chiffres, mais c’est impressionnant ! C’est toujours, ‘il y a eu un dysfonctionnement de la préfecture’. Je dis que si l’on avait rétabli les frontières nationales, peut-être qu’on aurait évité qu’il soit là, pas sûr, mais c’est l’objectif.

Note de la rédaction. La réalité des faits sur les auteurs d’attaques en France est beaucoup plus contrastée. La proportion de ressortissants étrangers à l’origine des dix attaques graves ou attentats perpétrés ces quatre dernières années est équivalente à celle des Français. Plus précisément, le journal Le Monde, qui s’est basé sur un document interne des services anti-terrotistes, avait radiographié les 73 attentats projetés entre 2013 et mars 2018 (dont 11 ont abouti), et comptabilisé 147 auteurs, dont 124 étaient de nationalité française.