Manque d'écoute, responsabilités amputées : la moitié des mères cadres jugent le retour de congé maternité difficile

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Après les annonces d’Emmanuel Macron du 16 janvier dernier, incitant les femmes à enfanter afin de lutter contre le “fléau” de la baisse de la natalité et le vieillissement de la population, nombreux.ses sont les voix à s’être levées pour privilégier plutôt une amélioration de leur (ré)insertion sur le marché du travail, notamment après un congé maternité.

Et une nouvelle étude de l’APEC vient confirmer cette idée : selon les chiffres publiés le 8 février 2024, le congé maternité complexifie la carrière d’une majorité de femmes, à l’image des femmes cadres.

D’après l’étude, “le retour de congé maternité est considéré comme difficile par près de la moitié des mères cadres l’ayant vécu dans les dix dernières années”.

Grossesse et travail : une “mauvaise nouvelle” à annoncer

Congé maternité et retour au travail des femmes ne font pas bon ménage en France. C’est ce que vient de révéler une étude de l’APEC. De l’annonce de la grossesse en passant par le retour à l’emploi, les femmes voient leur expérience professionnelle complexifiée par la maternité.

En effet, lorsqu’elles apprennent qu’elles sont enceintes, “beaucoup de futures mères cadres ont la sensation d’une mauvaise nouvelle à annoncer” à l’employeur, ressentant “un sentiment de trahison vis-à-vis de leur entreprise”, explique l’étude.

Car du côté des mères ou de l’employeur, le congé maternité est réduit à “une absence pénalisante, un problème à régler”. Ainsi, nombreuses sont les femmes interrogées à être restées connectées pendant leur congé : alors qu’il est difficile pour certaines de “lâcher” leur travail le temps de leur grossesse, cette impossible déconnexion est vécue par certaines comme “un abus ou une intrusion”.

Et pour ne rien arranger, le retour à l’emploi est appréhendé par une majorité de mères cadres, étiqueté comme un mauvais moment à passer.

Le retour à l’emploi : une expérience douloureuse pour les mères cadres

Et c’est sur ce point que s’est concentré le rapport, le difficile retour des femmes à l’emploi après un congé maternité : “71 % des femmes cadres ayant vécu un retour de congé maternité dans les dix dernières années parlent de la difficulté à faire face à leur charge de travail malgré la fatigue”.

Les nouvelles mères évoquent “le défi consistant à être aussi efficaces (60 %) et engagées (56 %) qu’avant”. Et 44% d’entre elles peinent à retrouver leur place à leur ancien poste, avec une impression de devoir “payer” le fait d’avoir été absente.

En effet, environ 1 femme sur 5 a constaté que leur sont confiées des missions moins intéressantes depuis leur retour, ou une “diminution” dans leur responsabilité. Des conditions de travail complexifiées après une naissance, dégradées encore plus par un climat délétère pour les mères : 28% des femmes cadres ont dû faire face à des discriminations et à des remarques sexistes liées à la maternité, venant de l’entourage professionnel.

Et 32% des femmes cadres avouent que l’écoute et le soutien de leur manager se sont dégradés à leur retour de congé maternité.

“Le congé maternité ralentit la progression hiérarchique des femmes pendant plusieurs années”

Alors qu’il incombe à l’employeur d’anticiper le retour des femmes après un congé maternité, une majorité d’entreprises ne mettent en place aucune disposition pour ces dernières. Plus de 7 femmes cadres sur 10 ayant pris un congé maternité dans les dix dernières années considèrent que les entreprises ne s’impliquent pas suffisamment pour favoriser le retour des femmes au travail. La raison : une “impréparation” de leur reprise, qui “se traduit notamment par des oublis, des négligences délibérées, ou non”.

S’ajoute un manque de reconnaissance du nouveau statut de mère. “La mise en doute de la capacité de travail se manifeste alors par des pratiques de surveillance accrue, des pertes de flexibilité horaire, une demande de présentéisme, une infantilisation”. Outre les remarques déplacées liées à l’allaitement, l’entourage professionnel peut s’avérer jugeant : “si elle travaille beaucoup, on peut lui reprocher d’être une ‘mauvaise’ mère, si elle s’occupe de son enfant, de ne pas être une bonne professionnelle”, relate l’étude.

Des conditions de travail dégradées pour les femmes qui ne s’arrêtent pas à la naissance. Leur parcours professionnel entier est complexifié : “une grande majorité de cadres en général (69 %) et de mères cadres en particulier (74 %) considèrent que le congé maternité ralentit la progression hiérarchique des femmes pendant plusieurs années”, conclut cette nouvelle étude l’APEC.

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