Camille Dezecache, productrice de légumes bio, navigue dans ses champsinondés du Pas-de-Calais.
Alors que le Pas-de-Calais subit un nouvel épisode d’inondations, les agriculteurs estiment que les aides promises par le gouvernement ne suffiront pas.
«Â Il ne faudrait pas que ça se reproduise », souffle Mathieu Morel, maraîcher près de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Depuis le début des inondations, en novembre dernier, il estime avoir perdu entre trois et quatre hectares de céleri-rave et de carottes. Montant des dégâts : environ 120 000 €. « Il y aura aussi des effets sur la qualité du sol, avec des surcoûts de préparation et de fertilisation pour la prochaine saison », prévoit le producteur.
Le guichet d’aide d’urgence ouvert par la préfecture du Pas-de-Calais ne lui accordera cependant pas plus de 20 000 €. Car ces soutiens à la trésorerie sont soumis aux plafonds dits « de minimis ». Des montants définis au niveau européen pour éviter de trop avantager les agriculteurs français par rapport à leurs homologues des autres pays.
«Ã‚ Inondés au pire moment »
À Balinghem, l’eau qui a submergé pendant 35 jours les 7 000 m2 de légumes bio de Camille et Constanza Dezecache a entraîné 50 000 € de dégâts sur le matériel et les cultures. « Nous avons été inondés au pire moment », déplore Camille. Ces jeunes installés, qui bénéficient déjà d’aides comptabilisées dans les plafonds européens, ne toucheront pourtant pas les aides d’urgence.
Ils en ont tiré les conséquences, en lançant une cagnotte en ligne qui leur a déjà permis de collecter 11 000 €. Mais le couple, qui avait déjà subi la tempête Eunice en 2022, cherche des solutions financières plus durables. « Peut-être que nous prendrons un mi-temps à l’extérieur de la ferme », confie Constanza.
Déjà 140 dossiers de sinistres
«Â Certains agriculteurs en sont à leur septième épisode d’inondations. Ils ont subi des destructions de production ou de matériel, mais aussi les effets secondaires comme le ralentissement de la production de lait. On observe même des remontées de nappes dans certains champs épargnés par les inondations », liste Lucie Delbarre, présidente de FDSEA 62.
En tout, les dégâts pourraient s’élever selon son syndicat à plus de 50 M€ dans le département. Groupama, l’un des plus gros assureurs du monde agricole indique de son côté avoir déjà reçu 140 dossiers de sinistres, « pour un coût estimé à plus de 1,5 million d’euros ».
La FNSEA veut poursuivre la discussion
En novembre 2023, le ministre de l’agriculture avait annoncé 20 M€ d’aides d’urgence à la trésorerie pour les trois régions sinistrées par les tempêtes de fin d’année. Si 15 M€ ont été fléchés vers les Hauts-de-France, l’enveloppe reste loin des estimations des producteurs.
«Â Les discussions vont se poursuivre avec le gouvernement. Notre objectif c’est qu’il n’y ait pas une seule entreprise qui ferme ses portes », a promis Arnaud Rousseau, président de la FNSEA lors des vÅ“ux à la presse le 10 janvier. « Les tempêtes Eunice et Franklin en 2022 ont déjà entraîné des liquidations, mais il est souvent difficile pour les exploitants d’en parler », remarque Céline Regulski, animatrice au sein des Amap Hauts-de-France, en charge du dossier pour plusieurs organisations.
L’État n’est pas le seul à pouvoir aider les producteurs. Les communautés de communes et la région ont déjà annoncé des soutiens aux trésoreries ou aux investissements. La MSA, sécurité sociale des agriculteurs, accepte aussi les reports de cotisations. Et près de la moitié des agriculteurs ayant déposé des dossiers auprès de Groupama ont déjà été partiellement indemnisés.
«Â Le problème, c’est que les contrats d’assurance ne sont pas adaptés aux besoins des maraîchers », regrette Lucie Delbarre. « Aides européennes, assurances : tout est fait pour les grandes cultures, et c’est pour cela que le maraîchage est en difficulté », abonde Camile Dezecache.
News Related-
Foot: Cristiano Ronaldo la joue fair-play en Ligue des champions asiatique
-
A Panmunjom, des soldats nord-coréens munis d'un pistolet après l'annulation de l'accord militaire intercoréen
-
Assurance chômage: les partenaires sociaux ont six mois pour renégocier, notamment sur les seniors
-
«Je ne regardais les réseaux sociaux que 15 minutes par jour»: la méthode d’Ulysse, major à HEC
-
Décarbonation, souveraineté, compétitivité... Macron attendu aux assises de l'économie de la mer à Nantes
-
Sam Bennett, un sprinteur à relancer pour Decathlon-AG2R La Mondiale
-
Burkina Faso: une attaque terroriste d'ampleur vise la ville de Djibo, dans le Sahel
-
VIDÉO. Fair-play, Cristiano Ronaldo obtient un penalty avec Al-Nassr et le fait annuler
-
EXCLU EUROPE 1 - Vieillir à domicile, un luxe de plus en plus coûteux
-
Guerre en Ukraine : quel est le rapport de force avant l’hiver ?
-
Pollution : Pourquoi la qualité de l’air n’est-elle jamais « bonne » en Bretagne ?
-
Ligue des champions. Le PSG qualifié pour les huitièmes de finale de C1 si…
-
Les trois meilleurs sacs banane en 2023
-
Assurance chômage : comment l’État met la pression sur les partenaires sociaux