Des dizaines de milliers de personnes manifestaient dimanche en Allemagne contre le parti d’extrême droite AfD et son idéologie radicale, qui suscite depuis une semaine une mobilisation d’une rare ampleur. Ici, à Berlin, dimanche 21 janvier 2024.
Des dizaines de milliers de personnes manifestaient dimanche en Allemagne contre le parti d’extrême droite AfD et son idéologie radicale, qui suscite depuis une semaine une mobilisation d’une rare ampleur. L’afflux a été tel à Munich que la marche prévue dans les rues de la capitale bavaroise a dû être interrompue.
En Allemagne, des dizaines de milliers de personnes sont descendues ce dimanche 21 janvier 2024 dans les rues pour manifester contre l’extrême droite, notamment après la révélation qui a secoué le pays le 10 janvier dernier.
Le média d’investigation allemand Correctiv a mis au jour une réunion d’extrémistes à Potsdam, où, en novembre, un projet d’expulsion massive de personnes d’origine étrangère a été discuté. Parmi les participants se trouvaient une figure de la mouvance identitaire radicale, l’Autrichien Martin Sellner, et des membres de l’AfD.
Les participants à la manifestation ont allumé la lumière de leur téléphone lors d’un rassemblement contre le racisme et l’extrême droite, devant le bâtiment du Reichstag à Berlin, le 21 janvier 2024.
La manifestation de Munich interrompue
L’afflux a été tel à Munich (sud) que la marche prévue dans les rues de la capitale bavaroise a dû être interrompue. Les organisateurs ont déclaré que 50 000 personnes se sont mobilisées, soit deux fois plus que le nombre d’inscrits.
D’autres estimations font état d’un chiffre plus élevé, jusqu’à 200 000 personnes. La police a pour sa part estimé la foule à 100 000 personnes, selon le quotidien Sueddeutsche Zeitung .
Dans les cortèges, certains brandissaient des pancartes « Les nazis dehors » ou encore « Plus jamais ça, c’est maintenant ».
Quelque 250 000 personnes s’étaient déjà rassemblées samedi à travers le pays dans des dizaines de villes, selon des estimations de la chaîne ARD. À Francfort, centre de la finance allemande, 35 000 personnes ont défilé pour « défendre la démocratie ».
Lire aussi : Après la révélation qui a secoué l’Allemagne, 250 000 personnes manifestent contre l’extrême droite
L’Allemagne sous le choc
Des appels à se rassembler dimanche ont été lancés dans une quarantaine de villes comme Berlin, Munich ou Bonn mais aussi dans des localités plus modestes. À Dresde, capitale du Land de Saxe, un bastion du parti anti-migrants et anti-système Alternative pour l’Allemagne (AfD), une manifestation est aussi organisée.
À Cologne, les organisateurs ont estimé la foule à 70 000 personnes dimanche, tandis qu’à Brême, la police locale a dénombré 45 000 manifestants dans le centre.
La mobilisation témoigne du choc provoqué par la révélation de la réunion d’extrémistes à Potsdam, près de Berlin. La ministre de l’Intérieur Nancy Faeser est allée jusqu’à estimer dans la presse que cette réunion rappelait « l’horrible conférence de Wannsee », où les nazis planifièrent en 1942 l’extermination des Juifs européens.
Parmi les participants se trouvaient une figure de la mouvance identitaire radicale, l’Autrichien Martin Sellner, et des membres de l’AfD.
Martin Sellner y a présenté un projet pour renvoyer vers l’Afrique du Nord jusqu’à deux millions de personnes – demandeurs d’asile, étrangers et citoyens allemands qui ne seraient pas assimilés -, affirme Correctiv.
Cette révélation a secoué l’Allemagne alors que l’AfD ne cesse de progresser dans les sondages, à quelques mois de trois importantes élections régionales dans l’est du pays où les intentions de vote pour le parti d’extrême droite sont encore plus élevées que dans le reste du pays.
Foot et église mobilisés
Le mouvement anti-immigration a confirmé la présence de ses membres à la réunion, mais nié adhérer au projet de « remigration » porté par Martin Sellner.
Nombre de dirigeants politiques, dont le chancelier social-démocrate Olaf Scholz, qui a participé à une manifestation le week-end dernier, ont souligné que tout plan visant à expulser des personnes d’origine étrangère était une attaque contre la démocratie.
Olaf Scholz a appelé « chacun à prendre position – pour la cohésion, pour la tolérance, pour notre Allemagne démocratique ».
«Â La République se lève », a commenté l’hebdomadaire Spiegel sur son site internet après les rassemblements de samedi. Les manifestations anti-AfD ont pris un rythme quotidien depuis une semaine. De vendredi à dimanche, une centaine de rassemblements étaient prévus.
Des responsables politiques, des représentants religieux et des entraîneurs de la Bundesliga, le championnat de football allemand, ont appelé la population à se mobiliser contre ce parti, actuellement au plus haut dans les intentions de vote.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a jugé dimanche que les manifestants « nous donnent du courage à tous ». « Ils défendent notre république et notre constitution contre leurs ennemis », a-t-il lancé dans un message vidéo.
Poussée de l’extrême droite
L’AfD a profité ces derniers mois du sentiment d’insatisfaction de la population résultant d’un nouvel afflux de migrants dans le pays et des querelles permanentes entre les trois partis de la coalition gouvernementale, dans un contexte de récession économique et d’inflation élevée.
La formation d’extrême droite, entrée au Parlement en 2017, s’est solidement installée en deuxième position dans les intentions de votes (autour de 22 %) derrière les conservateurs alors que la coalition gouvernementale d’Olaf Scholz avec les écologistes et les libéraux fait face à une impopularité record.
Dans ses bastions de l’ex-RDA, l’AfD arrive même en tête des enquêtes d’opinion avec plus de 30 %.
À six mois des élections européennes, plusieurs pays de l’UE sont confrontés à une poussée de l’extrême droite qui pourrait bouleverser les grands équilibres du Parlement européen.
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