A Khan Younès, une femme pleure la mort de son fils, tué dans un raid israélien. REUTERS/Arafat Barbakh
Une fois de plus, l’armée israélienne a bombardé intensément vendredi la bande de Gaza tuant près de 80 Palestiniens, selon le Hamas qui dirige l’enclave depuis 2007. Les soldats de Tsahal continuent de livrer des combats acharnés au mouvement islamiste dans la ville de Khan Younès, épicentre de la bataille depuis début décembre.
Au quatrième mois de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, les risques d’un débordement du conflit augmentent avec des échanges de tirs quotidiens à la frontière israélo-libanaise, la multiplication des attaques des rebelles yéménites Houthis en mer Rouge et l’intensification des frappes américaines au Yémen.
Aux premières heures de vendredi, des témoins ont fait état de tirs nourris et de frappes aériennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza où se cachent selon Israël de nombreux membres de la direction de ce groupe considéré comme terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.
Plus de 24 7620 morts à Gaza
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 77 Palestiniens ont péri vendredi dans les frappes israéliennes, y compris à Khan Younès. Depuis octobre, 24 762 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tuées et 62 108 blessées dans les opérations israéliennes, d’après le bilan réactualise ce vendredi par le ministère.
Tsahal a fait état de combats et bombardements dans le nord de Gaza, où « plusieurs terroristes ont été tués ». Des attaques seraient menées par des groupes isolés du Hamas, selon l’armée israélienne, alors que la population gazouie s’entasse dans le sud de l’enclave, notamment à Rafah à la frontière égyptienne.
Un « responsable de la propagande du Djihad islamique » tué
L’armée israélienne a annoncé la mort jeudi de Waël Abou Fanounah, présenté comme un « responsable de la propagande du Djihad islamique », autre groupe armé à Gaza impliqué dans les combats. Ce Palestinien, qui état chargé « de la distribution de la documentation sur les otages israéliens », a été « éliminé lors d’une frappe aérienne précise », selon un communiqué militaire.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël qui a tué 1 140 personnes, en majorité des civils. Selon Israël, 132 personnes enlevées à Gaza ce jour-là restent détenues dont 27 seraient mortes.
Ce vendredi la diplomatie russe a appelé le Hamas, lors de pourparlers à Moscou, à libérer tous ses otages, tout en jugeant que la crise humanitaire à Gaza, cible de bombardements israéliens massifs, était d’une « ampleur catastrophique ».
Les bombardements ont rasé des quartiers entiers, provoqué une crise humanitaire majeure et mis hors service une grande partie des hôpitaux dans le territoire palestinien, auquel Israël impose un siège total depuis le 9 octobre après un blocus terrestre, aérien et maritime datant de 2007.
« La plus longue » coupure de l’internet depuis le début de la guerre
Le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déploré des « conditions de vie inhumaines » à Gaza, où par ailleurs la coupure des communications et de l’internet persiste depuis une semaine. C’est « la plus longue » coupure « quasi totale » depuis le début de la guerre, indique vendredi NetBlocks, organisme de surveillance du réseau de télécommunications dans le monde.
Les mesures de NetBlocks montrent que le territoire palestinien est confronté à « une coupure quasi totale des télécommunications depuis 168 heures », indique l’organisme sur le réseau social X (ex-Twitter). Cette perturbation « continue de gravement limiter la visibilité de ce qui se passe sur le terrain ».
Des Gazaouis détenus soumis à de mauvais traitements, selon l’ONU
Des milliers d’hommes ont été arrêtés par les forces israéliennes dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas et souvent soumis à de mauvais traitements qui pourraient s’apparenter à de la torture, a affirmé l’ONU vendredi.
Certains des prisonniers ont affirmé avoir eu les yeux bandés, avoir été battus et finalement libérés avec uniquement des couches, a déclaré le représentant du Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés, Ajit Sunghay lors du briefing régulier de l’ONU à Genève. L’armée israélienne a réitéré à l’AFP que « les personnes détenues sont traitées conformément au droit international. »
Les ministres israélien et palestinien des Affaires étrangères à Bruxelles
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE rencontreront lundi, séparément, leurs homologues d’Israël et de l’Autorité palestinienne à Bruxelles, selon l’AFP. Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz sera reçu lundi matin, puis ce sera le tour du chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Maliki dans l’après-midi. Une rencontre entre les deux hommes n’est pas prévue, à ce stade. Les 27 veulent entendre les deux hommes sur les moyens de mettre un terme à la violence à Gaza.
D’autres ministres de la région sont attendus à Bruxelles. Les ministres égyptien Sameh Choukry, saoudien Fayçal ben Farhane et jordanien Ayman Safadi, ainsi que le secrétaire-général de la Ligue Arabe Ahmed Aboul Gheit, auront un déjeuner de travail avec leurs homologues européens. L’Union européenne s’est prononcée à maintes reprises, à l’instar des Etats-Unis, en faveur d’une solution à deux Etats, pour stabiliser la région et ramener la paix.
Netanyahou inflexible
Face aux appels à une trêve humanitaire, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou reste inflexible et veut poursuivre la guerre jusqu’à notamment « l’élimination des chefs terroristes » et « le retour de nos otages à la maison ».
Il a aussi dit jeudi qu’ « Israël doit avoir le contrôle sécuritaire de tout le territoire à l’ouest du Jourdain », ce qui englobe le territoire israélien, la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et Gaza dont Israël s’était retiré unilatéralement en 2005 après 38 ans d’occupation. Une déclaration en porte-à-faux avec son allié américain.
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