JO 2024 : Neisser Loyola, le goût d’épée
Il s’en est fallu d’un rien, il y a trois semaines d’ici, à Tbilissi. Malgré sa deuxième place lors de la manche de Coupe du monde d’escrime de Tbilissi, où il n’avait été battu qu’en finale par le Français Romain Cannone, le champion olympique en titre à l’épée, Neisser Loyola risquait de louper sur le fil sa qualification pour les Jeux de Paris. Jusqu’à ce que, le lendemain, la République tchèque de Jiri Beran, son principal concurrent dans la course aux JO, se qualifie pour la finale par équipes et lui libère ainsi sa place individuelle, à son grand soulagement et celui de son père et entraîneur, Nelson.
«Â Nous avions tous les deux confiance avant ce tournoi, parce que j’étais dans une bonne dynamique depuis le début de la campagne de qualification, il y a un an », explique le néo-olympien. « Mais cela devenait de plus en plus dur au fil des semaines. J’étais à la fois loin et pas loin de cette qualification. Heureusement, la chance m’a souri. »
Pour lui, à 25 ans, c’est l’aboutissement d’un long chemin entamé dès sa plus tendre enfance à Cienfuegos, à Cuba, à trois heures de routes – « à cause de leur état… » – de La Havane. C’est là, où il dit avoir passé quelques-uns des « plus beaux moments de (ma) vie » et où il retourne annuellement – « sauf l’an dernier, et ça m’a manqué » – pour aller embrasser ses grands-parents, qu’il a découvert l’escrime, sport que pratiquaient son père, médaillé de bronze par équipes en épée aux JO de Sydney 2000, et ses oncles.
Tout sauf le violon
«Â Ma mère aurait préféré que je fasse du violon », s’amuse-t-il. « Mais je suis tombé sur une professeure russe qui me criait constamment dessus et me frappait quand je me trompais. Alors, j’ai vite opté pour l’escrime. Je me souviens qu’au début, je reliais deux morceaux d’antennes de télévision pour fabriquer une épée ! »
Assis dans la salle à manger de son domicile d’Ethe, à côté de Virton, Neisser Loyola a les yeux qui pétillent quand il évoque ce temps d’avant où rien n’était simple à cause de l’embargo US mais où « on ne se plaignait jamais parce qu’on ne connaissait rien d’autre ». « Les pistes d’entraînement étaient parsemées de trous et on rafistolait les épées – enfin la seule épée que j’avais… – avec du sparadrap. Je dis toujours que ces conditions difficiles m’ont donné la force qui me sert encore aujourd’hui pour performer. »
C’est en 2014, dans le cadre d’un regroupement familial, qu’il a débarqué en Belgique, où son père avait ouvert la voie, quatre ans plus tôt, en décrochant un poste d’entraîneur à la Ligue francophone au centre de Jambes. « A part Stromae et… Bruges, je ne connaissais pas grand-chose de la Belgique… Mais quand je suis arrivé à Namur, à quinze ans, avec mon frère volleyeur, je me suis vite adapté. Après avoir suivi des cours de français, j’ai intégré l’Athénée royal de Jambes et le sport-études. A l’époque, j’avais déjà décroché trois titres cadets dans mon pays d’origine, mais je n’avais pas encore pris part à des compétitions sous le drapeau cubain. C’est ce qui m’a permis d’obtenir ma naturalisation en 2018, même si, pour cela, j’ai encore dû attendre avant d’intégrer le circuit international. »
Je sais que mon père veut le meilleur pour moi, mais nous sommes tous les deux très têtus et au début de notre relation coach/athlète, cela n’a pas toujours été facileNeisser Loyola, épéiste
Comme son père, Neisser Loyola a privilégié l’épée, plutôt que le fleuret ou le sabre. La spécificité de cette arme, la plus pratiquée dans le monde, est qu’elle est la seule qui permet de marquer des points quand on touche de la pointe n’importe quelle partie du corps, de la tête aux pieds, avec une pression minimale de 750 grammes. « Mon père a commencé à me parler de son exploit des JO de Sydney quand je me suis mis à faire des résultats », explique-t-il. « J’ai également vu les images vidéo de la conquête de sa médaille de bronze par équipes. Cela m’a fait quelque chose… même si je lui ai dit que c’était plus dur de se qualifier pour les Jeux individuellement, comme moi, qu’avec son pays ! »
Entre les deux hommes, les relations sont souvent caliente. « Mon père est très émotif et un peu sanguin ! », dit Neisser. « Je sais qu’il veut le meilleur pour moi mais nous sommes tous les deux très têtus et au début de notre relation coach/athlète, cela n’a pas toujours été facile. On ne parlait que d’escrime et pour ma mère, c’était très compliqué. Mais depuis qu’on a mis une préparation mentale en place, cela va mieux. On a appris à bien séparer les rôles. »
Quand, pour cause de restrictions budgétaires, le centre d’entraînement de Jambes doit fermer, la famille Loyola décide d’aller chercher son bonheur au fin fond de la province de Luxembourg, où Nelson trouve un boulot de maître d’armes au Club d’Escrime Gaumais, du côté de Virton, et se diversifie à Thionville, en France, et à Esch-sur-Alzette, au Grand-Duché, où Neisser s’entraîne désormais. « On a déménagé à Arlon », raconte Neisser. « C’est là, à l’école hôtelière où on m’avait inscrit que j’ai rencontré ma future épouse, Ksenia, une Ukrainienne, avec laquelle nous avons aujourd’hui un garçon, Taylor ! »
Aux Mondiaux du Caire, Neisser Loyola frappe fort en ne s’inclinant qu’en demi-finale, ce qui lui permet de décrocher une médaille de bronze, exploit que l’escrime belge n’avait plus connu à ce niveau depuis 1951.
Le tournoi olympique le jour de son anniversaire
C’est en 2022, après avoir loupé sa qualification pour les Jeux de Tokyo pour lesquels il n’était pas encore tout à fait prêt, que Neisser Loyola perce définitivement au sommet de l’épée mondiale. Il termine d’abord sixième lors sa première participation à un Euro, en juin, à Antalya, en étant victime de crampes aux jambes qui l’empêchent de défendre ses chances jusqu’au bout. « J’ai été surpris par la différence de température qu’il y avait entre la salle de compétition et la salle d’échauffement », affirme-t-il, en assurant qu’il se protège désormais contre ce type de désagrément. Un mois plus tard, au Caire, il frappe encore plus fort en ne s’inclinant que de justesse en demi-finale, ce qui lui permet de décrocher une médaille de bronze, exploit que l’escrime belge n’avait plus connu à ce niveau depuis 1951. Et en janvier 2023, c’est l’argent qu’il décroche lors du Grand Prix de Doha.
Des résultats qui, avec d’autres, lui ont permis d’obtenir, à partir de 2019, un statut d’athlète d’élite à la Défense. Il aime se souvenir de son instruction au 1er Lanciers, à Marche-en-Famenne, « où on a commencé à trente et on a fini à seize ! C’était dur, mais on n’était pas là pour faire de la danse ! » (sic)
Il dit n’être encore qu’au début de sa carrière, qu’il prolongera certainement de deux olympiades, celles de Los Angeles 2028 et de Brisbane 2032. Mais il a l’ambition de briller dès cet été, à Paris, « parce qu’en épée, il n’y a pas vraiment de favori. »
Pour cela, il veut améliorer son classement mondial, histoire de faire partie des têtes de série au tirage au sort. Classé actuellement numéro 17, il compte bien marquer des points précieux au Grand Prix de Cali et au Challenge Monal à Saint-Maur, en mai, et à l’Euro de Bâle, en juin, « où j’aimerais monter sur le podium ».
Ce serait la rampe de lancement idéale vers le Grand Palais, où l’escrime sera magnifiée comme jamais à Paris. Et comme le tournoi d’épée aura lieu le jour de son anniversaire…
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