Mathilde Panot et Rima Hassan convoquées pour « apologie du terrorisme » : « Nous ne nous tairons pas ! »
Tenter d’incarner un pôle de « résistance » face aux « attaques liberticides du gouvernement ». C’était le mot d’ordre du rassemblement organisé par la France insoumise avec le soutien de diverses organisations syndicales ce mardi 30 avril, porte de Clichy à Paris (XVIIe), à deux pas du tribunal, pour soutenir Rima Hassan et Mathilde Panot.
La candidate aux élections européennes et la cheffe des députés insoumis y ont pris la parole devant près de 300 élus et militants du mouvement, avant leur convocation par la police pour « apologie du terrorisme ». En cause : un communiqué polémique du groupe des députés LFI après les attaques du 7 octobre en Israël, et une interview de Rima Hassan, accordée au média Le Crayon, où elle affirme qu’il est « vrai » que le Hamas mène une action légitime.
La juriste franco palestinienne assure depuis que cet entretien a été « tronqué » et qu’elle y qualifie le Hamas de « groupe terro ». Dans un communiqué commun publié avec elle lundi soir, Le Crayon indique avoir remis « l’intégralité de cet entretien » à la candidate « afin qu’elle puisse s’en prévaloir dans le cadre exclusif des actions judiciaires qu’elle aura à mener ».
Protégée de la pluie sous un petit barnum, Mathilde Panot s’est donc lancée dans une charge contre ce qu’elle estime être des « abus de pouvoir » signe d’une « fuite en avant autoritaire ». « Dans quelle démocratie les méthodes de l’antiterrorisme sont-elles utilisées contre des militants politiques, des militants associatifs ou des syndicalistes ? », s’est-elle insurgée alors que plusieurs militants lui répondaient aux cris de « résistance ».
« Ils veulent nous faire peur mais ce sont eux qui ont peur de nous ! »
« Nous savons ce qu’ils veulent faire en nous accusant d’apologie du terrorisme. Ils veulent nous faire peur mais ce sont eux qui ont peur de nous ! Nous ne nous tairons pas ! », a-t-elle poursuivi, évoquant également les annulations des conférences de Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon ces derniers jours.
Le tribun lui a apporté son soutien en fin de matinée sur X : « En France, la présidente de groupe d’opposition Mathilde Panot n’est plus protégée par l’immunité parlementaire en vigueur depuis 1789. Une candidate est convoquée à la police pour ses idées. La démocratie française est gravement fracturée. Le monde nous regarde sidéré. »
Mathilde Panot a ensuite rendu hommage aux étudiants qui ont bloqué Sciences-po Paris, pour défendre la Palestine. Un mouvement que les Insoumis espèrent voir se propager dans le pays, au moment où ils ont placé la cause palestinienne au cœur de leur campagne électorale.
« Partout dans le monde, les peuples se soulèvent contre le génocide en cours. De l’université de Columbia (àNew York aux États-Unis), de Sciences-po jusqu’àLa Sorbonne (…) Gloire àcette jeunesse qui est plus responsable que n’importe lequel de nos gouvernements », a vanté Mathilde Panot, quand des militants dans la foule criaient « Israël assassin, Macron complice ».
Un peu plus tard, Rima Hassan a lu un court texte préparé sur son téléphone. « Aujourd’hui, règne un silence complice en France, pays des droits de l’homme, je ne veux pas me taire, je ne veux pas me résigner », a-t-elle déclaré. Avant de conclure, citant l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi : « Le monde n’a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ? »
« Plus on m’attaque, plus j’ai du soutien »
Face aux journalistes, quelques instants après, elle a affirmé qu’elle allait dénoncer face aux policiers les « lobbyistes », des « organisations qui s’affichent dans la lignée de la propagande de l’extrême droite (israélienne) (…) qui ont déposé des plaintes par dizaines ». « Les convocations judiciaires sont à l’initiative de l’Organisation juive européenne » (OJE), avait assuré la semaine dernière le coordinateur de LFI, Manuel Bompard. « À force de faire de moi une cible, ils font de moi une figure. Plus on m’attaque, plus j’ai du soutien », s’est encore targuée Rima Hassan.
« À force de faire de moi une cible, ils font de moi une figure», a lancé Rima Hassan, candidate LFI aux européennes.
Fidèles à leur précepte de « faire bloc » quand l’un des leurs est attaqué, les députés et collaborateurs parlementaires LFI, eux, s’étaient déplacés en nombre pour soutenir les deux insoumises. L’état-major était présent, comme Manuel Bompard et la tête de liste aux élections européennes, Manon Aubry. Mais aussi les députés en froid avec la direction du mouvement, Clémentine Autain, François Ruffin et Alexis Corbière. La députée écologiste Sandrine Rousseau et la sénatrice EELV Raymonde Poncet Monge avaient également répondu présentes, tout comme Olivier Besancenot (NPA).