Une bananeraie en Guadeloupe.
Le 29 février 2024, l’Assemblée nationale se penchera sur une proposition de loi pour faire reconnaître la responsabilité de l’État et indemniser les victimes du chlordécone. Cet insecticide toxique a été utilisé dans les bananeraies des Antilles, au-delà de la date d’interdiction. À l’occasion de cette étape, Ouest-France revient sur le dossier du chlordécone dans un nouveau numéro de son édition numérique spéciale outre-mer.
Ouest-France publie ce mercredi 21 février 2024, un nouveau supplément numérique consacré aux Outre-mer (accès réservé aux abonnés). À la Une : un dossier sur le chlordécone.
Le 29 février, l’Assemblée nationale se penchera sur une proposition de loi du député guadeloupéen Élie Califer (groupe Socialistes et apparentés). Le titre du texte affiche clairement le but recherché : « reconnaître la responsabilité de l’État et indemniser les victimes du chlordécone ». Ce pesticide toxique, répandu dans les bananeraies des Antilles entre 1972 et 1993, a durablement contaminé les hommes et les sols, alors qu’il était interdit dès 1976 aux États-Unis. En France, la production a été interdite en 1991 mais « les stocks résiduels ont été utilisés aux Antilles jusqu’en 1993 », rappelait un rapport parlementaire en 20091.
Résultat, sur ce territoire : « ce pesticide est détecté chez plus de 90 % des individus », relève Santé publique France2. Mais « tout le monde n’a pas le même taux d’exposition », nuance Caroline Corlier, chargée de mission à l’Agence régionale de santé de Guadeloupe. Un indicateur est particulièrement mauvais : « Les taux d’incidence du cancer de la prostate en Guadeloupe et en Martinique se situent parmi les plus élevés au monde. » Si le rôle d’autres facteurs reste à étudier, impossible de nier aujourd’hui la responsabilité du pesticide.
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«Ã‚ Un scandale environnemental »
L’État d’ailleurs, ne conteste pas. En septembre 2018, Emmanuel Macron a déclaré : « La pollution (au) chlordécone est un scandale environnemental. Ce fut le fruit d’un aveuglement collectif. L’État doit prendre sa part de responsabilité. » Ajoutant : « Nous avancerons sur la reconnaissance de maladies professionnelles liées à l’exposition de la chlordécone pour les travailleurs des bananeraies. »
Quatre « plans chlordécone » ont été déployés par l’État pour dépister et commencer à réparer. Mais le besoin de « justice, vérité, réparation » des collectifs et associations de victimes reste insatisfait. Surtout depuis le 2 janvier 2023, date à laquelle un non-lieu a été rendu dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone. La justice a certes reconnu un « scandale sanitaire » mais a justifié sa décision « en raison de l’inadéquation de la loi pénale pour sanctionner les conséquences sur les écosystèmes de l’activité de certains acteurs économiques, à une époque où la revendication écologique était un fait minoritaire ». Un appel a été interjeté. Il est toujours en cours. La loi pourra-t-elle reconnaître et réparer à la place de la justice ? Le débat du 29 février à l’Assemblée nationale doit répondre à cette question au goût de poison.
1 « Les pesticides aux Antilles : bilan et perspectives d’évolution », par Jean-Yves le Déaut, Député de Meurthe-et-Moselle et Catherine Procaccia, Sénateur du Val-de-Marne.
2 « Chlordécone et autres pesticides : Santé publique France présente aux Antilles de nouveaux résultats », étude du 17 octobre 2018.
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